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Les 64 Yoginis

7/7/2020

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Traduit et adapté par Ishara Labyris du texte "The 64 Yoginis" écrit par Tracy van Paridon et paru sur le site mahavidya.ca
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Dans la religion hindoue, les Yoginis sont des entités féminines possédant des pouvoirs magiques (Kinsley 287). Les informations dont nous disposons au sujet des Yoginis sont peu abondantes et varient de source en source. Le consensus veut que leur culte est apparu d'abord autour du 6 au 7e siècle (Gadon 33). Le culte ne s'est pas épanoui toutefois avant le 9e siècle et demeura assez populaire jusqu'au 12e siècle. Selon Vidya Dehejia, les racines du culte des Yoginis sont extérieures aux traditions orthodoxes normales brahmaniques. Les traditions entourant les Yoginis sont tantriques de nature, et ainsi ont de fortes connexions aux traditions rurales et tribales (Donaldson 617). L'origine des Yoginis semble apparaître dans de petits villages ruraux (Dehejia 1). Ce sont des déesses de villages, grama devatas, qui veillent sur le bien-être d'un village individuel (Dehejia 1). Grâce au tantrisme, ces divinités locales ont gagné de nouvelles formes et une vitalité en tant que groupe de déesses pouvant accorder des pouvoirs magiques à leurs dévots (Dehejia 2). Ces pouvoirs incluent : anima (l'habileté de rapetisser), laghima (le pouvoir de léviter et de quitter son corps selon sa volonté), garima (le pouvoir de devenir très lourd), mahima (le pouvoir de s'élargir), istiva (le pouvoir de contrôler le corps et l'esprit de soi-même et des autres), parakamya (le pouvoir que les autres fassent selon votre volonté), vasitva (le pouvoir de contrôler les cinq éléments) et kamavasayitva (le pouvoir de réaliser tous vos désirs) (Dehejia 53). Les déesses de villages se sont transformées et ont fusionné progressivement en de puissants groupements numériques (Dehejia 1-2).  

Les groupements numériques associés aux Yoginis varient de texte en texte, mais le plus commun est soixante-quatre (Donaldson 620). Il existe très peu de références selon lesquelles une Yogini est seule (Donaldson 633). Les nombres huit, douze, seize et soixante-quatre semblent élever les Yoginis à un plus haut statut (Donaldson 633). Le nombre huit est considéré comme étant très auspicieux et possèderait un grand potentiel au sein de la religion hindoue (Dehejia 44). 

Comme le carré de huit, le soixante-quatre est extrêmement puissant et considéré comme particulièrement auspicieux dans la littérature tantrique (Donaldson 633). Quand les Yoginis sont divisées en groupes de 8, c'est habituellement pour associer chaque groupe de huit à une divinité séparée (Donaldson 634). Les groupes prennent habituellement les attributs de la divinité à laquelle ils sont associés (Donaldson 634). Bien que le groupement des Yoginis au nombre de soixante-quatre est presque uniforme dans la littérature, leurs noms, descriptions et caractéristiques ne le sont pas (Donaldson 620).  
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Le culte des Yoginis est souvent associé au sens de la peur et d'admiration, puisqu'elles sont sculptées avec des expressions démoniaques ou d'autres sombres attributs (Gadon 33). Lorsque les Yoginis sont décrites dans les textes, elles ont souvent une tête d'oiseaux comme de perroquets, de faucons, de paons, d'aigles, de pigeons et de chouettes (Kinsley 197). Elles sont aussi sculptées avec des têtes d'autres animaux comme la grenouille, l'éléphant, le chacal, la chèvre, la vache, le chat, le tigre, le cheval et le serpent (Donaldson 619). En plus de posséder des attributs des oiseaux et autres animaux, elles ont souvent des têtes décapitées dans leurs mains ou dispersées à leurs pieds (Gadon 33). Dans une des histoires tirées du Padna Purana, les Yoginis sont appelées par Shiva pour consommer les morceaux de chair de la tête d'un démon qu'a décapité Shiva (Donaldson 622-623). Cette histoire décrit comment elles se réjouissent après s'être nourries de la chair du démon et avoir bu son sang, et comment leurs corps sont énormes et leurs crocs pointus (Donaldson 623). Les Yoginis sont à l'occasion dépeintes comme ayant plusieurs bras, entre 4 et 8 (Donaldson 640).  

Il y a quatre traditions principales associées au culte des yoginis et qui se sont développées depuis leur début tribal pour finalement s'intégrer dans des croyances orthodoxes (Donaldson 618). Ces quatre traditions ont pour idée que les Yoginis sont des divinités mineures de grandes déesses. La première tradition est que les yoginis sont des aspects de Devi ou de la Grande Déesse (Donaldson 618). On dit que les Yoginis ont été formées à partir de différentes parties de Devi incluant sa voix, sa sueur, son nombril, son front, ses lèvres, ses oreilles, ses ongles d'orteils, son utérus et sa colère (Donaldson 618). La seconde tradition est l'idée que les Yoginis sont des divinités serviteures de la Grande Déesse (Donaldson 618). On croit que cette tradition s'est développée à partir d'une tradition plus ancienne de Shiva et ses serviteurs gana (Donaldson 619). La troisième tradition parle des Yoginis comme d'acolytes de la Grande Déesse : les matrikas (Donaldson 618). Cette tradition décrit les Yoginis comme nées de 8 mères et formant 8 groupes (Donaldson 622). La quatrième et dernière tradition perçoit les Yoginis comme les protectrices de la déesse des Kaulas (Donaldson 618). Grâce à l'étude minutieuse de plusieurs textes tantriques, le culte des Yoginis devint associé à une secte tantrique spécifique appelée les Kaulas (Donaldson 623).

La meilleure façon de rassembler des informations sur le culte a été d'explorer les temples des Yoginis, ses pratiques et ses caractéristiques. Chaque temple des Yoginis reflète ses traditions uniques au lieu où il se situe (Dehejia 94). Cela amène forcément plusieurs différentes interprétations du culte (Dehejia 94). Certains aspects sont partagés entre les temples. La plupart des temples des Yoginis sont situés dans un endroit éloigné. Par exemple, le temple de Ranipur-Jharial est situé à plusieurs miles de la ville la plus proche (Dehejia 103). Le temple de Hirapur est extrêmement isolé, la seule façon d'y accéder est par un petit chemin de terre (Gadon 33). Un autre trait commun de certains temples est leur forme circulaire; le temple de Ranipur-Jaharial et le temple de Hirapur ont la forme d'un cercle (Donaldson 666, 669).

Bien que cela nous informe sur ce que les érudits hindous s'entendent, il existe peu de textes définitifs contenant de l'information concrète à propos du culte ou de ces déesses (Donaldson 624). Le "Yogini namavalis (liste des noms des Yoginis) est le seul, et il n'est précédé ni suivi par des vers pour expliquer le statut ou le culte de ces déesses (Dehejia 31). Les textes tantriques et puraniques qui abordent le culte des Yoginis affirment clairement que la raison pour laquelle ces déesses sont vénérées est pour acquérir divers pouvoirs occultes (Dehejia 53). Plusieurs textes Kaula réfèrent au fait que les dévots reçoivent des bénédictions de la part des Yoginis en échange de leur dévotion envers elles (Donaldson 624). Les textes font également état que ceux qui ne suivent pas la tradition du culte des yoginis seront maudits (Donaldson 624). Les tantras qui évoquent les Yoginis réitèrent qu'il s'agit d'un très grand secret, un savoir caché qui ne peut être divulgué qu'aux initiés"(Dehejia 31).

Références données par l'auteure
  • Dehejia, Vidya (1986) Yogini, Cult and Temples: A Tantric Tradition. New Delhi: National Museum. Donaldson, Thomas E. (2002) Tantra and Sakta Art of Orissa. New Delhi: D.K. Printworld Ltd. Gadon, E. W. (2002). Probing the mysteries of the Hirapur Yoginis.  ReVision, 25, 1. p.33(9). 
  • Kinsley, David (1998) Tantric Visions of the Divine Female: The Ten Mayavidyas. Berkeley: University of California Press.
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Kali, déesse de plus de 3000 ans, est l'icône féministe dont le monde a besoin aujourd'hui

7/3/2020

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Traduit et adapté par Ishara Labyris du texte "Kali is the 3,000-year-old feminist icon we need today" écrit par Annalisa Merelli, reporter géopolitique
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Voici Kali.

Sauvage, nue, la langue sortie de sa bouche, une inconfortable image de force, de pouvoir éclatant. Elle porte les bijoux les plus somptueux, des bracelets et colliers ornementés et de fantastiques boucles d'oreilles en forme d'éléphants. Il y a du sang - substance troublante avec laquelle les femmes sont particulièrement familières - partout et autour d'elle : le sang s'écoule de la tête tranchée d'un démon qu'elle tient dans l'une de ses mains, il se collecte dans un récipient en-dessous; le sang est sur sa langue, sur son collier composé de têtes tranchées, sur sa ceinture faite de bras coupés, qui à lui seul couvre sa nudité; une mare de sang à ses pieds. Là, se trouve aussi un démon décapité et à son côté, l'époux de la déesse, Shiva, le destructeur, le serpent et tout.

​Pensez aux effigies d'argile de Kali, fabriquées à la main, juste à côté du temple de Kalighat, à Calcutta - certaines plus grandes que nature, d'autres miniatures, toutes la langue sortie et les bras qui dansent. Pouvez-vous imaginer une forme plus féroce?
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Kali personnifie la liberté d'être, existentielle et sans limite, sans demander de permission. 

C'est un véritable monstre, dans le sens où elle inspire à la fois l'effroi et l'admiration, belle mais d'aucune façon jolie - pas superficielle, aucunement docile ou confortable. Kali - regardez-la! - se moque complètement d'être désirable ou non. Elle n'est pas effrayée par son pouvoir, et si vous l'êtes, cela ne regarde que vous. Ce n'est pas le genre de divinité qu'on trouvera facilement assise sur l'étagère du salon ou sur un cadre accroché au mur encadré de fleurs de soucis et c'est très bien ainsi, elle doit tuer.

Kali est l'incarnation quintessentielle de shakti, le pouvoir féminin. Elle émerge comme déesse indépendante vers 1000 ans avant l'ère chrétienne et évolue comme une figure controversée : elle est une effrayante incarnation de la destruction, assoiffée de sang. et l'ultime protectrice contre le mal. Elle est spirituelle et matérielle, érotique et sexuelle, et en tant que telle, dans les cultes tantriques tournant autour d'elle, l'érotisme est une manière de confronter ses plus profondes peurs.

Arundhuti Singhal, co-fondatrice de Mythology Project, une plateforme d'analyse de la mythologie et du folklore, note que la nature ambivalente et contradictoire de Kali est due au fait qu'elle est une divinité féminine très ancienne. La duplicité et la multiplicité était un trait associé aux divinités féminines de l'antiquité, explique-t-elle. Les divinités masculines n'ont qu'un seul aspect - à l'exception de Shiva, qui possède une nature complexe parce qu'il est de nature à la fois féminine et masculine, mais vous n'auriez jamais une déesse possédant un seul aspect", dit-elle. 

Kali et d'autres déesses anciennes étaient l'expression de la nature. Comme la nature, elle a un côté destructeur et un côté bienveillant. Ainsi, elle n'est pas tout à fait une devi, une déesse, mais partage les traits ce qu'on appelle les asuras (démons, à défaut d'une meilleure traduction), des êtres surnaturels différents qui n'ont pas toujours l'habileté de garder leurs passions sous contrôle.  Puisque féminine, le pouvoir de la création repose en elle; ainsi, la force la nature également.
Cela fait de Kali une icône féministe dont nous avons besoin aujourd'hui, puisqu'elle est une figure complexe aux traits contrastants, lesquels sont tous des expressions d'égale importance de la force féminine -  sans vergogne, parce qu'il n'y a rien pour lequel elle considère devoir s'excuser.

Le rôle de Kali dans la mythologie véhicule un concept de la féminité très différent des idéaux modestes, gracieux qui sont courants à travers le monde - incluant en Inde, terre qui donna naissance à cette féroce déesse et qui pourtant prescrit un idéal de la femme comme étant respectueuse, soumise, obéissante. Kali n'est rien de cela. Son pouvoir et sa férocité sont plus grands que ceux de Shiva, qu'elle manque de tuer en l'écrasant de ses pieds, une image tellement troublante pour la patriarchie que, selon la mythologue Devdutt Pattanaik dans Seven Secrets of the Goddess, a longtemps été gardée secrète. 

Le mythe fait d'elle une déesse assoiffée de sang et incontrôlable, alors que Shiva, divinité masculine, est sage et en contrôle. Mais cela, note Singhal, est simplement une interprétation masculine de l'histoire, forgée par des siècles de valeurs patriarcales. 

Il y a d'autres façons d'interpréter le mythe, dont une indiquant que la déesse n'essaie pas de dominer Shiva - elle danse, célébrant sa victoire contre le démon, et s'est laissée emporter. Cela s'explique, comme Pattnaik le note, du fait que la force Kali est comme la nature pure, indifférente au regard humain. Toute intention ou sentiment que nous projetons sur elle ne sont que des interprétations. Elle existe, forte et libre de toute constriction culturelle.

Elle représente la nature à son plus brut, plus indomptable. Elle est la culmination de tout ce qui est force et pouvoir. Elle est aimante sans être dévouée. Elle est la mère ultime - la mère de tout pouvoir - sans être réduite au rôle de mère. 

La féminité de Kali n'est pas performative. Elle n'est pas docile, comme d'autres avatars du divin féminin comme Durga ou Parvati, apaisante, raisonnable, soumise ou respectueuse. Elle n'a pas non plus les traits que les féministes d'autrefois et même d'aujourd'hui voient et aiment en elle. Elle n'est pas en colère - bien qu'elle soit comme une furie - parce que la nature ne connaît pas la colère. Elle n'est même pas sauvage, bien que son apparence rejette les contraintes de la culture. Elle est, simplement, la nature elle-même. 

Choisir  Kali comme une icône n'est pas de réclamer le droit d'être agressive, sauvage, horrible ou sans pitié - c'est embrasser le but ultime pour lequel les femmes continuent de se battre - simplement de pouvoir être. Et comme Kali, quoique le regard humain choisisse d'y voir.  
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Kali Ma, la Sombre Créatrice et Destructrice

9/6/2014

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Extrait de l'article Kali Ma, The Dark Creator and Destroyer de Nancy Vedder-Shults, traduit et adapté par Ishara Labyris

En tant que déesse de vie, de mort et de renaissance, Kali est généralement représentée le visage sombre, vorace cannibale dansant sur les lieux de crémation, tenant une épée, une tête coupée, un bol de sang et un noeud coulant dans ses quatre mains. Autour de son cou se trouve une guirlande faite de crânes, et les cadavres de deux enfants pendent à ses oreilles, alors que sa ceinture est faite des bras coupés des épaules de ses victimes. Souvent, un serpent s'enroule autour de son corps, d'une épaule jusqu'à la hanche opposée, remplaçant ainsi la corde traditionnellement portée par les Brahmins. Ses apparâts comptent habituellement d'autres serpents plus petits, portés comme des brassards ou des bracelets.

Elle n'est pas une belle image. Mais en nous concentrant sur son côté sombre, nous (aux États-Unis) avons tendance à déformer et mal comprendre cette déesse. Parce que Kali est également la déesse qui donne naissance à l'univers entier, ce que l'on peut voir dans son iconographie également. Elle danse nue afin que son yoni (sa vulve, son vagin) fécond soit exposé de manière évidente, comme le sont ses seins généreux avec lesquels elle nourrit tout ce qu'elle a apporté à la vie dans ce monde. En fait, l'une de ses représentations les plus connues la montre chevauchant le dieu Shiva, le transformant d'un cadavre à un amant, prêt, avec son phallus érecté, à satisfaire ses désirs débridés. C'est Kali qui ramène Shiva d'entre les morts et lui donne vie, parce qu'elle est Shakti, l'énergie inhérente à l'univers, la force qui active le potentiel et crée le monde.

Qui est cette déesse ? À partir de ce que l'on peut reconstruire de l'Inde ancienne, il apparaît que Kali tienne ses racines dans la religion des peuples indigènes du Sud de l'Asie, avant la conquête des Indo-Aryens. Dans les plus anciens textes traitant de Kali, elle est une déesse tribale ou déesse des collines, vivant en bordure de la société Aryenne. Avant son incorporation dans les écrits sanskrits, on dit qu'elle était vénérée dans les lieux sauvages, non-civilisés, vivant sur les sommets des montagnes, près des rivières, dans les grottes, les forêts et les bosquets. En d'autres mots, elle vivait dans les régions sauvages, ces endroits de l'Inde encore habités par les peuples non-aryens. Le fait qu'elle soit une déesse proéminente dans les pratiques tantriques indique également son origine indigène, puisque les Tantras furent fortement influencés par les sources non-aryennes également.

Kali entra dans la tradition sanskrite entre 400 et 500 ans de l'ère chrétienne grâce au Devi-Mahatmya, une section des tous premiers Puranas Sanskrits. Ces textes étaient des compilations des mythes courants de l'Inde de l'époque. Bien que diverses déesses étaient connues dans les écrits sanskrits plus anciens, elles étaient des divinités relativement mineures. Ce qui était nouveau à propos du Devi-Mahatmya est que pour la toute première fois dans un texte écrit, la Déesse était décrite comme la réalité ultime elle-même, ce qui en faisait l'égale de Shiva et de Vishnu, divinités majeures dans l'hindouisme jusqu'à ce moment-là. Le mythe raconté dans le Devi-Mahatmya fait le portrait de dieux envoyant leurs énergies en des courant de flammes pour être réabsorbés par la Déesse, leur mère originelle, l'énergie de vie de laquelle ils ont émergé à l'origine. Lorsque la Déesse apparaît dans cette pluie de feu, les dieux lui remettent alors tous leurs emblêmes, outils, armes et autres symboles spécifiques à leurs pouvoirs, dissolvant ainsi tous leurs pouvoirs particuliers en la source de laquelle ils se sont écoulés. Avec la force combinée de tous les dieux, la Déesse s'avance pour détruire une horde de démons qui menaçait l'univers après être devenue plus puissante que les dieux. Dans ce mythe, la Déesse est appelée par plusieurs noms, parmi eux : Ambika, Shri, Lakshmi, Candika, Durga et Kali. Les années qui suivirent l'écriture du Devi-Mahatmya, la Grande Déesse dépeinte dans ce mythe fut habituellement identifiée en tant que Durga, occasionnellement en tant que Kali et aussi comme étant les deux, la lumière et l'ombre, les deux côtés d'une même déesse. Avec le temps, toutefois, Kali devint indépendante de Durga, et pour des millions d'Hindous, particulièrement dans le tantrisme et le dévotionalisme du Bengal, elle est devenue la plus grande manifestation du divin.

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Kali Devi

7/1/2014

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Les thèmes de Kâlî sont la renaissance, les cycles, la joie, le courage, l'espoir, la purification et le changement. Ses symboles sont les fleurs, la danse, le fer, les épées, les plumes de paon et le miel. Lali, déesse hindoue dont le nom signifie «temps», est la génitrice des forces naturelles qui construisent ou détruisent. Même dans la destruction, Elle nous rappelle que de bonnes choses peuvent survenir dans les mauvaises situations. Si vous pensez que vos espoirs et rêves ont été brisés, Kali peut changer le cycle et produire la vie à partir de rien. Là où il y a la peine, Elle danse pour apporter la joie. Là où il y a la peur, elle danse pour apporter le courage.

Durant le Festival de Shiva ou Maha Shivratri, les hindous se rassemblent dans les temples de Shiva pour honorer cette danse céleste de la création, et Kali danse avec eux en esprit. Préalablement, ils jeûnent et se baignent dans les eaux saintes pour se purifier. Faisant de même (dans votre bain ou votre douche) vous permettra de purger votre corps et votre âme des influences négatives. Ajoutez quelques pétales de fleurs ou une douce essence au bain pour invoquer le pouvoir de Kali.

Pour invoquer l'assitance de Kali pour apporter vie nouvelle à vos projets stagnants ou à vos buts ruinés, laissez-lui une offrande de miel ou de fleurs, et fabriquez une amulette à Kali. Prenez un tissu noir et enroulez-le autour d'une fleur tamponnée de miel et dites : «Kali, tourne, danse et change. Destinée réorganisée. Fin à la dévastation et aux conflits. Ce qui est mort revient à la vie».
Portez l'amulette sur vous jusqu'à ce que la situation change, et enterrez-la avec reconnaissance.
(Patricia Telesco, “365 Goddess: a daily guide to the magic and inspiration of the goddess”.)

Qui peut comprendre le Divin Paradoxe de Mère Kali ? Féroce, noire, large, aux yeux chatoyant, destructrice, souriant triomphalement dans le massacre de millions de démons, portant un collier fait de crânes et une jupe fait de bras coupés, illuminant comme la lune dans le ciel nocturne, tenant la tête d'un démon dans sa main, un Trident qui étincelle comme un éclair et un couteau sur lequel sont inscrits des mantras sacrés et infusé avec la Divine Shakti, Kali se tient paisible et satisfaite, imprégnée des fragrances de jasmin, de rose et de bois de santal !

La Déesse Kali  est assimilée à la nuit éternelle, elle est le pouvoir transcendant du temps, épouse du dieu Shiva. On croit que Shiva détruit le monde, et que Kali est le pouvoir ou l'énergie qu'use Shiva. Ainsi, Kali est la Shakti de Shiva, sans laquelle Shiva ne pourrait agir. Fréquemment, ceux qui ne comprennent pas ses multiples rôles dans la vie appellent Kali la déesse de la mort et de la destruction. C'est partiellement juste de dire que Kali est déesse de la mort, puisqu'elle apporte la mort de l'égo en tant que vision de la réalité centrée sur le soi/illusion. Nulle part dans les mythes hindous la voit-on tuer autre chose que des démons, pas plus qu'elle n'est spécifiquement associée au processus de mort humaine, comme le dieu hindou Yama (qui est réellement le dieu de la mort). Il est vrai qu'on dit que Kali et Shiva habiteraient les lieux de crémation et les dévots vont souvent à ces endroits pour méditer. Ce n'est pas pour vénérer la mort, mais plutôt pour surmonter l'idée que nous ne sommes qu'un corps, renforçant notre conscience que notre corps n'est qu'une condition temporaire. Shiva et Kali habiteraient ces endroits parce que c'est notre attachement au corps qui élève l'égo. Shiva et Kali nous accordent la libération, en retirant l'illusion de l'égo. Ainsi, nous sommes l'éternel «Je Suis», et non pas notre corps. Cela est souligné par la vision des lieux de crémation.

Selon le mythe hindou, la déesse Kali est une incarnation de Parvati. Elle prend cette forme afin de vaincre le démon Raktabija, dont le nom signifie «semence/graine de sang». Les dieux ne pouvaient pas tuer le démon Raktabija, parce qu'il avait reçu de Brahma le don de renaître un millier de fois, et chaque fois plus puissant qu'avant, chaque fois qu'une goutte de son sang tombait. Chaque goutte de son sang qui touchait le sol se transformait en un autre et plus puissant Raktabija. En quelques minutes de bataille avec ce démon, le champ de bataille était couvert entier avec des millions de clônes de Raktabija. Désespérés, les dieux se tournèrent vers Shiva. Mais Shiva était perdu en pleine méditation à ce moment-là, et les dieux ne voulaient pas le déranger. Plutôt, ils ont demandé l'assistance de son épouse, Parvati.

La Déesse se mit tout de suite en route pour la bataille avec ce démon redouté, dans la forme de Kali ou «La Noire». Ses yeux étaient rouges, son corps noir, ses traits décharnés, ses cheveux détachés, et ses dents comme des couteaux tranchants. Alors que Kali entra en bataille, Raktabija expérimentra la peur, pour la première fois dans son coeur de démon. Kali ordonna aux dieux d'attaquer Raktabija. Elle étira alors sa langue pour couvrir le champ de bataille, évitant ainsi qu'une seule goutte du sang de Raktabija touche le sol. Ainsi, elle put empêcher Raktabija de se reproduire et les dieux purent tuer le démon. Une autre version de la légende dit que Kali perça Raktabija avec une lance, et qu'elle colla ses lèvres à lablessure pour voir le sang alors qu'il giclait hors de son corps, empêchant ainsi Raktabija de se reproduire.

Ivre du sang de Raktabija, Kali courut dans le cosmos, tuant tout ce qui se posait sur son passage. Elle se couvrit de têtes, de pieds, d'entrailles de sa victime. Les dieux assistèrent au déséquilibre de l'univers. En dernier recours, ils éveillèrent Shiva de sa méditation. Afin de la calmer, Shiva se jeta sous ses pieds. La déesse s'arrêta. Elle se calma, embrassa son époux, quitta sa forme féroce pour devenir Gauri, «La Belle».

Les actions sanglantes et destructives de Kali n'avaient d'intention que la protection du bien. Elle a pu être emportée par ses actes macabres, mais elle n'est pas malfaisante. Les énergies destructives de Kali sont vues, à un plus haut niveau, comme le véhicule du salut et de l'ultime transformation. Elle ne détruit que pour recréer, et ce qu'elle détruit est le péché, l'ignorance et la décadence. La déesse Kali est représentée est représentée noire. Cette couleur, en sanskrit se traduit par kaala - dont la forme féminine est kali - alors Kali est La Noire. Le noir est le symbole de l'Infini et l'état de semence de toutes couleurs. La déesse Kali demeure dans un état de noirceur inconcevable qui transcende les mots et l'esprit. Dans sa noirceur est l'éclat éblouissant de la lumière. Sa noirceur symbolise sa nature compréhensive, qui embrasse tout, parce que le noir est la couleur dans laquelle toutes couleurs se fondent; le noir les absorbe et les dissout.

La nudité de Kali est puissante dans sa signification. À plusieurs instants, elle est décrite comme habillée de l'espace ou vêtue de ciel. Dans son absolue, primordiale nudité, elle est libre de toute couverture d'illusion. Elle est la Nature (Prakriti en Sanskrit), dépouillée de vêtements. Cela signifie qu'elle est complètement au-delà de nom et forme, complètement au-delà des effets de la maya (illusion). On dit que sa nudité représente la conscience totalement illuminée, inaffectée par la maya. Kali est le brillant feu de vérité, qui ne peut être caché par les vêtements de l'ignorance. Une telle vérité ne ferait que les brûler.

Elle est forte de poitrine; sa maternité est une création sans fin. Ses cheveux ébouriffés forment un rideau d'illusion, un tissu d'espace, le temps qui organise la matière à partir de l'océan chaotique de la mousse-quantum. Sa guirlande de cinquante têtes humaines, lesquelles représentent les cinquante lettres de l'alphabet Sanskrit, symbolise la source de connaissance et de sagesse. Elle porte une ceinture faite de mains humaines découpées - les mains sont les principaux instruments de travail, et signifient l'action du karma. Ainsi, les attaches au karma ont été surmontées, coupées, comme si elles l'avaient été par dévotion à Kali. Elle a béni le dévot en le libérant de son cycle de karma. Ses dents blanches sont symbole de pureté (sanskrit, sattva) et sa longue langue rouge dépeint dramaticalement le fait qu'elle consume toutes choses et dénote l'acte de goûter ou d'apprécier ce que la société perçoit comme interdit (i.e. sa jouissance aveugle de toutes les «saveurs» du monde).

Les quatre bras de Kali représentent le cycle complet de la création et de la destruction, contenus en elle. Elle représente les rythmes créateurs et destructeurs inhérents du cosmos. Ses mains droites, dans les mudras de «ne crains pas» et celui qui confère les bénédictions, représentent les aspects créateurs de Kali, alors que les mains gauches, tenant l'épée sanglante et la tête coupée, représentent son aspect destructeur. L'épée est celle de la connaissance, qui coupe les neuds de l'ignorance et détruit la fausse conscience (tête coupée). Kali ouvre les portes de la liberté avec cette épée, ayant coupé les huit liens qui lient les êtres humains. Finalement, ses trois yeux représentent le soleil, la lune et le feu, avec lesquels elle est capable d'observer les trois modes du temps : le passé, le présent et le futur. Cet attribut est aussi à l'origine du nom Kali, forme féminine du terme «kala», le mot sanskrit pour désigner le temps.

Kali est considérée comme la déesse sombre la plus pleinement réalisée, une grande et puissance déesse terre-mère capable de terrible destruction et qui représente la plus puissance forme de forces féminines de l'Univers. Le culte à la Déesse Kali est largement une tentative de l'apaiser et d'éviter son courrou. Ses dévots lui offrent du sang et de la chair, lesquels sont importants dans son culte, comme l'étaient les sacrifices de sang dans le culte du dieu biblique, qui ordonnait que le sang soit versé sur ses autels (Exode 29:16) pour la rémission des péchés (Nombres 18:9). En tant que maîtresse du sang, elle préside sur les mystères de la vie et de la mort. Quoiqu'il en soit, ses dévots trouvent en elle une puissante déesse guerrière et pensent que sa plus grande force est celle d'une protectrice.

Kali n'est pas toujours perçue comme une déesse sombre. En dépit des origines guerrières de Kali, elle a évolué pour devenir un symbole à part entière de Mère Nature dans ses aspects créateurs, nourriciers et dévorants. Certains groupes de personnes, non-familiers avec les préceptes de l'hindouisme, peuvent voir Kali comme un démon satanique. En ne comprenant pas l'histoire derrière Mère Kali peut mener à une malinterprétation de son iconographie. De la même manière, nous pourrions dire que la Chrétienneté est une religion de mort, de destruction et de cannibalisme parce que ses praticiens boivent le sang du Christ et mangent sa chair. Évidemment, nous savons que ce n'est pas bonne interprétation du rituel de la communion. Plutôt, on se réfère à Kali en tant que grande Déesse-Mère Primordiale et Aimante, dans la tradition tantrique hindoue. Sous cet aspect, en tant que Déesse Mère, on se réfère à elle en tant que Kali Ma, signifiant Kali Mère, et des millions d'Hindous l'appellent ainsi.

De toutes les formes de Devi, elle est la plus compatissante, parce qu'elle offre la moksha, libération, à ses enfants. Elle est la contrepartie de Shiva, le destructeur. Ils sont les destructeurs de la non-réalité. L'égo voit Mère Kali et tremble de peur, parce que l'égo voit en elle sa propre éventuelle disparition. Une personne qui est attachée à son égo ne sera pas réceptif à Mère Kali et elle leur apparaîtra sous une forme terrifiante. Une âme mature qui s'engage dans une pratique spirituelle afin de retirer l'illusion de l'égo verra Mère Kali douce, affectueuse, et d'un amour inconditionnel et incompréhensible pour ses enfants.

Traduit et adapté par Ishara Labyris de l'article suivant:  http://journeyingtothegoddess.wordpress.com/2012/02/24/goddess-kali/
1 Comment
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    :: Adya Kali ::
    Mère Primordiale

    Je vois les choses d'une toute nouvelle façon, comme si je voyais en fait pour la première fois.

    Vulnérable, je marche, fascinée, aveuglée, vers Elle.

    Je me sens affamée, comme après tant de mois, d'années, à me sentir vide ou «pas assez».

    L'appel de la Mère, de la Source, revenir à l'Essence même de toute chose, la Force Primordiale et me laisser envahir, inonder, par sa Puissance, sa Majesté. Elle seule est si complète qu'Elle peut me rassembler et m'ouvrir, que je revienne au monde, nouvelle et entière.

    Jai Maa !

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