Asherah, partie II : l'épouse du Serpent
Traduit et adapté par Ishara Labyris de l'article Asherah, Part II : The serpent's bride
Le monde est-il bon ou mauvais? Qui nous a créés et pourquoi? Ce sont certaines des questions auquels les anciens mythes et religions tentent de répondre. Et les réponses importent. La foi en une déesse qui est Mère nature personnifiée est différente d'une foi en un créateur guerrier jaloux et vengeur. C'est différnet parce que cela façonne la manière dont nous percevons le monde et que nous faisons lorsque nous sommes ici-bas. Lorsque les écrivains et compileurs de notre religion historique ont sorti de l'édition la déesse hébraïque Asherah, ils ont changé la façon dont nous voyons le monde. Ils nous ont changé et ainsi, ont changé le monde.
Le monde est-il bon ou mauvais? Qui nous a créés et pourquoi? Ce sont certaines des questions auquels les anciens mythes et religions tentent de répondre. Et les réponses importent. La foi en une déesse qui est Mère nature personnifiée est différente d'une foi en un créateur guerrier jaloux et vengeur. C'est différnet parce que cela façonne la manière dont nous percevons le monde et que nous faisons lorsque nous sommes ici-bas. Lorsque les écrivains et compileurs de notre religion historique ont sorti de l'édition la déesse hébraïque Asherah, ils ont changé la façon dont nous voyons le monde. Ils nous ont changé et ainsi, ont changé le monde.

Ève et le Serpent
Certains des plus fervents lecteurs de la Bible ne semblent pas conscients de l'impossibilité de croire littéralement à ses comptes. Prenez la création, par exemple. La création de l'humanité par Elohim (nom que nous avons traduit par «Dieu», mais qui est techniquement un mot pluriel) dans la Genèse 1:26 est suivi dans les chapitres 2 et 3 par une autre histoire de création qui contredit la première sur plusieurs points. Dans cette deuxième histoire, on attribue au dieu personnel Yahvé le nom de Créateur dans le texte original hébreu. Ce dieu est décrit au singulier, contrairement à la première histoire dnas laquelle Elohim dit «créons l'homme à notre image». Plutôt que de parler à la tête d'un concile, Yahvé crée clairement seul. Il marche dans le Jardin d'Éden dans lequel il a placé ses créations, ce qui implique qu'Il possède une forme physique. Alors qu'Elohim créa à la fois l'homme et la femme à «leur» image, au même moment, Yahvé crée seulement l'homme en premier. Il le place dans un jardin avec deux arbres, l'Arbre de Vie et l'Arbre de la Connaissance. Il lui indique qu'il peut se nourrir du premier, mais pas du second, et que s'il mange de l'Arbre de la Connaissance, il «mourra sûrement».
Dans la première histoire, il n'y a pas mention du Jardin d'Éden ou des arbres magiques. Les humains sont créés en dernier, après que tout le reste ait été fait : la lumière et l'ombre, la terre et la mer, les plantes et les animaux. Dieu (ou les dieux) prononce que la création est bonne et crée l'homme et la femme pour régner sur les créatures, qui ont déjà été toutes créées. Dans la seconde histoire, l'homme est créé après les plantes, et les animaux sont créés ensuite, pour amuser Adam, parce qu'il se sent seul. Contrairement à la première histoire, la femme est ici faite en dernier, lorsque les animaux ne réussissent pas à soulager Adam de sa solitude. Elle n'est même pas conçue de la même manière. Adam est fait de boue (son nom signifie d'ailleurs «humanité» et «terre rouge») et empli du souffle de Dieu. Ève est faite à partir de la côte d'Adam alors que celui-ci est endormi.
L'auteur de la deuxième histoire poursuit en racontant l'une des histoires les plus connues de la tradition judéo-chrétienne :
«Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, que l'Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme: Dieu a-t-il réellement dit: Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin?
La femme répondit au serpent: Nous mangeons du fruit des arbres du jardin.
Mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: Vous n'en mangerez point et vous n'y toucherez point, de peur que vous ne mouriez.
Alors le serpent dit à la femme: Vous ne mourrez point;
mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal.
La femme vit que l'arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu'il était précieux pour ouvrir l'intelligence; elle prit de son fruit, et en mangea; elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d'elle, et il en mangea.
Les yeux de l'un et de l'autre s'ouvrirent, ils connurent qu'ils étaient nus, et ayant cousu des feuilles de figuier, ils s'en firent des ceintures.
Alors ils entendirent la voix de l'Éternel Dieu, qui parcourait le jardin vers le soir, et l'homme et sa femme se cachèrent loin de la face de l'Éternel Dieu, au milieu des arbres du jardin.
Mais l'Éternel Dieu appela l'homme, et lui dit: Où es-tu?
Il répondit: J'ai entendu ta voix dans le jardin, et j'ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché.
Et l'Éternel Dieu dit: Qui t'a appris que tu es nu? Est-ce que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais défendu de manger?
L'homme répondit: La femme que tu as mise auprès de moi m'a donné de l'arbre, et j'en ai mangé.
Et l'Éternel Dieu dit à la femme: Pourquoi as-tu fait cela? La femme répondit: Le serpent m'a séduite, et j'en ai mangé.»
Dieu poursuit alors en administrant plusieurs châtiments en raison de l'offense causée par le fait d'avoir mangé de l'Arbre de la Connaissance. Les humains sont chassés du jardin et ne peuvent plus manger de l'Arbre de Vie. L'homme sera «maudit entre tout le bétail et entre tous les animaux des champs»; la femme sera dominée par son mari et enfantera dans la douleur; le serpent rampera sur son ventre (certains commentateurs ont suggéré que le serpent aurait donc originalement eu des pattes) et sera haï des humains. Deux anges et une épée de feu gardent l'entrée du jardin. Nous ne pourrons jamais revenir.
Certains des plus fervents lecteurs de la Bible ne semblent pas conscients de l'impossibilité de croire littéralement à ses comptes. Prenez la création, par exemple. La création de l'humanité par Elohim (nom que nous avons traduit par «Dieu», mais qui est techniquement un mot pluriel) dans la Genèse 1:26 est suivi dans les chapitres 2 et 3 par une autre histoire de création qui contredit la première sur plusieurs points. Dans cette deuxième histoire, on attribue au dieu personnel Yahvé le nom de Créateur dans le texte original hébreu. Ce dieu est décrit au singulier, contrairement à la première histoire dnas laquelle Elohim dit «créons l'homme à notre image». Plutôt que de parler à la tête d'un concile, Yahvé crée clairement seul. Il marche dans le Jardin d'Éden dans lequel il a placé ses créations, ce qui implique qu'Il possède une forme physique. Alors qu'Elohim créa à la fois l'homme et la femme à «leur» image, au même moment, Yahvé crée seulement l'homme en premier. Il le place dans un jardin avec deux arbres, l'Arbre de Vie et l'Arbre de la Connaissance. Il lui indique qu'il peut se nourrir du premier, mais pas du second, et que s'il mange de l'Arbre de la Connaissance, il «mourra sûrement».
Dans la première histoire, il n'y a pas mention du Jardin d'Éden ou des arbres magiques. Les humains sont créés en dernier, après que tout le reste ait été fait : la lumière et l'ombre, la terre et la mer, les plantes et les animaux. Dieu (ou les dieux) prononce que la création est bonne et crée l'homme et la femme pour régner sur les créatures, qui ont déjà été toutes créées. Dans la seconde histoire, l'homme est créé après les plantes, et les animaux sont créés ensuite, pour amuser Adam, parce qu'il se sent seul. Contrairement à la première histoire, la femme est ici faite en dernier, lorsque les animaux ne réussissent pas à soulager Adam de sa solitude. Elle n'est même pas conçue de la même manière. Adam est fait de boue (son nom signifie d'ailleurs «humanité» et «terre rouge») et empli du souffle de Dieu. Ève est faite à partir de la côte d'Adam alors que celui-ci est endormi.
L'auteur de la deuxième histoire poursuit en racontant l'une des histoires les plus connues de la tradition judéo-chrétienne :
«Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, que l'Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme: Dieu a-t-il réellement dit: Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin?
La femme répondit au serpent: Nous mangeons du fruit des arbres du jardin.
Mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: Vous n'en mangerez point et vous n'y toucherez point, de peur que vous ne mouriez.
Alors le serpent dit à la femme: Vous ne mourrez point;
mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal.
La femme vit que l'arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu'il était précieux pour ouvrir l'intelligence; elle prit de son fruit, et en mangea; elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d'elle, et il en mangea.
Les yeux de l'un et de l'autre s'ouvrirent, ils connurent qu'ils étaient nus, et ayant cousu des feuilles de figuier, ils s'en firent des ceintures.
Alors ils entendirent la voix de l'Éternel Dieu, qui parcourait le jardin vers le soir, et l'homme et sa femme se cachèrent loin de la face de l'Éternel Dieu, au milieu des arbres du jardin.
Mais l'Éternel Dieu appela l'homme, et lui dit: Où es-tu?
Il répondit: J'ai entendu ta voix dans le jardin, et j'ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché.
Et l'Éternel Dieu dit: Qui t'a appris que tu es nu? Est-ce que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais défendu de manger?
L'homme répondit: La femme que tu as mise auprès de moi m'a donné de l'arbre, et j'en ai mangé.
Et l'Éternel Dieu dit à la femme: Pourquoi as-tu fait cela? La femme répondit: Le serpent m'a séduite, et j'en ai mangé.»
Dieu poursuit alors en administrant plusieurs châtiments en raison de l'offense causée par le fait d'avoir mangé de l'Arbre de la Connaissance. Les humains sont chassés du jardin et ne peuvent plus manger de l'Arbre de Vie. L'homme sera «maudit entre tout le bétail et entre tous les animaux des champs»; la femme sera dominée par son mari et enfantera dans la douleur; le serpent rampera sur son ventre (certains commentateurs ont suggéré que le serpent aurait donc originalement eu des pattes) et sera haï des humains. Deux anges et une épée de feu gardent l'entrée du jardin. Nous ne pourrons jamais revenir.

Le Dieu-Serpent
Le grand historien de la mythologie Joseph Campbell observe sèchement que rien n'est dit dans l'histoire pour indiquer que le serpent ici était une divinité de son propre droit à travers le monde ancien. De la même manière, aucun ancien lecteur hébreu de cette histoire n'aurait de difficulté à identifier l'Arbre de Vie avec la déesse-mère Asherah, dont l'image d'arbre de vie était vénérée, selon la Bible, «sous chaque arbre vert» et qui résida également dans le temple de Salomon pendant 236 des 370 ans qu'il exista à Jérusalem.
Il se peut également qu'Ève soit une allégorie pour Asherah, puisque son nom signifie à la fois «mère de vie» et est linguistiquement lié à celui d'Asherah.
Joseph Campbell croyait que le serpent dans l'histoire d'Éden dérivait directement du dieu sumérien Enki, dieu de l'Eau et de la Sagesse, ou de son fils Ningizzida. Les deux étaient identifiés comme des dieux serpents, entre autres choses. Enki était possédé par la nourriture et l'eau de vie, comme des tablettes de sagesse. Ningizzia était le Seigneur de l'Arbre de Vérité. Ces dieux ont pu être apportés à Canaan par les Israélites après qu'ils eurent quitté la cité sumérienne/babylonienne d'Ur, ou absorbés par leur voisins de l'est dans une période ultérieure (une grande partie de la Bible hébraïque fut compilée, éditée et réécrite après que les Hébreux eurent été conquis et exilés à Babylone au 6e siècle avant Christ). Les onze premiers chapitres de la Genève sont réécrits à partir des contes sumériens fort plus anciens. Dans ceux-ci, Enki, plutôt que Yahvé, crée les humains à partir de la boue, et sauve le prototype de Noé de l'inondation en l'instruisant comment construire une arche.
Nous savons que le culte d'Asherah était lié à la prophécie. Les serpents étaient également liés à la fois à la sagesse et à la prophétie partout à l'est de la Méditerranée: En Grèce, l'oracle de Delphes était appelée Pythie, qui dérive du grand serpent (python) qui fut défait par le dieu Apollon; à Sumer/Babylon, le dieu Enki était le seigneur de l'eau et et de la sagesse et était représenté comme un grand serpent qui marche (dragon), comme le fut son fils Ningizzida dont l'image symbolique était un bâton entouré par deux serpents entrecroisés.
Ningizzida était une divinité infernale et paradoxalement le gardien du palais céleste du dieu du ciel Anu. Il était aussi un dieu des arbres. Le dieu grec Hermès, messager des dieux, avait un bâton autour duquel s'enroulait deux serpents également. Cette image de la connaissance mystique a été confondue par la profession médicale avec le Bâton d'Asclépios (originalement, un seul serpent s'enroulait autour de ce bâton), qui était une image ancienne représentant la guérison. Ainsi, la vie et la connaissance furent liées à l'image du serpent depuis très longtemps. Comme l'ont été les déesses.
Le grand historien de la mythologie Joseph Campbell observe sèchement que rien n'est dit dans l'histoire pour indiquer que le serpent ici était une divinité de son propre droit à travers le monde ancien. De la même manière, aucun ancien lecteur hébreu de cette histoire n'aurait de difficulté à identifier l'Arbre de Vie avec la déesse-mère Asherah, dont l'image d'arbre de vie était vénérée, selon la Bible, «sous chaque arbre vert» et qui résida également dans le temple de Salomon pendant 236 des 370 ans qu'il exista à Jérusalem.
Il se peut également qu'Ève soit une allégorie pour Asherah, puisque son nom signifie à la fois «mère de vie» et est linguistiquement lié à celui d'Asherah.
Joseph Campbell croyait que le serpent dans l'histoire d'Éden dérivait directement du dieu sumérien Enki, dieu de l'Eau et de la Sagesse, ou de son fils Ningizzida. Les deux étaient identifiés comme des dieux serpents, entre autres choses. Enki était possédé par la nourriture et l'eau de vie, comme des tablettes de sagesse. Ningizzia était le Seigneur de l'Arbre de Vérité. Ces dieux ont pu être apportés à Canaan par les Israélites après qu'ils eurent quitté la cité sumérienne/babylonienne d'Ur, ou absorbés par leur voisins de l'est dans une période ultérieure (une grande partie de la Bible hébraïque fut compilée, éditée et réécrite après que les Hébreux eurent été conquis et exilés à Babylone au 6e siècle avant Christ). Les onze premiers chapitres de la Genève sont réécrits à partir des contes sumériens fort plus anciens. Dans ceux-ci, Enki, plutôt que Yahvé, crée les humains à partir de la boue, et sauve le prototype de Noé de l'inondation en l'instruisant comment construire une arche.
Nous savons que le culte d'Asherah était lié à la prophécie. Les serpents étaient également liés à la fois à la sagesse et à la prophétie partout à l'est de la Méditerranée: En Grèce, l'oracle de Delphes était appelée Pythie, qui dérive du grand serpent (python) qui fut défait par le dieu Apollon; à Sumer/Babylon, le dieu Enki était le seigneur de l'eau et et de la sagesse et était représenté comme un grand serpent qui marche (dragon), comme le fut son fils Ningizzida dont l'image symbolique était un bâton entouré par deux serpents entrecroisés.
Ningizzida était une divinité infernale et paradoxalement le gardien du palais céleste du dieu du ciel Anu. Il était aussi un dieu des arbres. Le dieu grec Hermès, messager des dieux, avait un bâton autour duquel s'enroulait deux serpents également. Cette image de la connaissance mystique a été confondue par la profession médicale avec le Bâton d'Asclépios (originalement, un seul serpent s'enroulait autour de ce bâton), qui était une image ancienne représentant la guérison. Ainsi, la vie et la connaissance furent liées à l'image du serpent depuis très longtemps. Comme l'ont été les déesses.

La Déesse Serpent
En Crète minéenne, une mystérieuse déesse portant des serpents est très ancienne; dans la Grèce classique, Athéna, Déesse de Sagesse, porte la tête couverte de serpents de Méduse. Partout à travers l'antique Canaan, des images peuvent être trouvées d'une déesse portant ou étant entourée de serpents. Certains croient qu'il s'agit d'Astarté (la version cananéenne d'Ishtar, qui est elle-même la version babylonienne d'Inanna). On dit qu'Inanna se serait emparé des me, les tablettes magiques de sagesse qui appartenaient à Enki, pour délivrer ces connaissances à son peuple. D'autres croient que la déesse serpent cananéenne est Asherah, en partie parce que cette déesse est souvent représentée se tenant sur un lion et Asherah est aussi appelée la Dame au Lion.
Asherah est la version courte du nom complet de la Déesse Mère, qui est Athiratu Yammi, Celle qui marche sur la Mer. Yam, le Dieu-Mer, comme plusieurs divinités de l'océan primordial, était représenté par un serpent. Les serpents, l'eau et la sagesse : tout suggère une inconsciente connexion aux profondeurs de toute chose, une place de laquelle la créativité survient. Peut-être que son habileté à marcher sur l'eau en fait une déesse capable de porter les pouvoirs du serpent (pouvoirs de sagesse, de prophétie et/ou de guérison). Asherah ne serait ainsi pas seulement la Déesse de Vie, mais aussi la Déesse de Sagesse. Accompagnée de son totem serpent, elle peut accorder le savoir depuis la profondeur de la source de toute chose. Celle qui a créé la vie à partir de rien sait comment créer et peut partager cette habileté avec nous. Sauf si, bien sûr, on nous empêche de la connaître.
Et c'est sans aucun doute le véritable message de ce récit. Le message à son ancien lecteur est clair : vous vous retrouvez dans cette valée de larmes parce que vous avez rendu culte au pied de la Déesse Arbre. Et en donnant ce message, le Yahviste retourne l'ancienne signification de ces symboles sur leur tête. Pour cette raison, Campbell appelle ce récit un «mythe de contrefaçon ostensiblement artificiel». Yahvé apparaît ici comme un tyrant. Ne cherchez pas la sagesse ou vous souffrirez mon courroux. Aussi, contrairement à d'autres mythes païens, plutôt que de présenter la nature, ici sur terre, comme sacrée, nous nous voyons chassés du paradis. La Nature est l'ennemi d'Adam: il doit labourer durement la terre et suer pour à peine arriver à vivre de cette terre. L'homme est l'ennemi de la femme: elle doit servir son mari. Sous la loi du Deutéronome, elle est en fait la propriété de son mari, un statut pas tellement meilleur que celui d'esclave. Alors que les femmes voyaient en Asherah leur protectrice durant l'accouchement, elles se font dire que c'est le fait qu'elles lui rendent culte qui leur causent la douleur durant l'accouchement.
C'est une histoire très triste. En rejetant la déesse, nous savons maintenant que Yahvé rejettait en fait sa propre épouse. Asherah était l'épouse du Cananéen El en Phénicie, et l'épouse de Baal en Israël, mais les archéologues ont mis à jour des inscriptions anciennes qui prouvent que plusieurs la considéraient aussi comme l'épouse de Yahvé.
En Crète minéenne, une mystérieuse déesse portant des serpents est très ancienne; dans la Grèce classique, Athéna, Déesse de Sagesse, porte la tête couverte de serpents de Méduse. Partout à travers l'antique Canaan, des images peuvent être trouvées d'une déesse portant ou étant entourée de serpents. Certains croient qu'il s'agit d'Astarté (la version cananéenne d'Ishtar, qui est elle-même la version babylonienne d'Inanna). On dit qu'Inanna se serait emparé des me, les tablettes magiques de sagesse qui appartenaient à Enki, pour délivrer ces connaissances à son peuple. D'autres croient que la déesse serpent cananéenne est Asherah, en partie parce que cette déesse est souvent représentée se tenant sur un lion et Asherah est aussi appelée la Dame au Lion.
Asherah est la version courte du nom complet de la Déesse Mère, qui est Athiratu Yammi, Celle qui marche sur la Mer. Yam, le Dieu-Mer, comme plusieurs divinités de l'océan primordial, était représenté par un serpent. Les serpents, l'eau et la sagesse : tout suggère une inconsciente connexion aux profondeurs de toute chose, une place de laquelle la créativité survient. Peut-être que son habileté à marcher sur l'eau en fait une déesse capable de porter les pouvoirs du serpent (pouvoirs de sagesse, de prophétie et/ou de guérison). Asherah ne serait ainsi pas seulement la Déesse de Vie, mais aussi la Déesse de Sagesse. Accompagnée de son totem serpent, elle peut accorder le savoir depuis la profondeur de la source de toute chose. Celle qui a créé la vie à partir de rien sait comment créer et peut partager cette habileté avec nous. Sauf si, bien sûr, on nous empêche de la connaître.
Et c'est sans aucun doute le véritable message de ce récit. Le message à son ancien lecteur est clair : vous vous retrouvez dans cette valée de larmes parce que vous avez rendu culte au pied de la Déesse Arbre. Et en donnant ce message, le Yahviste retourne l'ancienne signification de ces symboles sur leur tête. Pour cette raison, Campbell appelle ce récit un «mythe de contrefaçon ostensiblement artificiel». Yahvé apparaît ici comme un tyrant. Ne cherchez pas la sagesse ou vous souffrirez mon courroux. Aussi, contrairement à d'autres mythes païens, plutôt que de présenter la nature, ici sur terre, comme sacrée, nous nous voyons chassés du paradis. La Nature est l'ennemi d'Adam: il doit labourer durement la terre et suer pour à peine arriver à vivre de cette terre. L'homme est l'ennemi de la femme: elle doit servir son mari. Sous la loi du Deutéronome, elle est en fait la propriété de son mari, un statut pas tellement meilleur que celui d'esclave. Alors que les femmes voyaient en Asherah leur protectrice durant l'accouchement, elles se font dire que c'est le fait qu'elles lui rendent culte qui leur causent la douleur durant l'accouchement.
C'est une histoire très triste. En rejetant la déesse, nous savons maintenant que Yahvé rejettait en fait sa propre épouse. Asherah était l'épouse du Cananéen El en Phénicie, et l'épouse de Baal en Israël, mais les archéologues ont mis à jour des inscriptions anciennes qui prouvent que plusieurs la considéraient aussi comme l'épouse de Yahvé.

Le Pouvoir du Serpent
Nous pouvons certainement trouver les origines des images particulières de la Mère de Vie, de l'Arbre de Vie et du serpent sans quitter le Proche Orient antique. Toutefois, il vaut la peine de démontrer que ces idées étaient répandues partout dans le monde. Dans la mythologie viking, l'Arbre Monde, Yggdrasil, siège au centre du monde. Un dragon se terre à l'intérieur et plusieurs serpents se trouvent en-dessous. Le dieu Odin se pend lui-même à cet arbre afin d'acquérir le pouvoir sur les runes (savoir et savoir prophétique). En Orient, l'eau/la sagesse/ le serpent est un pouvoir considéré bénéfique. Les dragons chinois sont des dieux de l'eau possédant des pouvoirs pour contrôler les pluies et les rivières et ont l'habileté d'accorder la bonne fortune. Bouddha atteignit l'illumination alors qu'il était assis sous l'arbre Bodhi, protégé de la pluie par un cobras géant. Dans le yoga hindou, un pouvoir-serpent appelé kundalini réside à la base de la colonne vertébrale et les praticiens temptent de faire élever le serpent jusqu'au-dessus de leur tête, créant ainsi une conscience mystique s'ils y parviennent. Dans le Nouveau Monde, un dieu serpent-à-plumes nommé Quetzalcoatl était le Dieu de la Sagesse, associé au pouvoir sacerdotal. Les serpents faisaient aussi partie de la mythologie africaine et plusieurs dieux et déesses égyptiens, aussi bien que les pharaons, portaient l'image d'un cobras sur leur tête.
Il y a seulement deux explications possibles pour expliquer l'étendue de cette croyance similaire dans le monde. Soit l'idée que le pouvoir du serpent est un archétype profondément ancré dans notre inconscient human (notre propre océan primordial) ou alors il est tellement ancien qu'il traversa avec nous que nos ancêtres quittèrent l'Afrique pour se disperser à travers le monde.
Contrairement à plusieurs de nos voisins de l'est, nous, dans l'ouest chrétien, sommes habitués à penser que les dragons sont des méchants qui doivent être conquis par des héros. Plusieurs sont également accoutumés à penser au serpent comme le représentant de Satan dans le jardin d'Éden, mais c'est une adaptation chrétienne plus tardive du récit. Le serpent n'est jamais identifié de la sorte dans le récit hébraïque, pas plus qu'il n'est considéré démoniaque dans la religion juive.
Yahvé et le Serpent
Nous allons maintenant entrer un territoire plutôt bizarre. Il existe certaines indications selon lesquelles Yahvé lui-même aurait réclamé le Pouvoir du Serpent. Peut-être l'imagerie la plus singulière de la Bible lie Yahvé lui-même avec le serpent. Dans 2 Rois 18:4, un prophète en colère nous rapporte que le serpent de bronze de Moïse était vénéré aux côtés de l'image d'Asherah. Le peuple d'Israël brûlait de l'encens pour cette tête de serpent de bronze, comme ils le feraient pour un dieu et ils l'appelaient Nehushtan (lié au mot nachash, mot hébreu pour dire serpent).
Nous rencontrons pour la première fois les pouvoirs de serpent de Yahvé dans la connexion avec Moïse dans l'Exode chapitre 7, lorsque le grand leader tente de persuader le pharaon d'Égypte de laisser les Israélites (esclaves) partir librement. Dans ce récit, Moïse et son frère Aaron laissent tomber leurs bâtons et ceux-ci se changent en serpents. Les sorciers du Pharaon jettent alors leurs bâtons également qui se changent en serpents, mais le serpent d'Aaron engloutit les serpents égyptiens.
Moïse utilise alors son bâton magique pour apporter les fléaux en Égypte. En voici deux exemples :
« L'Éternel dit à Moïse: Pharaon a le coeur endurci; il refuse de laisser aller le peuple. Va vers Pharaon dès le matin; il sortira pour aller près de l'eau, et tu te présenteras devant lui au bord du fleuve. Tu prendras à ta main la verge qui a été changée en serpent, et tu diras à Pharaon: L'Éternel, le Dieu des Hébreux, m'a envoyé auprès de toi, pour te dire: Laisse aller mon peuple, afin qu'il me serve dans le désert. Et voici, jusqu'à présent tu n'as point écouté. Ainsi parle l'Éternel: A ceci tu connaîtras que je suis l'Éternel. Je vais frapper les eaux du fleuve avec la verge qui est dans ma main; et elles seront changées en sang. Les poissons qui sont dans le fleuve périront, le fleuve se corrompra, et les Égyptiens s'efforceront en vain de boire l'eau du fleuve.» (Exode 7: 14-18).
Et plus tard :
«Moïse étendit sa verge vers le ciel; et l'Éternel envoya des tonnerres et de la grêle, et le feu se promenait sur la terre. L'Éternel fit pleuvoir de la grêle sur le pays d'Égypte.» (Exode 9:23)
Remarquez le pouvoir du bâton sur les eaux de la rivière et sur le ciel (comme les dragons chinois). Plus tard, on nous dit significativement que le bâton-serpent sépare les eaux de la Mer Rouge :
« L'Éternel dit à Moïse: Pourquoi ces cris? Parle aux enfants d'Israël, et qu'ils marchent. Toi, lève ta verge, étends ta main sur la mer, et fends-la; et les enfants d'Israël entreront au milieu de la mer à sec.» (Exode 14: 15-16).
Ensuite, on nous dit que les Hébreux errèrent dans le désert et furent sauvés d'un fléau de serpent grâce à un serpent magique similaire :
«Alors l'Eternel envoya contre le peuple des serpents brûlants; ils mordirent le peuple, et il mourut beaucoup de gens en Israël. Le peuple vint à Moïse, et dit: Nous avons péché, car nous avons parlé contre l'Eternel et contre toi. Prie l'Eternel, afin qu'il éloigne de nous ces serpents. Moïse pria pour le peuple. L'Eternel dit à Moïse: Fais-toi un serpent brûlant, et place-le sur une perche; quiconque aura été mordu, et le regardera, conservera la vie.» (Nombres 21: 6-8).
Il s'agit du serpent qui a été vénéré aux côtés de la représentation d'arbre d'Asherah, à la consternation des réformateurs ultérieurs.
Nous pouvons certainement trouver les origines des images particulières de la Mère de Vie, de l'Arbre de Vie et du serpent sans quitter le Proche Orient antique. Toutefois, il vaut la peine de démontrer que ces idées étaient répandues partout dans le monde. Dans la mythologie viking, l'Arbre Monde, Yggdrasil, siège au centre du monde. Un dragon se terre à l'intérieur et plusieurs serpents se trouvent en-dessous. Le dieu Odin se pend lui-même à cet arbre afin d'acquérir le pouvoir sur les runes (savoir et savoir prophétique). En Orient, l'eau/la sagesse/ le serpent est un pouvoir considéré bénéfique. Les dragons chinois sont des dieux de l'eau possédant des pouvoirs pour contrôler les pluies et les rivières et ont l'habileté d'accorder la bonne fortune. Bouddha atteignit l'illumination alors qu'il était assis sous l'arbre Bodhi, protégé de la pluie par un cobras géant. Dans le yoga hindou, un pouvoir-serpent appelé kundalini réside à la base de la colonne vertébrale et les praticiens temptent de faire élever le serpent jusqu'au-dessus de leur tête, créant ainsi une conscience mystique s'ils y parviennent. Dans le Nouveau Monde, un dieu serpent-à-plumes nommé Quetzalcoatl était le Dieu de la Sagesse, associé au pouvoir sacerdotal. Les serpents faisaient aussi partie de la mythologie africaine et plusieurs dieux et déesses égyptiens, aussi bien que les pharaons, portaient l'image d'un cobras sur leur tête.
Il y a seulement deux explications possibles pour expliquer l'étendue de cette croyance similaire dans le monde. Soit l'idée que le pouvoir du serpent est un archétype profondément ancré dans notre inconscient human (notre propre océan primordial) ou alors il est tellement ancien qu'il traversa avec nous que nos ancêtres quittèrent l'Afrique pour se disperser à travers le monde.
Contrairement à plusieurs de nos voisins de l'est, nous, dans l'ouest chrétien, sommes habitués à penser que les dragons sont des méchants qui doivent être conquis par des héros. Plusieurs sont également accoutumés à penser au serpent comme le représentant de Satan dans le jardin d'Éden, mais c'est une adaptation chrétienne plus tardive du récit. Le serpent n'est jamais identifié de la sorte dans le récit hébraïque, pas plus qu'il n'est considéré démoniaque dans la religion juive.
Yahvé et le Serpent
Nous allons maintenant entrer un territoire plutôt bizarre. Il existe certaines indications selon lesquelles Yahvé lui-même aurait réclamé le Pouvoir du Serpent. Peut-être l'imagerie la plus singulière de la Bible lie Yahvé lui-même avec le serpent. Dans 2 Rois 18:4, un prophète en colère nous rapporte que le serpent de bronze de Moïse était vénéré aux côtés de l'image d'Asherah. Le peuple d'Israël brûlait de l'encens pour cette tête de serpent de bronze, comme ils le feraient pour un dieu et ils l'appelaient Nehushtan (lié au mot nachash, mot hébreu pour dire serpent).
Nous rencontrons pour la première fois les pouvoirs de serpent de Yahvé dans la connexion avec Moïse dans l'Exode chapitre 7, lorsque le grand leader tente de persuader le pharaon d'Égypte de laisser les Israélites (esclaves) partir librement. Dans ce récit, Moïse et son frère Aaron laissent tomber leurs bâtons et ceux-ci se changent en serpents. Les sorciers du Pharaon jettent alors leurs bâtons également qui se changent en serpents, mais le serpent d'Aaron engloutit les serpents égyptiens.
Moïse utilise alors son bâton magique pour apporter les fléaux en Égypte. En voici deux exemples :
« L'Éternel dit à Moïse: Pharaon a le coeur endurci; il refuse de laisser aller le peuple. Va vers Pharaon dès le matin; il sortira pour aller près de l'eau, et tu te présenteras devant lui au bord du fleuve. Tu prendras à ta main la verge qui a été changée en serpent, et tu diras à Pharaon: L'Éternel, le Dieu des Hébreux, m'a envoyé auprès de toi, pour te dire: Laisse aller mon peuple, afin qu'il me serve dans le désert. Et voici, jusqu'à présent tu n'as point écouté. Ainsi parle l'Éternel: A ceci tu connaîtras que je suis l'Éternel. Je vais frapper les eaux du fleuve avec la verge qui est dans ma main; et elles seront changées en sang. Les poissons qui sont dans le fleuve périront, le fleuve se corrompra, et les Égyptiens s'efforceront en vain de boire l'eau du fleuve.» (Exode 7: 14-18).
Et plus tard :
«Moïse étendit sa verge vers le ciel; et l'Éternel envoya des tonnerres et de la grêle, et le feu se promenait sur la terre. L'Éternel fit pleuvoir de la grêle sur le pays d'Égypte.» (Exode 9:23)
Remarquez le pouvoir du bâton sur les eaux de la rivière et sur le ciel (comme les dragons chinois). Plus tard, on nous dit significativement que le bâton-serpent sépare les eaux de la Mer Rouge :
« L'Éternel dit à Moïse: Pourquoi ces cris? Parle aux enfants d'Israël, et qu'ils marchent. Toi, lève ta verge, étends ta main sur la mer, et fends-la; et les enfants d'Israël entreront au milieu de la mer à sec.» (Exode 14: 15-16).
Ensuite, on nous dit que les Hébreux errèrent dans le désert et furent sauvés d'un fléau de serpent grâce à un serpent magique similaire :
«Alors l'Eternel envoya contre le peuple des serpents brûlants; ils mordirent le peuple, et il mourut beaucoup de gens en Israël. Le peuple vint à Moïse, et dit: Nous avons péché, car nous avons parlé contre l'Eternel et contre toi. Prie l'Eternel, afin qu'il éloigne de nous ces serpents. Moïse pria pour le peuple. L'Eternel dit à Moïse: Fais-toi un serpent brûlant, et place-le sur une perche; quiconque aura été mordu, et le regardera, conservera la vie.» (Nombres 21: 6-8).
Il s'agit du serpent qui a été vénéré aux côtés de la représentation d'arbre d'Asherah, à la consternation des réformateurs ultérieurs.

L'Épouse du Serpent
Comme le serpent, la Déesse Mère est l'un des symboles les plus anciens de l'humanité. Souvent représentée nue (comme Ève), on la retrouve sur les sites néolithiques et paléolithiques, partout en Europe et au Proche Orient, nous rappelant que dans les récits de création originels, il est probable que l'humanité a fait le parallèle entre la mère donnant naissance grâce à son propre corps et la terre, ou l'univers, donnant naissance à toutes choses, nous inclus. L'un des détails les plus frappants du mythe d'Éden est qu'Ève est née à partir du corps d'Adam, ce qui est le revers plutôt évident d'un fait biologique. Tous les hommes sont nés de mères.
Une paire de divins créateurs comme El et Asherah ou Yahvé et Asherah fait aussi beaucoup de sens métaphorique. Mais les prêtres yahvistes fabriquèrent une revendication inouïe : ils dirent que Dieu était masculin et qu'il régnait seul. Il y avait un Père, mais pas de Mère. Yahvé absorba l'image de l'homme barbu attribué au cananéen El et ainsi que les attributs du dieu cananéen de la tempête et de la guerre Baal. Laissés derrière furent le serpent, l'arbre et la mère. Grattez la surface des récits de la Bible juste un tout petit peu et vous trouverez le bâton serpent et le culte de l'arbre d'Asherah sous chaque arbre vert, mais dans la doctrine monothéiste officielle la signification de ces symboles est désavouée.
Ainsi nous avons perdu Asherah, l'Épouse de Dieu, l'Arbre de Vie et l'habileté à accéder à la sagesse divine. Je crois que cette perte créa une blessure collective dans la psyché occidentale, laquelle revient continuellement dans nos histoires : Cendrillon couverte de cendres doit être cherchée par le prince qui n'a d'elle que l'un de ses souliers; La belle aux bois dormant qui est endormie pendant 100 ans par une sorcière que l'on a pas invitée à la fête de sa naissance, jusqu'à ce qu'elle soit trouvée par son prince; le Graal (un symbole très féminin et utérin) qui doit être trouvé par un véritable chevalier; une légende médiévale qui affirme que Marie Madeleine est l'épouse secrète du Christ; et Mère Marie qui est intronisée au Paradis (sans jamais avoir admis qui elle était, elle est encore représentée parfois marchant sur un serpent).
Si nous recherchons cette mère perdue et épouse de Dieu toutefois, nous pouvons nous rendre compte que ses fruits nous sont accessibles. Se pourrait-il que la sagesse et la vie longue peuvent être trouvés ici dans le grand jardin créé pour nous, hommes et femmes, les seules créatures à avoir été faites à l'image du divin? Est-ce que notre mère n'attend pas seulement que nous retrouvions notre chemin vers le pied de l'arbre? Peut-être qu'en mangeant de ce fruit, «les yeux de nos esprits», comme un auteur gnostique l'écrivit, seront ouverts. Peut-être reconnaitrons-nous que nous que nous étions en Éden tout ce temps, et qu'ainsi nous pourrons commencer à recréer le Jardin du paradis que nous étions destinés à avoir depuis tout ce temps.
*.*.*.*.*.*
Images :
1ere : Ève et le Serpent à l'Arbre de la Connaissance, peinture de John Roddam Spencer-Stanhope (1829-1908)
2e : Petit votif de la déesse-mère Asherah que plusieurs archéologues ont retrouvé dans les anciennes demeures des Israélites
3e : Le dieu sumérien Ningizzida, apparaissant comme deux serpents enroulés autour d'un pôle, comme celui représenté sur un vase de Sumer, datant d'il y a 4000 ans. Ningizzida était le fils d'Enki, dieu de l'eau et de la sagesse qui créa les humains grâce à l'argile dans le mythe sumérien. L'un des deux aurait pu être à l'origine du serpent d'Éden.
4e : La Déesse Serpent de la Crète ancienne, de la culture minéenne, plus ancienne qu'Israël mais qui marchanda avec les premiers cananéens.
5e: Une portion des Neuf Dragons à la Cité Interdite, en Chine. Ces dragons bénéfiques contrôlent le vent et la pluie. Photo par Shizhao.
6e : Marie marche sur un serpent dans cette peinture allemande d'artiste inconnu, datant du 18e siècle.
Comme le serpent, la Déesse Mère est l'un des symboles les plus anciens de l'humanité. Souvent représentée nue (comme Ève), on la retrouve sur les sites néolithiques et paléolithiques, partout en Europe et au Proche Orient, nous rappelant que dans les récits de création originels, il est probable que l'humanité a fait le parallèle entre la mère donnant naissance grâce à son propre corps et la terre, ou l'univers, donnant naissance à toutes choses, nous inclus. L'un des détails les plus frappants du mythe d'Éden est qu'Ève est née à partir du corps d'Adam, ce qui est le revers plutôt évident d'un fait biologique. Tous les hommes sont nés de mères.
Une paire de divins créateurs comme El et Asherah ou Yahvé et Asherah fait aussi beaucoup de sens métaphorique. Mais les prêtres yahvistes fabriquèrent une revendication inouïe : ils dirent que Dieu était masculin et qu'il régnait seul. Il y avait un Père, mais pas de Mère. Yahvé absorba l'image de l'homme barbu attribué au cananéen El et ainsi que les attributs du dieu cananéen de la tempête et de la guerre Baal. Laissés derrière furent le serpent, l'arbre et la mère. Grattez la surface des récits de la Bible juste un tout petit peu et vous trouverez le bâton serpent et le culte de l'arbre d'Asherah sous chaque arbre vert, mais dans la doctrine monothéiste officielle la signification de ces symboles est désavouée.
Ainsi nous avons perdu Asherah, l'Épouse de Dieu, l'Arbre de Vie et l'habileté à accéder à la sagesse divine. Je crois que cette perte créa une blessure collective dans la psyché occidentale, laquelle revient continuellement dans nos histoires : Cendrillon couverte de cendres doit être cherchée par le prince qui n'a d'elle que l'un de ses souliers; La belle aux bois dormant qui est endormie pendant 100 ans par une sorcière que l'on a pas invitée à la fête de sa naissance, jusqu'à ce qu'elle soit trouvée par son prince; le Graal (un symbole très féminin et utérin) qui doit être trouvé par un véritable chevalier; une légende médiévale qui affirme que Marie Madeleine est l'épouse secrète du Christ; et Mère Marie qui est intronisée au Paradis (sans jamais avoir admis qui elle était, elle est encore représentée parfois marchant sur un serpent).
Si nous recherchons cette mère perdue et épouse de Dieu toutefois, nous pouvons nous rendre compte que ses fruits nous sont accessibles. Se pourrait-il que la sagesse et la vie longue peuvent être trouvés ici dans le grand jardin créé pour nous, hommes et femmes, les seules créatures à avoir été faites à l'image du divin? Est-ce que notre mère n'attend pas seulement que nous retrouvions notre chemin vers le pied de l'arbre? Peut-être qu'en mangeant de ce fruit, «les yeux de nos esprits», comme un auteur gnostique l'écrivit, seront ouverts. Peut-être reconnaitrons-nous que nous que nous étions en Éden tout ce temps, et qu'ainsi nous pourrons commencer à recréer le Jardin du paradis que nous étions destinés à avoir depuis tout ce temps.
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Images :
1ere : Ève et le Serpent à l'Arbre de la Connaissance, peinture de John Roddam Spencer-Stanhope (1829-1908)
2e : Petit votif de la déesse-mère Asherah que plusieurs archéologues ont retrouvé dans les anciennes demeures des Israélites
3e : Le dieu sumérien Ningizzida, apparaissant comme deux serpents enroulés autour d'un pôle, comme celui représenté sur un vase de Sumer, datant d'il y a 4000 ans. Ningizzida était le fils d'Enki, dieu de l'eau et de la sagesse qui créa les humains grâce à l'argile dans le mythe sumérien. L'un des deux aurait pu être à l'origine du serpent d'Éden.
4e : La Déesse Serpent de la Crète ancienne, de la culture minéenne, plus ancienne qu'Israël mais qui marchanda avec les premiers cananéens.
5e: Une portion des Neuf Dragons à la Cité Interdite, en Chine. Ces dragons bénéfiques contrôlent le vent et la pluie. Photo par Shizhao.
6e : Marie marche sur un serpent dans cette peinture allemande d'artiste inconnu, datant du 18e siècle.