Hymne à Inanna : La Cour d'Inanna et Dumuzi
Traduit et adapté de l’anglais par Ishara Labyris
D’après le texte The Courtship of Inanna & Dumuzi
Inanna Queen of Heaven and Earth – Diane Wolkstein & Samuel Norah Kramer
Le frère parla à sa jeune sœur.
Le dieu soleil, Utu, parla à Inanna, disant :
« Jeune Dame, le lin dans sa plénitude est adorable.
Inanna, le grain est brillant dans le sillon.
Je le houerai pour toi. Je te l’apporterai.
Un morceau de linge, petit ou grand, est toujours nécessaire.
Inanna, je te l’apporterai. »
« Frère, après que tu m’auras apporté le lin,
Qui le préparera pour moi ? »
« Sœur, je te l’apporterai préparé ».
« Utu, une fois que tu me l’auras apporté préparé,
Qui le filera pour moi ? »
« Inanna, je te l’apporterai filé ».
« Frère, une fois que tu me l’auras apporté filé,
Qui le tressera pour moi ? »
« Sœur, je te l’apporterai tressé. »
« Frère, une fois que tu me l’auras apporté tressé,
Qui me le déformera? »
« Sœur, je te l’apporterai déformé ».
« Frère, une fois que tu me l’auras apporté déformé,
Qui le tissera pour moi ? »
« Sœur, je te l’apporterai tissé ».
« Utu, une fois que tu me l’auras apporté tissé,
Qui le blanchira pour moi? »
« Inanna, je te l’apporterai blanchi ».
« Frère, une fois que tu m’auras apporté les draps nuptiaux,
Qui ira au lit avec moi?
Utu, qui viendra au lit avec moi? »
« Sœur, ton époux ira au lit avec toi.
Celui qui est né d’un utérus fertile,
Celui qui a été conçu sur le trône du mariage sacré,
Dumuzi, le berger! Il ira au lit avec toi ».
Inanna dit :
« Non, Frère!
L’homme de mon cœur travaille la houe.
Le fermier! Il est l’homme de mon cœur!
Il amasse les grains en grands tas.
Il apporte régulièrement le grain dans mes granges. »
Utu dit :
« Sœur, épouse le berger.
Pourquoi es-tu réticente?
Sa crème est bonne; son lait est bon.
Tout ce qu’il touche scintille brillamment.
Inanna, épouse Dumuzi.
Toi qui te pares du collier de fertilité en agate,
Pourquoi es-tu réticente?
Dumuzi partagera sa riche crème avec toi.
Toi qui es destinée à être la protectrice du roi,
Pourquoi es-tu réticente? »
Inanna dit :
« Le berger! Je n’épouserai pas le berger!
Ses vêtements sont grossiers; sa laine est rude.
J’épouserai le fermier.
Le fermier cultive le lin pour mes vêtements.
Le fermier cultive l’orge pour ma table. »
Dumuzi dit :
« Pourquoi parles-tu du fermier?
Pourquoi parles-tu de lui?
S’il te donne de la farine noire,
Je te donnerai de la laine noire.
S’il te donne de la farine blanche,
Je te donnerai de la laine blanche.
S’il te donne de la bière,
Je te donnerai du lait sucré.
S’il te donne du pain,
Je te donnerai du fromage au miel.
Je donnerai au fermier les restes de ma crème.
Je donnerai au fermier les restes de mon lait.
Pourquoi parles-tu du fermier?
Qu’a-t-il que je n’ai pas ? »
Inanna dit :
« Berger, sans ma mère, Ningal, tu aurais été chassé,
Sans ma grand-mère, Ningikuga, tu aurais été chassé dans les steppes,
Sans mon père, Nanna, tu n’aurais pas de toît,
Sans mon frère Utu –. »
Dumuzi dit :
« Inanna, n’entame pas de querelle.
Mon père, Enki, est aussi bon que ton père, Nanna.
Ma mère, Sirtur, est aussi bonne que ta mère, Ningal.
Ma sœur, Geshtinanna, est aussi bonne que la tienne.
Reine du palais, parlons-en.
Inanna, assoyons-nous et parlons ensemble.
Je suis aussi bon qu’Utu.
Enki est aussi bon que Nanna.
Sirtur est aussi bonne que Ningal.
Reine du palais, parlons-en. »
Les mots qu’ils se dirent
Étaient des mots de désir.
Depuis le début de la querelle,
Vint le désir des amants.
Le berger vint à la maison royale avec sa crème.
Dumuzi vint à la maison royale avec son lait.
Devant la porte, il appela :
« Ouvre la maison, Ma Dame, ouvre la maison! »
Inanna courut jusqu’à Ningal, la mère qui l’avait portée.
Ningal conseilla sa fille, lui disant :
« Mon enfant, le jeune homme sera ton père.
Ma fille, le jeune homme sera ta mère.
Il te traitera comme s’il était ton père.
Il prendra soin de toi comme une mère.
Ouvre la maison, Ma Dame, ouvre la maison! »
Inanna, à la demande de sa mère,
Prit un bain et se parfuma avec de l’huile odorante.
Elle couvrit son corps de la robe blanche royale.
Elle prépara sa dot.
Elle disposa ses précieuses billes de lapis autour de son cou.
Elle prit son sceau dans sa main.
Dumuzi attendait avec hâte.
Inanna ouvrit la porte pour lui.
À l’intérieur de la maison, elle apparu devant lui
Comme la lumière de la lune.
Dumuzi la regarda joyeusement.
Il pressa son cou contre le sien.
Il l’embrassa.
Inanna dit :
« Ce que je te dis
Laisse le chanteur le tisser en chanson.
Ce que je te dis
Laisse-le couler de ton oreille vers ta bouche,
Laisse-le passer des vieux aux jeunes :
Ma vulve, la corne,
La Barque des Cieux,
Est pleine d’ardeur comme la jeune lune.
Ma jeune terre non-cultivée en jachère.
Qui pour moi, Inanna,
Qui labourera ma vulve?
Qui labourera mon haut champ?
Qui labourera mon sol humide?
Qui pour moi, la jeune femme,
Qui labourera ma vulve?
Qui posera le bœuf là?
Qui labourera ma vulve? »
Dumuzi répondit :
« Grande Dame, le roi labourera ta vulve.
Moi, Dumuzi, labourerai ta vulve. »
Inanna :
« Alors laboure ma vulve, homme de mon cœur!
Laboure ma vulve! »
Sur les cuisses du roi s’éleva le haut cèdre.
Les plantes crûrent hautes à leurs côtés.
Les grains crûrent hauts à leurs côtés.
Les jardins fleurirent, luxuriants.
Inanna chanta :
« Il a germé; il a bourgeonné;
Il est laitue plantée par l’eau.
Il est celui que mon utérus aime le plus.
Mon jardin bien garni sur la plaine,
Mon orge croissant haute dans son sillon,
Mon pommier qui porte ses fruits dans ses cimes,
Il est laitue plantée par l’eau.
Mon homme-miel, mon homme-miel m’adoucit toujours.
Mon seigneur, l’homme-miel des dieux,
Il est celui que mon utérus aime le plus.
Sa main est miel, son pied est miel,
Il m’adoucit toujours.
Mon désir ardent de caresser son nombril,
Ma caresse sur ses douces cuisses,
Il est celui que mon utérus aime le plus,
Il est laitue plantée par l’eau. »
Dumuzi chanta :
« Ô Dame, ta poitrine est ton champ.
Inanna, ta poitrine est ton champ.
Ton vaste champ déverse des plants.
Ton vaste champ déverse du grain.
L’eau s’écoule de haut pour ton serviteur.
Le pain abonde de haut pour ton serviteur.
Verse-en-moi Inanna.
Je boirai tout ce que tu offres. »
Inanna chanta :
« Que ton lait soit sucré et épais, mon époux.
Mon berger, je boirai de ton lait frais.
Sauvage taureau, Dumuzi, que ton lait soit sucré et épais.
Je boirai de ton lait frais.
Que le lait de la chèvre coule dans ma bergerie.
Remplis ma sainte baratte de fromage au miel.
Seigneur Dumuzi, je boirai de ton lait frais.
Mon époux, je garderai la bergerie pour toi.
Je veillerai sur ta maison de vie, ta grange,
Cet endroit scintillant et frémissant qui réjouit Sumer –
La maison qui décide les destins du pays,
La maison qui donne le souffle de vie au peuple.
Moi, la Reine du palais, veillerai sur ta maison ».
Dumuzi dit :
« Ma sœur, j’irai avec toi à mon jardin.
Inanna, j’irai avec toi à mon jardin.
J’irai avec toi à mon verger.
J’irai avec toi à mon pommier.
Et là je planterai le doux grain, couvert de miel ».
Inanna dit :
« Il m’emmena en son jardin.
Mon frère, Dumuzi, m’emmena en son jardin.
Je me promenai avec lui parmi les arbres debout,
Je me promenai avec lui parmi les arbres couchés,
Près d’un pommier, je me suis agenouillée comme il se doit.
Devant mon frère venant en chantant,
Qui s’éleva à moi dans les feuilles des peupliers,
Qui vint à moi dans la chaleur de midi,
Devant mon seigneur Dumuzi,
J’ai versé des plantes de mon utérus.
J’ai placé des plantes devant lui,
J’ai versé des plantes devant lui.
J’ai placé du grain devant lui,
J’ai versé du grain devant lui.
J’ai versé du grain de mon utérus. »
Inanna chanta :
« La nuit dernière, alors que moi, la reine, brillait, lumineuse,
La nuit dernière, alors que moi, Reine des Cieux, était lumineuse,
Comme j’étais lumineuse et dansante,
Chantais des louanges à la venue de la nuit –
Il vint à moi – il vint à moi!
Mon seigneur Dumuzi vint à moi.
Il mit sa main dans ma main.
Il pressa son cou contre le mien.
Mon haut prêtre est prêt pour les saintes lombes.
Mon seigneur Dumuzi est prêt pour les saintes lombes.
Les plantes et les herbes de son champ sont mûres.
Ô Dumuzi! Ta plénitude est mon ravissement! »
Elle appela pour cela, elle appela pour cela, elle appela pour le lit !
Elle appela pour le lit qui réjouit le cœur.
Elle appela pour le lit qui adoucit les lombes.
Elle appela pour le lit du roi.
Appela pour le lit de la reine.
Inanna appela pour le lit :
« Que le lit qui réjouit le cœur soit préparé!
Que le lit qui adoucit les lombes soit préparé!
Que le lit du roi soit préparé!
Que le lit de la reine soit préparé!
Que le lit royal soit préparé! »
Inanna étendit les draps nuptiaux sur le lit.
Elle appela le roi :
« Le lit est pêt! »
Elle appela son époux :
« Le lit attend! ».
Il mit sa main dans sa main.
Il mit sa main sur son cœur.
Doux est le sommeil main dans la main.
Bien plus doux encore le sommeil cœur contre cœur.
Inanna dit :
« Je me suis baignée pour le taureau sauvage,
Je me suis baignée pour le berger Dumuzi,
J’ai parfumé mon corps avec la pommade,
J’ai couvert ma bouche du doux parfum de l’ambre,
J’ai peint mes yeux avec le kohl.
Il façonna mes lombes avec ses grandes mains,
Le berger Dumuzi remplit mes cuisses de crème et de lait,
Il caressa mon poil pubien,
Il arrosa mon utérus.
Il déposa ses mains sur ma sainte vulve,
Il lissa mon bateau noir avec la crème,
Il stimula mon bateau étroit avec le lait,
Il me caressa sur le lit.
Maintenant, je caresserai mon haut prêtre sur le lit,
Je caresserai mon fidèle berger, Dumuzi,
Je caresserai ses lombes, le berger du pays,
Je décréterai pour lui une douce destinée. »
La Reine des Cieux,
La femme héroïque, plus grande que sa mère,
À qui furent présentées les me par Enki,
Inanna, la Première Fille de la Lune,
Décréta un destin pour Dumuzi :
« Dans la bataille, je suis ton chef,
Dans le combat, je suis celle qui porte ton armure,
Dans l’assemblée, je suis ton avocate,
Dans la campagne, je suis ton inspiration.
Toi, le berger élu du sanctuaire sacré,
Toi, le roi, le fidèle pourvoyeur d’Uruk,
Toi, la lumière du grand sanctuaire d’An,
De toutes les façons tu es apte :
De tenir ta tête haute sur l’estrade élevée,
De t’asseoir sur le trône de lapis-lazuli,
De couvrir ta tête de la sainte couronne,
De porter les vêtements longs sur ton corps,
De porter les ornements de royauté,
De porter le macis et l’épée,
De pointer droits l’arc long et la flèche
Pour garder la lance et la fronde à tes côtés,
Pour courir sur le chemin avec le sceptre sacré dans ta main,
Et les saintes sandales à tes pieds,
À caracoler la sainte poitrine comme un taureau de lapis lazuli.
Toi, le sprinteur, le berger élu,
De toutes les façons, tu es apte.
Que ton cœur jouisse de longs jours.
Ce qu’An a déterminé pour toi ne peut être altéré.
Ce qu’Enlil t’a accordé ne peut être changé.
Tu es le favori de Ningal.
Tu es cher à Inanna ».
Ninshubur, la fidèle servante du saint sanctuaire d’Uruk,
Guida Dumuzi aux douces cuisses d’Inanna, disant :
« Ma reine, voici l’élu de ton cœur,
Le roi, ton époux bienaimé.
Puisse-t-il jouir de longs jours dans la douceur de tes saintes lombes.
Donne-lui un règne favorable et glorieux.
Accorde-lui le trône du roi, ferme dans ses fondations.
Accorde-lui le bâton du jugement du berger.
Accorde-lui la couronne d’endurance avec le diadème radieux et noble.
Là où le soleil se lève jusque là où il se couche,
Du sud au nord,
De la mer Supérieure à la mer Inférieure,
De la terre de l’arbre huluppu jusqu’à la terre du cèdre,
Que le bâton du berger protège tout Sumer et Akkkad.
En fermier, puisse-t-il rendre les champs fertiles,
En berger, puisse-t-il faire en sorte d’agrandir la bergerie,
Sous son règne, puisse-t-il y avoir végétation,
Sous son règne, puisse-t-il y avoir du grain riche.
Dans le marais, puissent le poisson et les oiseaux bavarder,
Dans le canebrake, puissent les jeunes et vieux roseaux croître très haut,
Dans la steppe, puissent les arbres mashgur croître très haut,
Dans les forêts, puissent les cerfs et les chèvres se multiplier,
Dans les vergers, puisse-t-il y avoir du miel et du vin,
Dans les jardins, puissent la laitue et le cresson croître très haut,
Dans le palais, puisse-t-il y avoir longue vie.
Puisse-t-il y avoir crue des eaux dans le Tigre et l’Euphrate,
Puissent les plantes croître très haut près des bancs et remplir les champs,
Puisse la Dame de Végétation empiler les grains en tas et monticules.
Ô ma Reine des Cieux et de la Terre,
Reine de tout l’univers,
Puisse-t-il jouir de longs jours dans la douceur de tes saintes lombes. »
Le roi vint tête haute vers les saintes lombes.
Il vint tête haute vers les saintes lombes d’Inanna.
Il alla vers la reine tête haute.
Il ouvrit ses bras à la sainte prêtresse des cieux.
Inanna dit :
« Mon bienaimé, le ravissement de mes yeux, vint à moi.
Nous nous sommes réjouis ensemble.
Il prit plaisir de moi.
Il m’amena à sa maison.
Il me coucha sur un lit au parfum de miel.
Mon doux amour, couché contre mon cœur,
Jouant avec la langue, un par un,
Mon grand Dumuzi fit ainsi cinquante fois.
Maintenant, mon doux amour est repu.
Il dit maintenant :
« Libère-moi, ma sœur, libère-moi.
Tu seras une petite fille pour mon père.
Viens, ma bienaimée sœur, j’aimerais aller au palais.
Libère-moi… »
Inanna dit :
« Mon porteur de fleurs, ton allure était douce.
Mon porteur de fleurs dans le verger de pommiers,
Mon porteur de fruits dans le verger de pommiers,
Dumuzi-abzu, ton allure était douce.
Mon intrépide,
Ma sainte statue,
Ma statue parée de l’épée et du diadème de lapis-lazuli,
Si douce était ton allure… »
D’après le texte The Courtship of Inanna & Dumuzi
Inanna Queen of Heaven and Earth – Diane Wolkstein & Samuel Norah Kramer
Le frère parla à sa jeune sœur.
Le dieu soleil, Utu, parla à Inanna, disant :
« Jeune Dame, le lin dans sa plénitude est adorable.
Inanna, le grain est brillant dans le sillon.
Je le houerai pour toi. Je te l’apporterai.
Un morceau de linge, petit ou grand, est toujours nécessaire.
Inanna, je te l’apporterai. »
« Frère, après que tu m’auras apporté le lin,
Qui le préparera pour moi ? »
« Sœur, je te l’apporterai préparé ».
« Utu, une fois que tu me l’auras apporté préparé,
Qui le filera pour moi ? »
« Inanna, je te l’apporterai filé ».
« Frère, une fois que tu me l’auras apporté filé,
Qui le tressera pour moi ? »
« Sœur, je te l’apporterai tressé. »
« Frère, une fois que tu me l’auras apporté tressé,
Qui me le déformera? »
« Sœur, je te l’apporterai déformé ».
« Frère, une fois que tu me l’auras apporté déformé,
Qui le tissera pour moi ? »
« Sœur, je te l’apporterai tissé ».
« Utu, une fois que tu me l’auras apporté tissé,
Qui le blanchira pour moi? »
« Inanna, je te l’apporterai blanchi ».
« Frère, une fois que tu m’auras apporté les draps nuptiaux,
Qui ira au lit avec moi?
Utu, qui viendra au lit avec moi? »
« Sœur, ton époux ira au lit avec toi.
Celui qui est né d’un utérus fertile,
Celui qui a été conçu sur le trône du mariage sacré,
Dumuzi, le berger! Il ira au lit avec toi ».
Inanna dit :
« Non, Frère!
L’homme de mon cœur travaille la houe.
Le fermier! Il est l’homme de mon cœur!
Il amasse les grains en grands tas.
Il apporte régulièrement le grain dans mes granges. »
Utu dit :
« Sœur, épouse le berger.
Pourquoi es-tu réticente?
Sa crème est bonne; son lait est bon.
Tout ce qu’il touche scintille brillamment.
Inanna, épouse Dumuzi.
Toi qui te pares du collier de fertilité en agate,
Pourquoi es-tu réticente?
Dumuzi partagera sa riche crème avec toi.
Toi qui es destinée à être la protectrice du roi,
Pourquoi es-tu réticente? »
Inanna dit :
« Le berger! Je n’épouserai pas le berger!
Ses vêtements sont grossiers; sa laine est rude.
J’épouserai le fermier.
Le fermier cultive le lin pour mes vêtements.
Le fermier cultive l’orge pour ma table. »
Dumuzi dit :
« Pourquoi parles-tu du fermier?
Pourquoi parles-tu de lui?
S’il te donne de la farine noire,
Je te donnerai de la laine noire.
S’il te donne de la farine blanche,
Je te donnerai de la laine blanche.
S’il te donne de la bière,
Je te donnerai du lait sucré.
S’il te donne du pain,
Je te donnerai du fromage au miel.
Je donnerai au fermier les restes de ma crème.
Je donnerai au fermier les restes de mon lait.
Pourquoi parles-tu du fermier?
Qu’a-t-il que je n’ai pas ? »
Inanna dit :
« Berger, sans ma mère, Ningal, tu aurais été chassé,
Sans ma grand-mère, Ningikuga, tu aurais été chassé dans les steppes,
Sans mon père, Nanna, tu n’aurais pas de toît,
Sans mon frère Utu –. »
Dumuzi dit :
« Inanna, n’entame pas de querelle.
Mon père, Enki, est aussi bon que ton père, Nanna.
Ma mère, Sirtur, est aussi bonne que ta mère, Ningal.
Ma sœur, Geshtinanna, est aussi bonne que la tienne.
Reine du palais, parlons-en.
Inanna, assoyons-nous et parlons ensemble.
Je suis aussi bon qu’Utu.
Enki est aussi bon que Nanna.
Sirtur est aussi bonne que Ningal.
Reine du palais, parlons-en. »
Les mots qu’ils se dirent
Étaient des mots de désir.
Depuis le début de la querelle,
Vint le désir des amants.
Le berger vint à la maison royale avec sa crème.
Dumuzi vint à la maison royale avec son lait.
Devant la porte, il appela :
« Ouvre la maison, Ma Dame, ouvre la maison! »
Inanna courut jusqu’à Ningal, la mère qui l’avait portée.
Ningal conseilla sa fille, lui disant :
« Mon enfant, le jeune homme sera ton père.
Ma fille, le jeune homme sera ta mère.
Il te traitera comme s’il était ton père.
Il prendra soin de toi comme une mère.
Ouvre la maison, Ma Dame, ouvre la maison! »
Inanna, à la demande de sa mère,
Prit un bain et se parfuma avec de l’huile odorante.
Elle couvrit son corps de la robe blanche royale.
Elle prépara sa dot.
Elle disposa ses précieuses billes de lapis autour de son cou.
Elle prit son sceau dans sa main.
Dumuzi attendait avec hâte.
Inanna ouvrit la porte pour lui.
À l’intérieur de la maison, elle apparu devant lui
Comme la lumière de la lune.
Dumuzi la regarda joyeusement.
Il pressa son cou contre le sien.
Il l’embrassa.
Inanna dit :
« Ce que je te dis
Laisse le chanteur le tisser en chanson.
Ce que je te dis
Laisse-le couler de ton oreille vers ta bouche,
Laisse-le passer des vieux aux jeunes :
Ma vulve, la corne,
La Barque des Cieux,
Est pleine d’ardeur comme la jeune lune.
Ma jeune terre non-cultivée en jachère.
Qui pour moi, Inanna,
Qui labourera ma vulve?
Qui labourera mon haut champ?
Qui labourera mon sol humide?
Qui pour moi, la jeune femme,
Qui labourera ma vulve?
Qui posera le bœuf là?
Qui labourera ma vulve? »
Dumuzi répondit :
« Grande Dame, le roi labourera ta vulve.
Moi, Dumuzi, labourerai ta vulve. »
Inanna :
« Alors laboure ma vulve, homme de mon cœur!
Laboure ma vulve! »
Sur les cuisses du roi s’éleva le haut cèdre.
Les plantes crûrent hautes à leurs côtés.
Les grains crûrent hauts à leurs côtés.
Les jardins fleurirent, luxuriants.
Inanna chanta :
« Il a germé; il a bourgeonné;
Il est laitue plantée par l’eau.
Il est celui que mon utérus aime le plus.
Mon jardin bien garni sur la plaine,
Mon orge croissant haute dans son sillon,
Mon pommier qui porte ses fruits dans ses cimes,
Il est laitue plantée par l’eau.
Mon homme-miel, mon homme-miel m’adoucit toujours.
Mon seigneur, l’homme-miel des dieux,
Il est celui que mon utérus aime le plus.
Sa main est miel, son pied est miel,
Il m’adoucit toujours.
Mon désir ardent de caresser son nombril,
Ma caresse sur ses douces cuisses,
Il est celui que mon utérus aime le plus,
Il est laitue plantée par l’eau. »
Dumuzi chanta :
« Ô Dame, ta poitrine est ton champ.
Inanna, ta poitrine est ton champ.
Ton vaste champ déverse des plants.
Ton vaste champ déverse du grain.
L’eau s’écoule de haut pour ton serviteur.
Le pain abonde de haut pour ton serviteur.
Verse-en-moi Inanna.
Je boirai tout ce que tu offres. »
Inanna chanta :
« Que ton lait soit sucré et épais, mon époux.
Mon berger, je boirai de ton lait frais.
Sauvage taureau, Dumuzi, que ton lait soit sucré et épais.
Je boirai de ton lait frais.
Que le lait de la chèvre coule dans ma bergerie.
Remplis ma sainte baratte de fromage au miel.
Seigneur Dumuzi, je boirai de ton lait frais.
Mon époux, je garderai la bergerie pour toi.
Je veillerai sur ta maison de vie, ta grange,
Cet endroit scintillant et frémissant qui réjouit Sumer –
La maison qui décide les destins du pays,
La maison qui donne le souffle de vie au peuple.
Moi, la Reine du palais, veillerai sur ta maison ».
Dumuzi dit :
« Ma sœur, j’irai avec toi à mon jardin.
Inanna, j’irai avec toi à mon jardin.
J’irai avec toi à mon verger.
J’irai avec toi à mon pommier.
Et là je planterai le doux grain, couvert de miel ».
Inanna dit :
« Il m’emmena en son jardin.
Mon frère, Dumuzi, m’emmena en son jardin.
Je me promenai avec lui parmi les arbres debout,
Je me promenai avec lui parmi les arbres couchés,
Près d’un pommier, je me suis agenouillée comme il se doit.
Devant mon frère venant en chantant,
Qui s’éleva à moi dans les feuilles des peupliers,
Qui vint à moi dans la chaleur de midi,
Devant mon seigneur Dumuzi,
J’ai versé des plantes de mon utérus.
J’ai placé des plantes devant lui,
J’ai versé des plantes devant lui.
J’ai placé du grain devant lui,
J’ai versé du grain devant lui.
J’ai versé du grain de mon utérus. »
Inanna chanta :
« La nuit dernière, alors que moi, la reine, brillait, lumineuse,
La nuit dernière, alors que moi, Reine des Cieux, était lumineuse,
Comme j’étais lumineuse et dansante,
Chantais des louanges à la venue de la nuit –
Il vint à moi – il vint à moi!
Mon seigneur Dumuzi vint à moi.
Il mit sa main dans ma main.
Il pressa son cou contre le mien.
Mon haut prêtre est prêt pour les saintes lombes.
Mon seigneur Dumuzi est prêt pour les saintes lombes.
Les plantes et les herbes de son champ sont mûres.
Ô Dumuzi! Ta plénitude est mon ravissement! »
Elle appela pour cela, elle appela pour cela, elle appela pour le lit !
Elle appela pour le lit qui réjouit le cœur.
Elle appela pour le lit qui adoucit les lombes.
Elle appela pour le lit du roi.
Appela pour le lit de la reine.
Inanna appela pour le lit :
« Que le lit qui réjouit le cœur soit préparé!
Que le lit qui adoucit les lombes soit préparé!
Que le lit du roi soit préparé!
Que le lit de la reine soit préparé!
Que le lit royal soit préparé! »
Inanna étendit les draps nuptiaux sur le lit.
Elle appela le roi :
« Le lit est pêt! »
Elle appela son époux :
« Le lit attend! ».
Il mit sa main dans sa main.
Il mit sa main sur son cœur.
Doux est le sommeil main dans la main.
Bien plus doux encore le sommeil cœur contre cœur.
Inanna dit :
« Je me suis baignée pour le taureau sauvage,
Je me suis baignée pour le berger Dumuzi,
J’ai parfumé mon corps avec la pommade,
J’ai couvert ma bouche du doux parfum de l’ambre,
J’ai peint mes yeux avec le kohl.
Il façonna mes lombes avec ses grandes mains,
Le berger Dumuzi remplit mes cuisses de crème et de lait,
Il caressa mon poil pubien,
Il arrosa mon utérus.
Il déposa ses mains sur ma sainte vulve,
Il lissa mon bateau noir avec la crème,
Il stimula mon bateau étroit avec le lait,
Il me caressa sur le lit.
Maintenant, je caresserai mon haut prêtre sur le lit,
Je caresserai mon fidèle berger, Dumuzi,
Je caresserai ses lombes, le berger du pays,
Je décréterai pour lui une douce destinée. »
La Reine des Cieux,
La femme héroïque, plus grande que sa mère,
À qui furent présentées les me par Enki,
Inanna, la Première Fille de la Lune,
Décréta un destin pour Dumuzi :
« Dans la bataille, je suis ton chef,
Dans le combat, je suis celle qui porte ton armure,
Dans l’assemblée, je suis ton avocate,
Dans la campagne, je suis ton inspiration.
Toi, le berger élu du sanctuaire sacré,
Toi, le roi, le fidèle pourvoyeur d’Uruk,
Toi, la lumière du grand sanctuaire d’An,
De toutes les façons tu es apte :
De tenir ta tête haute sur l’estrade élevée,
De t’asseoir sur le trône de lapis-lazuli,
De couvrir ta tête de la sainte couronne,
De porter les vêtements longs sur ton corps,
De porter les ornements de royauté,
De porter le macis et l’épée,
De pointer droits l’arc long et la flèche
Pour garder la lance et la fronde à tes côtés,
Pour courir sur le chemin avec le sceptre sacré dans ta main,
Et les saintes sandales à tes pieds,
À caracoler la sainte poitrine comme un taureau de lapis lazuli.
Toi, le sprinteur, le berger élu,
De toutes les façons, tu es apte.
Que ton cœur jouisse de longs jours.
Ce qu’An a déterminé pour toi ne peut être altéré.
Ce qu’Enlil t’a accordé ne peut être changé.
Tu es le favori de Ningal.
Tu es cher à Inanna ».
Ninshubur, la fidèle servante du saint sanctuaire d’Uruk,
Guida Dumuzi aux douces cuisses d’Inanna, disant :
« Ma reine, voici l’élu de ton cœur,
Le roi, ton époux bienaimé.
Puisse-t-il jouir de longs jours dans la douceur de tes saintes lombes.
Donne-lui un règne favorable et glorieux.
Accorde-lui le trône du roi, ferme dans ses fondations.
Accorde-lui le bâton du jugement du berger.
Accorde-lui la couronne d’endurance avec le diadème radieux et noble.
Là où le soleil se lève jusque là où il se couche,
Du sud au nord,
De la mer Supérieure à la mer Inférieure,
De la terre de l’arbre huluppu jusqu’à la terre du cèdre,
Que le bâton du berger protège tout Sumer et Akkkad.
En fermier, puisse-t-il rendre les champs fertiles,
En berger, puisse-t-il faire en sorte d’agrandir la bergerie,
Sous son règne, puisse-t-il y avoir végétation,
Sous son règne, puisse-t-il y avoir du grain riche.
Dans le marais, puissent le poisson et les oiseaux bavarder,
Dans le canebrake, puissent les jeunes et vieux roseaux croître très haut,
Dans la steppe, puissent les arbres mashgur croître très haut,
Dans les forêts, puissent les cerfs et les chèvres se multiplier,
Dans les vergers, puisse-t-il y avoir du miel et du vin,
Dans les jardins, puissent la laitue et le cresson croître très haut,
Dans le palais, puisse-t-il y avoir longue vie.
Puisse-t-il y avoir crue des eaux dans le Tigre et l’Euphrate,
Puissent les plantes croître très haut près des bancs et remplir les champs,
Puisse la Dame de Végétation empiler les grains en tas et monticules.
Ô ma Reine des Cieux et de la Terre,
Reine de tout l’univers,
Puisse-t-il jouir de longs jours dans la douceur de tes saintes lombes. »
Le roi vint tête haute vers les saintes lombes.
Il vint tête haute vers les saintes lombes d’Inanna.
Il alla vers la reine tête haute.
Il ouvrit ses bras à la sainte prêtresse des cieux.
Inanna dit :
« Mon bienaimé, le ravissement de mes yeux, vint à moi.
Nous nous sommes réjouis ensemble.
Il prit plaisir de moi.
Il m’amena à sa maison.
Il me coucha sur un lit au parfum de miel.
Mon doux amour, couché contre mon cœur,
Jouant avec la langue, un par un,
Mon grand Dumuzi fit ainsi cinquante fois.
Maintenant, mon doux amour est repu.
Il dit maintenant :
« Libère-moi, ma sœur, libère-moi.
Tu seras une petite fille pour mon père.
Viens, ma bienaimée sœur, j’aimerais aller au palais.
Libère-moi… »
Inanna dit :
« Mon porteur de fleurs, ton allure était douce.
Mon porteur de fleurs dans le verger de pommiers,
Mon porteur de fruits dans le verger de pommiers,
Dumuzi-abzu, ton allure était douce.
Mon intrépide,
Ma sainte statue,
Ma statue parée de l’épée et du diadème de lapis-lazuli,
Si douce était ton allure… »