:: Kubaba & Cybèle : déesses félines en Anatolie
Article de Miriam Robbins Dexter, Université de Californie à Los Angeles, traduit et adapté par Xella Sieidi
Ce travail expose les différents visages de « Grande Mères » de la déesse au fil de son évolution en Anatolie, de ses déplacements à travers l’Asie mineure, de son entrée en Grèce et à Rome, et de cela son culte dans l’ancien monde. De plus, ce travail explore la controverse au sujet de la déesse Cybèle, d’abord phrygienne, puis gréco-romaine, dans une tentative de déterminer si et comment elle est connectée à l’anatolienne Kubaba, mentionnée dans des textes hittites et plus tard adorée à Karkemish. À l’aide de mes traductions de textes hittites, phrygiens, grecs et romains, je tente d’expliquer les relations de l’anatolienne Kubaba et la phrygienne, grecque et romaine Cybèle.
En Anatolie pré néolithique et néolithique, il existait plusieurs cultes dans lesquels on retrouvait des figures féminines associées à des félins. Le culte le plus ancien recensé est celui de Göbekli Tepe, dans le sud-est de la Turquie, où on a retrouvé un éventail de figures féminines datant de 8000 avant notre ère, gravé sur le mur d’une grotte, entre deux piliers qui eux arborent des représentations de félins.
Le double tertre de Çatal Hüyük, à 45 km au sud de Konya (Turquie) date d’entre le 8è et le 6è millénaire avant notre ère. À l’intérieur des premières couches du tertre, les figures féminines sont accompagnées de figurines masculines, certaines arborant la barbe (et donc, ayant atteint l’âge adulte) et étant assises sur un taureau, d’autres sont d’apparence jeune et montent un léopard. Les figures féminines sont aussi accompagnées de léopard et elles donnent parfois naissance. Une figure assise sur un trône et entourée de félins fut trouvée dans un baril rempli de grain, elle date de 6 200 avant notre ère.
On a retrouvé des figurines féminines accompagnées de léopard et datant d’entre le 7è et 5è millénaire avant notre ère à Hacýlar, près du lac Burdur, à l’ouest de Çatal Hüyük.
À l’âge de bronze, on retrouve dans certains textes la mention d’un poste de traite assyrien à Kültepe, près de Kayseri en Cappadoce. Des marchands de Cappadoce mentionnent par trois fois un prêtre dévoué à Kubaba, autour de 1 900 avant notre ère. Un document datant du 14è ou 13è siècle avant notre ère décrit Kubaba comme étant « la dame Kubaba, maîtresse des terres de Karkemish. »
Kubaba est mentionnée dans plusieurs textes hittites. Dans les archives royales du centre hittite situé à Boðazköy (anciennement Hattusha), des textes datant entre 1 500 et 1 190 avant notre ère, Kubaba apparaît listée parmi d’autres déités dans le contexte de rituels hourrites. Lorsque le roi Muwatalli II règne entre 1306 et 1282 av. J.-C., Kubaba possède son propre culte, à Hattusha, cité hittite.
Si selon ces textes Kubaba n’est pas associée avec les félins, la déesse Hebat (Hepatu) et son consort Teššub étaient les principales déités du panthéon hittite lors du règne des rois Hattushili III et Tudhaliya IV, et Hebat était représentée se tenant debout sur un lion. Hattusili III adopta comme déesse protectrice la hourrite Shaushga, représentée comme une femme ailée, se tenant debout sur un lion. Ceci perpétue l’iconographie mésopotamienne.
C’est dans l’ancienne cité de Karkemish, une forteresse Hittite et dans les cités qui lui étaient dépendantes, que Kubaba apparaît comme une déesse associée aux félins, surtout entre 1050 et 850 av. J.-C. On la retrouve soit assise sur un trône avec un lion à ses côtés, ou encore participant à une bataille, accompagnée de lions. C’est cette Kubaba qui fut transportée chez les Phrygiens puis dans le monde gréco-romain. Les textes mentionnent plus de quarante fois que Kubaba était la « Reine de Karkemish. »
Peu de temps après, nous retrouvons la Mère des montagnes en Phrygie. Elle est représentée sur une murale, accompagnée de lions. La Grande Mère des Phrygiens fut empruntée par les Grecs (une représentation de Cybèle fut retrouvée près de Gortyne en Crète, datant de 625-600 avant notre ère) et les Romains, ce qui permit à son culte de voyager jusqu’en Italie et plus loin encore, là jusqu’où l’empire romain s’étendait.
Même si la Mère des montagnes phrygienne n’est pas linguistiquement parente à Kubaba, son iconographie de figure féminine accompagnée de félins la lie à la grande déesse hittite, à la déesse-soleil Arinna et à la déesse Hebat décrite comme étant la maîtresse des animaux et la mère des dieux. Son lien avec les félins la lie à plusieurs cultes préhistoriques d’Anatolie et c’est ainsi que la figure de la Grande Mère accompagnée de lions fit son entrée dans les premiers siècles de notre ère.
Ce travail expose les différents visages de « Grande Mères » de la déesse au fil de son évolution en Anatolie, de ses déplacements à travers l’Asie mineure, de son entrée en Grèce et à Rome, et de cela son culte dans l’ancien monde. De plus, ce travail explore la controverse au sujet de la déesse Cybèle, d’abord phrygienne, puis gréco-romaine, dans une tentative de déterminer si et comment elle est connectée à l’anatolienne Kubaba, mentionnée dans des textes hittites et plus tard adorée à Karkemish. À l’aide de mes traductions de textes hittites, phrygiens, grecs et romains, je tente d’expliquer les relations de l’anatolienne Kubaba et la phrygienne, grecque et romaine Cybèle.
En Anatolie pré néolithique et néolithique, il existait plusieurs cultes dans lesquels on retrouvait des figures féminines associées à des félins. Le culte le plus ancien recensé est celui de Göbekli Tepe, dans le sud-est de la Turquie, où on a retrouvé un éventail de figures féminines datant de 8000 avant notre ère, gravé sur le mur d’une grotte, entre deux piliers qui eux arborent des représentations de félins.
Le double tertre de Çatal Hüyük, à 45 km au sud de Konya (Turquie) date d’entre le 8è et le 6è millénaire avant notre ère. À l’intérieur des premières couches du tertre, les figures féminines sont accompagnées de figurines masculines, certaines arborant la barbe (et donc, ayant atteint l’âge adulte) et étant assises sur un taureau, d’autres sont d’apparence jeune et montent un léopard. Les figures féminines sont aussi accompagnées de léopard et elles donnent parfois naissance. Une figure assise sur un trône et entourée de félins fut trouvée dans un baril rempli de grain, elle date de 6 200 avant notre ère.
On a retrouvé des figurines féminines accompagnées de léopard et datant d’entre le 7è et 5è millénaire avant notre ère à Hacýlar, près du lac Burdur, à l’ouest de Çatal Hüyük.
À l’âge de bronze, on retrouve dans certains textes la mention d’un poste de traite assyrien à Kültepe, près de Kayseri en Cappadoce. Des marchands de Cappadoce mentionnent par trois fois un prêtre dévoué à Kubaba, autour de 1 900 avant notre ère. Un document datant du 14è ou 13è siècle avant notre ère décrit Kubaba comme étant « la dame Kubaba, maîtresse des terres de Karkemish. »
Kubaba est mentionnée dans plusieurs textes hittites. Dans les archives royales du centre hittite situé à Boðazköy (anciennement Hattusha), des textes datant entre 1 500 et 1 190 avant notre ère, Kubaba apparaît listée parmi d’autres déités dans le contexte de rituels hourrites. Lorsque le roi Muwatalli II règne entre 1306 et 1282 av. J.-C., Kubaba possède son propre culte, à Hattusha, cité hittite.
Si selon ces textes Kubaba n’est pas associée avec les félins, la déesse Hebat (Hepatu) et son consort Teššub étaient les principales déités du panthéon hittite lors du règne des rois Hattushili III et Tudhaliya IV, et Hebat était représentée se tenant debout sur un lion. Hattusili III adopta comme déesse protectrice la hourrite Shaushga, représentée comme une femme ailée, se tenant debout sur un lion. Ceci perpétue l’iconographie mésopotamienne.
C’est dans l’ancienne cité de Karkemish, une forteresse Hittite et dans les cités qui lui étaient dépendantes, que Kubaba apparaît comme une déesse associée aux félins, surtout entre 1050 et 850 av. J.-C. On la retrouve soit assise sur un trône avec un lion à ses côtés, ou encore participant à une bataille, accompagnée de lions. C’est cette Kubaba qui fut transportée chez les Phrygiens puis dans le monde gréco-romain. Les textes mentionnent plus de quarante fois que Kubaba était la « Reine de Karkemish. »
Peu de temps après, nous retrouvons la Mère des montagnes en Phrygie. Elle est représentée sur une murale, accompagnée de lions. La Grande Mère des Phrygiens fut empruntée par les Grecs (une représentation de Cybèle fut retrouvée près de Gortyne en Crète, datant de 625-600 avant notre ère) et les Romains, ce qui permit à son culte de voyager jusqu’en Italie et plus loin encore, là jusqu’où l’empire romain s’étendait.
Même si la Mère des montagnes phrygienne n’est pas linguistiquement parente à Kubaba, son iconographie de figure féminine accompagnée de félins la lie à la grande déesse hittite, à la déesse-soleil Arinna et à la déesse Hebat décrite comme étant la maîtresse des animaux et la mère des dieux. Son lien avec les félins la lie à plusieurs cultes préhistoriques d’Anatolie et c’est ainsi que la figure de la Grande Mère accompagnée de lions fit son entrée dans les premiers siècles de notre ère.