:: Atargatis : La déesse syrienne
- Traduit et adapté par Ishara Labyris de l'article "The Syrian Goddess" de Johanna Stuckley, paru sur le site Matrifocus.
"Dans une main, elle tient un sceptre, et de l'autre un fuseau. Sur sa tête, des rayons et une tour, et elle porte une ceinture... Sur la surface de la statue, une superposition d'or et de pierres précieuses, certaines sont blanches, d'autres de la couleur de l'eau, et certaines ont la teinte du vin et beaucoup sont de feu." - Lucien, la Déesse Syrienne.
Dans son compte rendu sur le culte syrien à Hiéropolis, l'auteur grec Lucien appelait cette déesse "Héra". Toutefois, il ajouta que les autochtones lui donnaient un "autre nom" (Attridge et Oden 1976:43). C'était très certainement une forme émanant d'Atargatis, une déesse pourvoyeuse de vie associée aux rivières et aux sources, protectrice maternelle des humains et des animaux. Atargatis a souvent servi de déesse tutélaire et protectrice des centres urbains (la sémitique Gad, la grecque Tyché et la latine Fortuna). Sur les pièces de monnaie, elle portait une couronne qui représentait la ville qu'elle protégeait (Bidle 1990: 159). Par exemple, elle était Gad ou Tyche pourÉdesse et Palmyre.
Ses épithètes incluaient "Pure", "Vierge", "Salvatrice" et "Mère des Dieux" (Lightfoot 2003 : 82: Bilde 1990: 162) et son iconographie la reliait particulièrement à Cybèle, la Grande Mère. Comme elle, Atargatis a souvent été représentée chevauchant un lion ou accompagnée par celui-ci. Souvent, elle s'asseyait sur un trône flanqué de deux sphinxs ou de deux lions. Sa coiffure était généralement surmontée d'un croissant de lune et drapée d'un voile. Dans ses mains, elle transportait divers objets : un plateau ou une coupe, un sceptre ou un bâton, des épis de blé, mais plus souvent un fuseau et un miroir. Parfois, des colombes et des poissons l'accompagnent. À certains endroits, Atargatis était associée aux dauphins. À d'autres endroits encore, l'étoile à huit branches représentait son association avec la planète Vénus (Drijvers 1980: 31).
La plus ancienne trouvaille que l'on ait en lien avec cette déesse nous provient du site de l'ancienne cité de Hiéropolis - "Cité Sacré" - qui est devenue la moderne Membij et la grecque Bambyce. Son nom et son image apparaissent sur une "variété déconcertante" de pièces de monnaie datant de la dernière partie du 4e siècle et du début du 3e siècle avant notre ère (Drijvers dans Toorn, Becking et Horst, 1999 : 114). Une forme araméenne de son nom s'écrivait "tr'th", Ataratha, que les Grecs ont transformé en Atargatis, et peut-être, à certains endroits, l'ont raccourci et altérés pour devenir Derketo ou Derceto (Lightfoot 2003: 37). Parmi les autres variations de son nom se trouvent Ataryatis, Attayathe, Ataryate et Tar'atha. Il y a un consensus général voulant que son nom siot une combinaison de ceux des déesses cananéennes Anat et Astarté (Drijvers dans Toorn, Becking et Horst 1999 : 114), bien que d'autres croient que ce nom cache également celui d'une troisième déesse cananéenne, la déesse Asherah (Maier 1986: 67; Oden 1979: 58ff).
Un écrit sur la déesse et sa cité sacrée, portant aujourd'hui le nom latin de "De Dea Syria" ou "À propos de la Déesse Syrienne", date du 2e siècle de notre ère, que l'on attribue à l'auteur Lucien de Samosata (Attridge et Oden 1976; Meyer 1987: 130-141). Lucien écrivit en grec, entre autres, sur sa visite au grand temple de Hieropolis, un sanctuaire clos sur une colline, dans le centre de la ville. Comme nous l'avons vu, Lucien identifiait Atargatis à la déesse grecque Héra, mais il l'a également associée à d'autres déesses, notamment Rhéa (Cybèle), Athéna, Artémis et Aphrodite. De plus, il voyait qu'elle possédait des aspects de Némésis et des Parques. Lucien décrivit dans des détails considérables la magnificence radieuse du temple, ses nombreux objets de cultes et ses statues, sa multitude de prêtres, et ses divers rituels célébrés là. Deux fois par jour avait lieu des sacrifices, dont ceux pour Hadad-Zeus performés dans le silence. Ceux faits en l'honneur de la déesse étaient accompagnés de flûte et de sistre. Dans un rite, les jeunes hommes se castraient pour devenir des prêtres travestis pour le temple (Attridge et Oden 1976: 23, 37, 39, 55). Il y avait également un lac ou un étang tout près, rempli des poissons sacrés que personne n'était autorisé à manger; pas plus que personne n'était autorisé à tuer les colombes sacrées d'Atargatis.
Dans le temple, la déesse était soulevée par des lions, et elle tenait un sceptre et un fuseau. Elle portait sur sa tête des rayons et une tour (Attridge et Oden 1976: 43). Elle était accompagnée d'un dieu, assis sur un taureau. Lucien l'a identifié comme étant Zeus, mais avait également remarqué que les gens l'appelaient par un nom différent. On croit qu'il s'agit probablement de Baal-Haddu (Hadad en Syrie), l'époux d'Atargatis dans cette région.
Au nord et à l'est de Hiéropolis se trouvait Édesse (aujourd'hui Urfa) qui, selon la légende chrétienne, fut le premier royaume à devenir chrétien. Toutefois, au 5e siècle de notre ère, la cité avait un temple à Atargatis (comme l'étoile Vénus). Encore et encore, l'évêque chrétien de cette période a dû interdire l'auto-castration qui se pratiquait toujours en l'honneur de la déesse (Drijvers 1980: 77). Le plan d'eau contenant les poissons sacrés existe toujours à Urfa, bien qu'il est maintenant consacré à Ibrahim. À Édesse, Atargatis était la gardienne de la cité et particulièrement des sources près de la citadelle et de la rivière tout près (Drijvers 1980: ix, 8, 79, 121).
Elle eut aussi des temples à Dura-Europos sur l'Euphrate et à Palmyre (Tadmor), un oasis dans le désert syrien.
Dura-Europos est célèbre pour ses plus anciennes synagogues, presque entières et parées de fresques. La cité fut un poste militaire en haut de l'Euphrate, à la frontière de l'Empire Romaine et des Parthes (Drijvers 1980:3). Atargatis y partageait son temple avec son époux Hadad. Elle fut peut-être également liée au temple d'Adonis (Drijvers 1980: 23, 108).
Palmyre fut célèbre mais pour une toute autre raison : Zénobie. Reine-guerrière,elle gouverna et étendit l'Empire de Palmyre après la mort de son époux en l'an 267 de notre ère. Atargatis était considérée comme la Tyché de Palmyre et a été associée à Artémis (Glueck 1937: 370).Elle est connue pour deux inscriptions bilingues, et son temple fut probablement l'un des quatre "sanctuaires tribaux" officiels (Kaizer 2002: 153ff). En plus,nous avons des preuves qu'à Palmyre,elle a été associée à la déesse arabe Allat, dont l'iconographie est très similaire à celle d'Atargatis (Kaizer 2002: 99ff. 148 note 30; Drijvers 1980: 100).
En outre, Atargatis a été vénérée à Ashkalon, dans ce qui est aujourd'hui Israël, originellement une ville cananéenne, puis philistine, et finalement phénicienne. C'était le site de son temple principal au sud du Levant. Selon les écrits apocryphes, elle avait un "Atargateion", près de Qarnaim (Maccabbées II 12: 26). À Ashkalon, elle était appelée Derketo, et elle y était représentée comme une sirène, le bas du corps comme un poisson. Dans De Dea Syria, Lucien rapporte qu'il vit une statue de la déesse phénicienne en sirène, et il confirma qu'il s'agissait de Derketo (Attridgeet Oden 1976: 21).
Atargatis fut également reconnue par les Nabatéens, bien qu'elle n'ait jamais été intégrée dans leur panthéon (Healey 2001: 140-141).Les faits nous prouvent que les Nabatéens étaient à l'origine des éleveurs nomades d'Arabie, qui aux époques gréco-romaines, contrôlaient la route principale entre l'Arabie et la Syrie et qui s'étaient enrichis grâce à l'oliban et la myrrhe. Leur empire a fleuri durant la période héllénistique (323-64 avant notre ère) et fit partie de l'Empire Romain en 106 de notre ère (Taylor 2002:8). En haut d'une colline à Khirbet Et-Tannur au nord de Petra dans le sud de la Transjordanie se trouve un petit temple, en ruines, mais extraordinaire, datant de la première moitié du 1er siècle de notre ère. Ceux qui l'ont trouvé pensèrent qu'il fut dédié à Atargatis et à son époux, mais tout le monde ne s'accorde pas à ce sujet (Healey 2001: 61). De manière certaine, la sculpture et les autres décorations trouvées dans les ruines suggèrent que la déesse qui y était vénérée était très similaire à Atargatis. Les reliefs sculptés montrent la tête d'une déesse avec deux poissons sur sa couronne, des figures d'une Tyché ailée, un lion, des têtes de déesse avec des fruits et des feuilles, et des reliefs démontrant un dieu similaire à Hadad (Glueck 1937).
À Petra, capitale renommée nabatéenne, le culte d'Atargatis ne fut pas très important, mais il y a tout de même des preuves qui démontrent qu'elle fut présente à cet endroit (Taylor 2002: 132; Lindner et Zangenberg 1993). Elle pourrait avoir été identifiée avec la déesse arabe Al-Uzza, l'étoile Vénus, qui était la déesse tutélaire de Petra. Tout comme elle, Atargatis était liée aux sources et à l'eau. À Petra, il y avait un sanctuaire que les archéologues ont nommé le Temple des Lions Ailés (Healey 2001 : 42-44). Il a pu être dédié à une déesse similaire à Atargatis (Hammond 1990).
En occident, elle était habituellement appelée Dea Syria, la déesse syrienne.Atargatis se rendit jusqu'à Rome, à l'époque de la guerre punique (264-241 avant notre ère). Au temps de l'auteur romain Apulée, environ en 150-160 de notre ère, les eunuques mendiantde la déesseétaient devenus notoires. Dans son histoire, l'Âne d'or, il décrit comment une bande d'adeptes de la déesseerrant lui donnèrent sa forme d'âne pour lui faire porter l'image ornée de soie de leur déesse "étrangère" (195-199). Dans le roman, Lucien retrouva sa forme originelle grâce à la déesse Isis. (261-272).
Les variations dans l'iconographie d'Atargatis résultent du fait qu'elle a été associée à plusieurs déesses locales, tout comme elle l'a été pour de grandes déesses comme l'égyptienne Isis.
Une splendide statue égyptianisée d'elle, complète et entourée d'un serpent, se tenait sur le Janicule à Rome, au 3e siècle de notre ère (Godwin 1981 : 158 Plate 124). De Hieropolis dans le nord de la Syrie, le culte d'Atargatis s'est diffusé partout en Syrie, dans le nord de la Mésopotamie, en Méditerranée, et dans la partie occidentale du monde gréco-romain, et même jusqu'en Bretagne (Lightfoot 2003: 59).
Bibliographie (en anglais)
"Dans une main, elle tient un sceptre, et de l'autre un fuseau. Sur sa tête, des rayons et une tour, et elle porte une ceinture... Sur la surface de la statue, une superposition d'or et de pierres précieuses, certaines sont blanches, d'autres de la couleur de l'eau, et certaines ont la teinte du vin et beaucoup sont de feu." - Lucien, la Déesse Syrienne.
Dans son compte rendu sur le culte syrien à Hiéropolis, l'auteur grec Lucien appelait cette déesse "Héra". Toutefois, il ajouta que les autochtones lui donnaient un "autre nom" (Attridge et Oden 1976:43). C'était très certainement une forme émanant d'Atargatis, une déesse pourvoyeuse de vie associée aux rivières et aux sources, protectrice maternelle des humains et des animaux. Atargatis a souvent servi de déesse tutélaire et protectrice des centres urbains (la sémitique Gad, la grecque Tyché et la latine Fortuna). Sur les pièces de monnaie, elle portait une couronne qui représentait la ville qu'elle protégeait (Bidle 1990: 159). Par exemple, elle était Gad ou Tyche pourÉdesse et Palmyre.
Ses épithètes incluaient "Pure", "Vierge", "Salvatrice" et "Mère des Dieux" (Lightfoot 2003 : 82: Bilde 1990: 162) et son iconographie la reliait particulièrement à Cybèle, la Grande Mère. Comme elle, Atargatis a souvent été représentée chevauchant un lion ou accompagnée par celui-ci. Souvent, elle s'asseyait sur un trône flanqué de deux sphinxs ou de deux lions. Sa coiffure était généralement surmontée d'un croissant de lune et drapée d'un voile. Dans ses mains, elle transportait divers objets : un plateau ou une coupe, un sceptre ou un bâton, des épis de blé, mais plus souvent un fuseau et un miroir. Parfois, des colombes et des poissons l'accompagnent. À certains endroits, Atargatis était associée aux dauphins. À d'autres endroits encore, l'étoile à huit branches représentait son association avec la planète Vénus (Drijvers 1980: 31).
La plus ancienne trouvaille que l'on ait en lien avec cette déesse nous provient du site de l'ancienne cité de Hiéropolis - "Cité Sacré" - qui est devenue la moderne Membij et la grecque Bambyce. Son nom et son image apparaissent sur une "variété déconcertante" de pièces de monnaie datant de la dernière partie du 4e siècle et du début du 3e siècle avant notre ère (Drijvers dans Toorn, Becking et Horst, 1999 : 114). Une forme araméenne de son nom s'écrivait "tr'th", Ataratha, que les Grecs ont transformé en Atargatis, et peut-être, à certains endroits, l'ont raccourci et altérés pour devenir Derketo ou Derceto (Lightfoot 2003: 37). Parmi les autres variations de son nom se trouvent Ataryatis, Attayathe, Ataryate et Tar'atha. Il y a un consensus général voulant que son nom siot une combinaison de ceux des déesses cananéennes Anat et Astarté (Drijvers dans Toorn, Becking et Horst 1999 : 114), bien que d'autres croient que ce nom cache également celui d'une troisième déesse cananéenne, la déesse Asherah (Maier 1986: 67; Oden 1979: 58ff).
Un écrit sur la déesse et sa cité sacrée, portant aujourd'hui le nom latin de "De Dea Syria" ou "À propos de la Déesse Syrienne", date du 2e siècle de notre ère, que l'on attribue à l'auteur Lucien de Samosata (Attridge et Oden 1976; Meyer 1987: 130-141). Lucien écrivit en grec, entre autres, sur sa visite au grand temple de Hieropolis, un sanctuaire clos sur une colline, dans le centre de la ville. Comme nous l'avons vu, Lucien identifiait Atargatis à la déesse grecque Héra, mais il l'a également associée à d'autres déesses, notamment Rhéa (Cybèle), Athéna, Artémis et Aphrodite. De plus, il voyait qu'elle possédait des aspects de Némésis et des Parques. Lucien décrivit dans des détails considérables la magnificence radieuse du temple, ses nombreux objets de cultes et ses statues, sa multitude de prêtres, et ses divers rituels célébrés là. Deux fois par jour avait lieu des sacrifices, dont ceux pour Hadad-Zeus performés dans le silence. Ceux faits en l'honneur de la déesse étaient accompagnés de flûte et de sistre. Dans un rite, les jeunes hommes se castraient pour devenir des prêtres travestis pour le temple (Attridge et Oden 1976: 23, 37, 39, 55). Il y avait également un lac ou un étang tout près, rempli des poissons sacrés que personne n'était autorisé à manger; pas plus que personne n'était autorisé à tuer les colombes sacrées d'Atargatis.
Dans le temple, la déesse était soulevée par des lions, et elle tenait un sceptre et un fuseau. Elle portait sur sa tête des rayons et une tour (Attridge et Oden 1976: 43). Elle était accompagnée d'un dieu, assis sur un taureau. Lucien l'a identifié comme étant Zeus, mais avait également remarqué que les gens l'appelaient par un nom différent. On croit qu'il s'agit probablement de Baal-Haddu (Hadad en Syrie), l'époux d'Atargatis dans cette région.
Au nord et à l'est de Hiéropolis se trouvait Édesse (aujourd'hui Urfa) qui, selon la légende chrétienne, fut le premier royaume à devenir chrétien. Toutefois, au 5e siècle de notre ère, la cité avait un temple à Atargatis (comme l'étoile Vénus). Encore et encore, l'évêque chrétien de cette période a dû interdire l'auto-castration qui se pratiquait toujours en l'honneur de la déesse (Drijvers 1980: 77). Le plan d'eau contenant les poissons sacrés existe toujours à Urfa, bien qu'il est maintenant consacré à Ibrahim. À Édesse, Atargatis était la gardienne de la cité et particulièrement des sources près de la citadelle et de la rivière tout près (Drijvers 1980: ix, 8, 79, 121).
Elle eut aussi des temples à Dura-Europos sur l'Euphrate et à Palmyre (Tadmor), un oasis dans le désert syrien.
Dura-Europos est célèbre pour ses plus anciennes synagogues, presque entières et parées de fresques. La cité fut un poste militaire en haut de l'Euphrate, à la frontière de l'Empire Romaine et des Parthes (Drijvers 1980:3). Atargatis y partageait son temple avec son époux Hadad. Elle fut peut-être également liée au temple d'Adonis (Drijvers 1980: 23, 108).
Palmyre fut célèbre mais pour une toute autre raison : Zénobie. Reine-guerrière,elle gouverna et étendit l'Empire de Palmyre après la mort de son époux en l'an 267 de notre ère. Atargatis était considérée comme la Tyché de Palmyre et a été associée à Artémis (Glueck 1937: 370).Elle est connue pour deux inscriptions bilingues, et son temple fut probablement l'un des quatre "sanctuaires tribaux" officiels (Kaizer 2002: 153ff). En plus,nous avons des preuves qu'à Palmyre,elle a été associée à la déesse arabe Allat, dont l'iconographie est très similaire à celle d'Atargatis (Kaizer 2002: 99ff. 148 note 30; Drijvers 1980: 100).
En outre, Atargatis a été vénérée à Ashkalon, dans ce qui est aujourd'hui Israël, originellement une ville cananéenne, puis philistine, et finalement phénicienne. C'était le site de son temple principal au sud du Levant. Selon les écrits apocryphes, elle avait un "Atargateion", près de Qarnaim (Maccabbées II 12: 26). À Ashkalon, elle était appelée Derketo, et elle y était représentée comme une sirène, le bas du corps comme un poisson. Dans De Dea Syria, Lucien rapporte qu'il vit une statue de la déesse phénicienne en sirène, et il confirma qu'il s'agissait de Derketo (Attridgeet Oden 1976: 21).
Atargatis fut également reconnue par les Nabatéens, bien qu'elle n'ait jamais été intégrée dans leur panthéon (Healey 2001: 140-141).Les faits nous prouvent que les Nabatéens étaient à l'origine des éleveurs nomades d'Arabie, qui aux époques gréco-romaines, contrôlaient la route principale entre l'Arabie et la Syrie et qui s'étaient enrichis grâce à l'oliban et la myrrhe. Leur empire a fleuri durant la période héllénistique (323-64 avant notre ère) et fit partie de l'Empire Romain en 106 de notre ère (Taylor 2002:8). En haut d'une colline à Khirbet Et-Tannur au nord de Petra dans le sud de la Transjordanie se trouve un petit temple, en ruines, mais extraordinaire, datant de la première moitié du 1er siècle de notre ère. Ceux qui l'ont trouvé pensèrent qu'il fut dédié à Atargatis et à son époux, mais tout le monde ne s'accorde pas à ce sujet (Healey 2001: 61). De manière certaine, la sculpture et les autres décorations trouvées dans les ruines suggèrent que la déesse qui y était vénérée était très similaire à Atargatis. Les reliefs sculptés montrent la tête d'une déesse avec deux poissons sur sa couronne, des figures d'une Tyché ailée, un lion, des têtes de déesse avec des fruits et des feuilles, et des reliefs démontrant un dieu similaire à Hadad (Glueck 1937).
À Petra, capitale renommée nabatéenne, le culte d'Atargatis ne fut pas très important, mais il y a tout de même des preuves qui démontrent qu'elle fut présente à cet endroit (Taylor 2002: 132; Lindner et Zangenberg 1993). Elle pourrait avoir été identifiée avec la déesse arabe Al-Uzza, l'étoile Vénus, qui était la déesse tutélaire de Petra. Tout comme elle, Atargatis était liée aux sources et à l'eau. À Petra, il y avait un sanctuaire que les archéologues ont nommé le Temple des Lions Ailés (Healey 2001 : 42-44). Il a pu être dédié à une déesse similaire à Atargatis (Hammond 1990).
En occident, elle était habituellement appelée Dea Syria, la déesse syrienne.Atargatis se rendit jusqu'à Rome, à l'époque de la guerre punique (264-241 avant notre ère). Au temps de l'auteur romain Apulée, environ en 150-160 de notre ère, les eunuques mendiantde la déesseétaient devenus notoires. Dans son histoire, l'Âne d'or, il décrit comment une bande d'adeptes de la déesseerrant lui donnèrent sa forme d'âne pour lui faire porter l'image ornée de soie de leur déesse "étrangère" (195-199). Dans le roman, Lucien retrouva sa forme originelle grâce à la déesse Isis. (261-272).
Les variations dans l'iconographie d'Atargatis résultent du fait qu'elle a été associée à plusieurs déesses locales, tout comme elle l'a été pour de grandes déesses comme l'égyptienne Isis.
Une splendide statue égyptianisée d'elle, complète et entourée d'un serpent, se tenait sur le Janicule à Rome, au 3e siècle de notre ère (Godwin 1981 : 158 Plate 124). De Hieropolis dans le nord de la Syrie, le culte d'Atargatis s'est diffusé partout en Syrie, dans le nord de la Mésopotamie, en Méditerranée, et dans la partie occidentale du monde gréco-romain, et même jusqu'en Bretagne (Lightfoot 2003: 59).
Bibliographie (en anglais)
- Apuleius. Lucius Apuleius 1965. The Golden Ass. Translated William Adlington (1566), ed. H.C. Schnur. New York: Collier
- Attridge, Harold W. and Robert A. Oden, editors. 1976. The Syrian Goddess (De Dea Syria): Attributed to Lucian. Place unknown: Scholars Press/Society of Biblical Literature
- Bilde, Per 1990. “Atargatis/Dea Syria: Hellenization of Her cult in the Hellenistic-Roman Period.” 151-187 in Religion and Religious Practice in the Seleucid Kingdom. Edited P.Bilde, T. Engberg-Pedersen, L. Hannestad, and J.Zahle. Aarhus, Denmark: Aarhus University
- Binst, Olivier, editor 2000. The Levant; History and Archaeology in the Eastern Mediterranean. Cologne, Germany; Könemann
- Godwin, Joscelyn. 1981. Mystery Religions of the Ancient World. San Francisco: Harper and Row
- Hammond, Ph. 1990. “The Goddess of the `Temple of the Winged Lions’ at Petra (Jordan).” In Petra and the Caravan Cities. Edited by Fawzi Zayadine. Amman, Jordan: Department of Antiquities, Jordan
- Healey, John F. 2001. The Religion of the Nabataeans: A Conspectus. Leiden, The Netherlands: Brill
- Lightfoot, J.L., editor and translator 2003. Lucian: On the Syrian Goddess. Oxford: Oxford University
- Lindner, M. and J. Zangenberg 1993. “The Re-discovered Baityl of the Goddess Atargatis in the Siyyag Gorge of Petra (Jordan) and Its Significance for Religious Life in Nabataea.”Zeitschrift des Deutschen Palästina-Vereins 109: 141-151
- Maier, Walter A., III 1986. ‘Ašerah: Extrabiblical Evidence. Atlanta, GA: Scholars. Harvard Semitic Monographs 37
- Meyer, Marvin W., editor. 1987. The Ancient Mysteries. A Sourcebook: Sacred Texts of the Mystery Religions of the Ancient Mediterranean World. San Francisco: Harper and Row
- Oden, R. A. 1979. Studies in Lucian’s De Syria Dea. Ann Arbor, MI: Edwards
- Rostovtzeff, M. 1933. “Hadad and Atargatis at Palmyra.” American Journal of Archaeology 37: 58-63
- Taylor, Jane 2002. Petra and the Lost Kingdom of the Nabataeans. Cambridge, MA: Harvard University
- Toorn, Karel van der, Bob Becking, and Pieter W. van der Horst, editors. 1999. Dictionary of Deities and Demons in the Bible: Second Extensively Revised Edition. Leiden, The Netherlands: Brill and Grand Rapids, MI: Eerdmans