Les groupements numériques associés aux Yoginis varient de texte en texte, mais le plus commun est soixante-quatre (Donaldson 620). Il existe très peu de références selon lesquelles une Yogini est seule (Donaldson 633). Les nombres huit, douze, seize et soixante-quatre semblent élever les Yoginis à un plus haut statut (Donaldson 633). Le nombre huit est considéré comme étant très auspicieux et possèderait un grand potentiel au sein de la religion hindoue (Dehejia 44).
Comme le carré de huit, le soixante-quatre est extrêmement puissant et considéré comme particulièrement auspicieux dans la littérature tantrique (Donaldson 633). Quand les Yoginis sont divisées en groupes de 8, c'est habituellement pour associer chaque groupe de huit à une divinité séparée (Donaldson 634). Les groupes prennent habituellement les attributs de la divinité à laquelle ils sont associés (Donaldson 634). Bien que le groupement des Yoginis au nombre de soixante-quatre est presque uniforme dans la littérature, leurs noms, descriptions et caractéristiques ne le sont pas (Donaldson 620).
Il y a quatre traditions principales associées au culte des yoginis et qui se sont développées depuis leur début tribal pour finalement s'intégrer dans des croyances orthodoxes (Donaldson 618). Ces quatre traditions ont pour idée que les Yoginis sont des divinités mineures de grandes déesses. La première tradition est que les yoginis sont des aspects de Devi ou de la Grande Déesse (Donaldson 618). On dit que les Yoginis ont été formées à partir de différentes parties de Devi incluant sa voix, sa sueur, son nombril, son front, ses lèvres, ses oreilles, ses ongles d'orteils, son utérus et sa colère (Donaldson 618). La seconde tradition est l'idée que les Yoginis sont des divinités serviteures de la Grande Déesse (Donaldson 618). On croit que cette tradition s'est développée à partir d'une tradition plus ancienne de Shiva et ses serviteurs gana (Donaldson 619). La troisième tradition parle des Yoginis comme d'acolytes de la Grande Déesse : les matrikas (Donaldson 618). Cette tradition décrit les Yoginis comme nées de 8 mères et formant 8 groupes (Donaldson 622). La quatrième et dernière tradition perçoit les Yoginis comme les protectrices de la déesse des Kaulas (Donaldson 618). Grâce à l'étude minutieuse de plusieurs textes tantriques, le culte des Yoginis devint associé à une secte tantrique spécifique appelée les Kaulas (Donaldson 623).
La meilleure façon de rassembler des informations sur le culte a été d'explorer les temples des Yoginis, ses pratiques et ses caractéristiques. Chaque temple des Yoginis reflète ses traditions uniques au lieu où il se situe (Dehejia 94). Cela amène forcément plusieurs différentes interprétations du culte (Dehejia 94). Certains aspects sont partagés entre les temples. La plupart des temples des Yoginis sont situés dans un endroit éloigné. Par exemple, le temple de Ranipur-Jharial est situé à plusieurs miles de la ville la plus proche (Dehejia 103). Le temple de Hirapur est extrêmement isolé, la seule façon d'y accéder est par un petit chemin de terre (Gadon 33). Un autre trait commun de certains temples est leur forme circulaire; le temple de Ranipur-Jaharial et le temple de Hirapur ont la forme d'un cercle (Donaldson 666, 669).
Bien que cela nous informe sur ce que les érudits hindous s'entendent, il existe peu de textes définitifs contenant de l'information concrète à propos du culte ou de ces déesses (Donaldson 624). Le "Yogini namavalis (liste des noms des Yoginis) est le seul, et il n'est précédé ni suivi par des vers pour expliquer le statut ou le culte de ces déesses (Dehejia 31). Les textes tantriques et puraniques qui abordent le culte des Yoginis affirment clairement que la raison pour laquelle ces déesses sont vénérées est pour acquérir divers pouvoirs occultes (Dehejia 53). Plusieurs textes Kaula réfèrent au fait que les dévots reçoivent des bénédictions de la part des Yoginis en échange de leur dévotion envers elles (Donaldson 624). Les textes font également état que ceux qui ne suivent pas la tradition du culte des yoginis seront maudits (Donaldson 624). Les tantras qui évoquent les Yoginis réitèrent qu'il s'agit d'un très grand secret, un savoir caché qui ne peut être divulgué qu'aux initiés"(Dehejia 31).
Références données par l'auteure
- Dehejia, Vidya (1986) Yogini, Cult and Temples: A Tantric Tradition. New Delhi: National Museum. Donaldson, Thomas E. (2002) Tantra and Sakta Art of Orissa. New Delhi: D.K. Printworld Ltd. Gadon, E. W. (2002). Probing the mysteries of the Hirapur Yoginis. ReVision, 25, 1. p.33(9).
- Kinsley, David (1998) Tantric Visions of the Divine Female: The Ten Mayavidyas. Berkeley: University of California Press.