Asherah, partie I : L'épouse perdue de Yahvé
Traduit et adapté par Ishara Labyris de l'article Asherah Part I : the lost bride of Yahweh
Ils La vénéraient sous chaque arbre vert, selon la Bible hébraÏque (ce que les Chrétiens appellent l'Ancien Testament). La Bible nous dit également que Son image se trouva pendant des années dans le temple de Salomon, là où les femmes accrochaient des guirlandes pour Elle. Dans le temple, comme dans la forêt, Son image était faite de bois, puisque les réformeurs monothéistes exigeaient qu'elle soit abattue et brûlée. Il semble que cela ait été un objet fabriqué par la main de l'homme, mais gravé dans un arbre et peut-être l'image était-elle un arbre stylisé d'une certaine façon. Le patrimoine archéologique suggère qu'Asherah fut la Déesse-Mère d'Israël, l'Épouse de Dieu, selon William Dever, qui a déterré de nombreux indices de son identité. Elle fut vénérée apparemment tout au fil du temps pendant lequel Israël était considéré comme une nation. Dans de nombreux foyers, des représentations comme celle de gauche décoraient les autels familiaux.
Qui était-Elle, cette Déesse perdue des Hébreux? Et pourquoi n'est-Elle plus vénérée dans les religions judéo-chrétiennes de nos jours?
Le votif d'Asherah met l'accent sur Ses seins, suggérant Son rôle en tant que déesse de la fertilité, mais Sa position représente Sa nature comme une mère en général. Elle avait à coeur les préoccupations des mères, incluant la conception et l'accouchement, mais elle était probablement aussi la mère de tous, une consolatrice et une protectrice dans un monde incertain. Des inscriptions trouvées en Israël nous disent que Yahvé et «son Asherah» étaient invoqués ensemble pour la protection personnelle. Son identification avec les arbres suggèrent qu'Asherah était, en effet, aussi Mère Nature - une figure que nous reconnaissons dans notre langage, mais qui malheureusement s'est perdue dans nos principales religions. Elle était, en d'autres termes, tout ce que vous pourriez imaginer de la moitié féminine d'un duo créateur divin : une Grande Mère.
L'image d'Asherah nous a été perdue non par hasard, mais par une action délibérée des monothéistes fondamentalistes. En premier, Ses représentations ont été démolies, puis Ses mythes ont été réécris, enfin, Son nom a été oublié. En fait, son nom apparaît 40 fois dans les traductions modernes de la Bible, mais pas du tout dans la première traduction anglaise, la Bible King James. Comme plus personne ne savait qui était Asherah au 17e siècle lorsque la version King James a été créée, Son nom a été traduit par «bosquets d'arbres», «arbres» ou «images dans les bosquets», sans comprendre que ces arbres et bosquets d'arbres représentaient une déesse mère.
Lorsque les archéologues mirent au jour un trésor d'histoires Cananéennes et autres écrits à Ougarit (ce qui est aujourd'hui la Syrie), ils découvrirent que le mystérieux «Asherah» n'était pas un objet, mais une déesse : la déesse-mère des Cananéens. Lorsque les archéologues La découvrirent également en Israël, une toute nouvelle image de la religion hébraïque ancienne commença à émerger. L'argument est simple : 1. Asherah était une déesse cananéenne connue, la déesse mère et épouse du dieu-père; 2. Le nom est mentionné répétitivement comme ayant été vénérée par les Israélites, au grand dam des monothéistes; 3. Son nom se trouve sur des inscriptions avec Yahvé; et 4. l'image d'une déesse mère fut souvent trouvée dans les demeures de l'ancien Israël; 5. Elle fut vénérée, selon la Bible, dans les bois avec Baal ET dans le temple de Yahvé. L'interprétation sensée est que les Israélites vénéraient la déesse mère Asherah. Et qu'Elle fut l'épouse du dieu qui avait le plus haut statut à l'époque, qu'il soit El, Baal ou Yahvé. La religion israélite n'était pas si différente de la religion cananéenne. Les dieux rivalisaient pour la suprématie, mais la déesse demeura.
Puisque les archéologues en Terre Sainte étaient souvent religieux et entraient dans le champ de l'archéologie biblique afin de découvrir des preuves soutenant l'histoire de la Bible, cela prit un moment pour que la vérité devienne claire. Graduellement, toutefois, des archéologues plus objectifs, comme Dever, firent des avancements pour prouver le cas d'Asherah. La Bible affirme que les Hébreux continuaient de vénérer Asherah; les preuves archéologiques le confirment. Ce que la Bible ne dit pas et que les archéologues ont pu prouver est qu'Asherah était une déesse mère.
À Ougarit, Elle était connue sous le nom d'Athiratu Yammi, «Celle qui marche sur la Mer». Cela suggère qu'Elle fut celle grâce à qui le temps de chaos représenté par l'océan primordial, prit fin, et que débuta le processus de création. Le Dieu-mer, ou Serpent-de-Mer Yam, est l'entité sur laquelle Elle marcha. Dans un passage particulièrement suggestif et bizzare de la Bible, 2 Rois 18:4, un réformeur monothéiste, poursuivant sa course typique pour détruire les pierres sacrées et abattre les Asherahs, ajouta ce détail : «il mit en pièces le serpent d'airain que Moïse avait fait, car les enfants d'Israël avaient jusqu'alors brûlé des parfums devant lui: on l'appelait Nehuschtan».
Hum, pardon? Ce drôle de passage ouvre une boîte de Pandore pour moi. Voici le serpent et l'arbre vénérés ensemble. Le Jardin d'Éden, quelqu'un? Alors, euh... qu'est-ce que les gens faisaient exactement dans les bois? Ils vénéraient des idoles, bien sûr, brûlant des encens, à ce qu'on nous dit. Ce passage d'Osée est instructif : Osée 4: 12, 13 «Mon peuple consulte son bois, et son bâton lui prophétise; car l'esprit de fornication égare, et ils se prostituent en abandonnant leur Dieu», il condamne ceux qui s'enquérissent d'un morceau de bois, suggérant qu'ils posaient des questions à un oracle, et ceux qui sacrifiaient sous le chêne, le peuplier et le térébinthe «parce que leur ombre est bonne». Ils sont accusés de jouer la prostituée, ce qui pourrait être une référence à une activité sexuelle, ou tout simplement une analogie à ce que les monothéistes clamaient à propos des gens vendus aux «faux» dieux cananéens. Israël était considérée comme l'épouse de Yahvé dans la pensée monothéiste, ainsi vénérer d'autres dieux était comme se prostituer à d'autres.
Ces passages font sens lorsque vous comprenez que le symbolisme de l'arbre est lié très profondément à Asherah. Maintenant, nous savons qu'Elle fut vénérée dans les bois, avec une représentation faite de bois et que les gens y cherchaient savoir et y faisaient des sacrifices.
Un des titres d'Asherah était Elat, un mot qui signifie «déesse», comme El n'est pas seulement le nom d'un dieu, mais est le mot pour dire dieu en général. Curieusement, le mot Elat est traduit dans la Bible comme «térébinthe», un arbre à l'ombrage large trouvé en Israël. Pendant très longtemps, Dieu n'est pas la traduction de Yahvé, nom que lui donne particulièrement Moïse, mais par le nom hébreu Elohim, qui est pluriel, sans genre, qui signifie «dieux». Ce mot est aussi lié au mot pour «chêne». Que signifiait-il vraiment pour les anciens qui tenaient culte dans les bosquets d'arbres? Voyaient-ils les dieux comme des chênes? La déesse comme un arbre vert étendant Ses feuilles au-dessus de ses dévots pour leur donner une ombre dans un pays chaud?
Les Hébreux n'étaient pas les seuls à vénérer des dieux dans la forêt, bien entendu. Les Celtes, les Grecs et les peuples germaniques avaient leur culte aussi dans les bosquets. Leurs dieux étaient des dieux de la nature. Les Israélites étaient-ils si différents?
Dans la Bible, Elohim créa un homme et une femme. Maintenant que nous avons que le vernis monothéiste de notre Bible ne représente pas tout à fait la religion hébraïque sur le terrain (ce que William Dever appelle «religion folklorique», à l'opposé de «religion du livre»), voyons de plus près notre créateur :
«Puis Elohim dit : Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Elohim créa l'homme à son image, il le créa à l'image d'Elohim, il créa l'homme et la femme...»
Est-ce que cela ne prend pas une signification différente lorsque vous devenez conscients que la Déesse Mère était vénérée aux côtés de Dieu dans chaque demeure et sous chaque arbre vert dans les bosquets d'arbres? Qui est ce «NOUS» dans la création? Bien, évidemment le(s) créateur(s) est/sont masculin et féminin, comme les créatures qu'il/elle/ils créèrent.
Maintenant, passons à un passage ultérieur, 1 Rois 18:19, qui établit clairement qu'Asherah était servie par 400 prophètes : «Fais maintenant rassembler tout Israël auprès de moi, à la montagne du Carmel, et aussi les quatre cent cinquante prophètes de Baal et les quatre cents prophètes d'Astarté* qui mangent à la table de Jézabel.» Ce ne peut pas être une religion mineure. Peut-être que lorsque les prophètes se sont plains qu'Elle était adorée sous chaque arbre, c'est littéralement ce qu'ils voulaient dire. Chaque arbre, chaque maison, et aussi, parfois, dans le temple.
Dans l'Exode, on nous dit que Dieu prévint le peuple de se débarrasser des emblèmes d'Asherah lorsqu'ils conquirent la terre de Canaan; au temps des livres des Juges et des Rois, on nous dit que les «bons» prophètes, rois et réformeurs avaient continuellement à brûler et détruire les idoles d'Asherah; finalement, dans Jérémie, on nous dit que le culte d'Asherah avait résulté en la décision du Dieu fanatique et monothéistique de régler le compte d'IsraËl et de Judée (la portion sud d'un royaume autrefois uni), via l'invasion de peuples étrangers. Le fait est que, ces éléments nous sont rapportés par un seul auteur, possiblement un groupe d'auteurs: le Deutéronome. C'est un personnage ( ou possiblement un groupe de personnages) écrivant et réécrivant les portions de la Bible autour du 7e siècle avant Christ, soit juste avant ou pendant l'exil des Juifs à Babylone. Selon le Deutéronome, le prêtre Hilkija affirme dans 2 Rois, chapitre 22, avoir «découvert» les anciennes lois de Moïse pendant les rénovations du Temple. Ces écrits, «Le Livre de la Loi», auraient mystérieusement égaré Israël vers sa fausse religion, apparemment.
Les écrits du Deutéronome transmettent une histoire selon laquelle les Israélites aviaent une entente avec Yahvé, qu'ils ne devaient vénérer que lui et seulement lui. Il a affirmé que les Israélites avaient pris Canaan par la force, dans une guerre sainte lors de laquelle ils ont massacré les habitants, mis à mort (par le commandement de Dieu) hommes, femmes et enfants à Jéricho. Cette affirmation n'est pas étayée par les archéologues. Et il a affirmé que Dieu était un dieu jaloux, qui exigeait d'être vénéré seul et qui punirait les infidèles en leur apportant des nations qui tenteraient de les vaincre, s'ils adoraient d'autres dieux que lui.
Était-ce vraiment la religion d'Israël? Apparemment non. Le peuple continua de mettre en place ses idoles dans les bois et le temple, et les petites effigies d'Asherah dans les sanctuaires de leurs demeures. Seulement après qu'Israël fut conquise et que le peuple de Judée revint de son exil à Babylone que les fanatiques fondamentalistes gagnèrent avec leur dieu violent, patriarcal et monothéiste. Le travail du Deutéronome, ainsi que les travaux de deux autres auteurs primaires, le yahviste et l'élohiste, ont été compilés par une quatrième source, appelée la source sacerdotale, pour devenir la Bible telle que nous la connaissons aujourd'hui.
Asherah, la déesse-arbre, mère de la vie, était perdue. Véritablement, nous avons été jetés du Jardin d'Éden par Yahvé, ou à tout le moins, par ses partisans. Séparés de l'Arbre de Vie, notre Mère, nous nous sommes retrouvés comme des orphelins. La religiosité de l'Amérique est davantage comparable à celle de l'Iran qu'à celle de l'Europe occidentale, où la religion de Yahvé est au déclin. Est-ce une coïncidence si nous, vénérateurs du dieu guerrier, dépensons notre argent dans la guerre alors que des enfants vivent dans la pauvreté sans soins de santé? Adorateurs du dieu-ciel, nous sommes si éloignés de notre mère terrestre que nous mettons en danger l'ensemble de la vie humaine par nos activités. Et le côté dur du fondamentaliste qui prétend avoir tourvé la vraie loi et qui croit que ceux qui pensent autrement sont dignes de la mort (ou la damnation éternelle) est encore avec nous aujourd'hui.
Pourtant, je pense qu'il n'y a jamais eu un aussi faible pourcentage de personnes fanatiques monothéistes. Nous sommes entourés par Mère Nature et elle s'infiltre dans nos traditions. La Shekinah, Marie, la Mère de Dieu, l'Arbre de Noël, l'Oeuf de Pâques, l'autocollant de voiture qui nous implore d'honorer notre Mère avec l'image de la Terre vue de l'espace, les fées et les elfes, les épouses perdues des contes de notre enfance, grâce auxquels la Déesse Mère s'infiltre dans notre psyché déséquilibrée. La Déesse est perdue, officiellement, mais elle est remémorée au plus profond de nous. Le don de l'archéologie, en restaurant Asherah à notre conscience, nous rappelle ce que nous savons déjà : Dieu a effectivement une épouse. Il le doit. Car si nous sommes ses enfants, nous devons avoir une mère.
* Ndt : Il semble qu'en français, Asherah se traduise par Astarté.
Ils La vénéraient sous chaque arbre vert, selon la Bible hébraÏque (ce que les Chrétiens appellent l'Ancien Testament). La Bible nous dit également que Son image se trouva pendant des années dans le temple de Salomon, là où les femmes accrochaient des guirlandes pour Elle. Dans le temple, comme dans la forêt, Son image était faite de bois, puisque les réformeurs monothéistes exigeaient qu'elle soit abattue et brûlée. Il semble que cela ait été un objet fabriqué par la main de l'homme, mais gravé dans un arbre et peut-être l'image était-elle un arbre stylisé d'une certaine façon. Le patrimoine archéologique suggère qu'Asherah fut la Déesse-Mère d'Israël, l'Épouse de Dieu, selon William Dever, qui a déterré de nombreux indices de son identité. Elle fut vénérée apparemment tout au fil du temps pendant lequel Israël était considéré comme une nation. Dans de nombreux foyers, des représentations comme celle de gauche décoraient les autels familiaux.
Qui était-Elle, cette Déesse perdue des Hébreux? Et pourquoi n'est-Elle plus vénérée dans les religions judéo-chrétiennes de nos jours?
Le votif d'Asherah met l'accent sur Ses seins, suggérant Son rôle en tant que déesse de la fertilité, mais Sa position représente Sa nature comme une mère en général. Elle avait à coeur les préoccupations des mères, incluant la conception et l'accouchement, mais elle était probablement aussi la mère de tous, une consolatrice et une protectrice dans un monde incertain. Des inscriptions trouvées en Israël nous disent que Yahvé et «son Asherah» étaient invoqués ensemble pour la protection personnelle. Son identification avec les arbres suggèrent qu'Asherah était, en effet, aussi Mère Nature - une figure que nous reconnaissons dans notre langage, mais qui malheureusement s'est perdue dans nos principales religions. Elle était, en d'autres termes, tout ce que vous pourriez imaginer de la moitié féminine d'un duo créateur divin : une Grande Mère.
L'image d'Asherah nous a été perdue non par hasard, mais par une action délibérée des monothéistes fondamentalistes. En premier, Ses représentations ont été démolies, puis Ses mythes ont été réécris, enfin, Son nom a été oublié. En fait, son nom apparaît 40 fois dans les traductions modernes de la Bible, mais pas du tout dans la première traduction anglaise, la Bible King James. Comme plus personne ne savait qui était Asherah au 17e siècle lorsque la version King James a été créée, Son nom a été traduit par «bosquets d'arbres», «arbres» ou «images dans les bosquets», sans comprendre que ces arbres et bosquets d'arbres représentaient une déesse mère.
Lorsque les archéologues mirent au jour un trésor d'histoires Cananéennes et autres écrits à Ougarit (ce qui est aujourd'hui la Syrie), ils découvrirent que le mystérieux «Asherah» n'était pas un objet, mais une déesse : la déesse-mère des Cananéens. Lorsque les archéologues La découvrirent également en Israël, une toute nouvelle image de la religion hébraïque ancienne commença à émerger. L'argument est simple : 1. Asherah était une déesse cananéenne connue, la déesse mère et épouse du dieu-père; 2. Le nom est mentionné répétitivement comme ayant été vénérée par les Israélites, au grand dam des monothéistes; 3. Son nom se trouve sur des inscriptions avec Yahvé; et 4. l'image d'une déesse mère fut souvent trouvée dans les demeures de l'ancien Israël; 5. Elle fut vénérée, selon la Bible, dans les bois avec Baal ET dans le temple de Yahvé. L'interprétation sensée est que les Israélites vénéraient la déesse mère Asherah. Et qu'Elle fut l'épouse du dieu qui avait le plus haut statut à l'époque, qu'il soit El, Baal ou Yahvé. La religion israélite n'était pas si différente de la religion cananéenne. Les dieux rivalisaient pour la suprématie, mais la déesse demeura.
Puisque les archéologues en Terre Sainte étaient souvent religieux et entraient dans le champ de l'archéologie biblique afin de découvrir des preuves soutenant l'histoire de la Bible, cela prit un moment pour que la vérité devienne claire. Graduellement, toutefois, des archéologues plus objectifs, comme Dever, firent des avancements pour prouver le cas d'Asherah. La Bible affirme que les Hébreux continuaient de vénérer Asherah; les preuves archéologiques le confirment. Ce que la Bible ne dit pas et que les archéologues ont pu prouver est qu'Asherah était une déesse mère.
À Ougarit, Elle était connue sous le nom d'Athiratu Yammi, «Celle qui marche sur la Mer». Cela suggère qu'Elle fut celle grâce à qui le temps de chaos représenté par l'océan primordial, prit fin, et que débuta le processus de création. Le Dieu-mer, ou Serpent-de-Mer Yam, est l'entité sur laquelle Elle marcha. Dans un passage particulièrement suggestif et bizzare de la Bible, 2 Rois 18:4, un réformeur monothéiste, poursuivant sa course typique pour détruire les pierres sacrées et abattre les Asherahs, ajouta ce détail : «il mit en pièces le serpent d'airain que Moïse avait fait, car les enfants d'Israël avaient jusqu'alors brûlé des parfums devant lui: on l'appelait Nehuschtan».
Hum, pardon? Ce drôle de passage ouvre une boîte de Pandore pour moi. Voici le serpent et l'arbre vénérés ensemble. Le Jardin d'Éden, quelqu'un? Alors, euh... qu'est-ce que les gens faisaient exactement dans les bois? Ils vénéraient des idoles, bien sûr, brûlant des encens, à ce qu'on nous dit. Ce passage d'Osée est instructif : Osée 4: 12, 13 «Mon peuple consulte son bois, et son bâton lui prophétise; car l'esprit de fornication égare, et ils se prostituent en abandonnant leur Dieu», il condamne ceux qui s'enquérissent d'un morceau de bois, suggérant qu'ils posaient des questions à un oracle, et ceux qui sacrifiaient sous le chêne, le peuplier et le térébinthe «parce que leur ombre est bonne». Ils sont accusés de jouer la prostituée, ce qui pourrait être une référence à une activité sexuelle, ou tout simplement une analogie à ce que les monothéistes clamaient à propos des gens vendus aux «faux» dieux cananéens. Israël était considérée comme l'épouse de Yahvé dans la pensée monothéiste, ainsi vénérer d'autres dieux était comme se prostituer à d'autres.
Ces passages font sens lorsque vous comprenez que le symbolisme de l'arbre est lié très profondément à Asherah. Maintenant, nous savons qu'Elle fut vénérée dans les bois, avec une représentation faite de bois et que les gens y cherchaient savoir et y faisaient des sacrifices.
Un des titres d'Asherah était Elat, un mot qui signifie «déesse», comme El n'est pas seulement le nom d'un dieu, mais est le mot pour dire dieu en général. Curieusement, le mot Elat est traduit dans la Bible comme «térébinthe», un arbre à l'ombrage large trouvé en Israël. Pendant très longtemps, Dieu n'est pas la traduction de Yahvé, nom que lui donne particulièrement Moïse, mais par le nom hébreu Elohim, qui est pluriel, sans genre, qui signifie «dieux». Ce mot est aussi lié au mot pour «chêne». Que signifiait-il vraiment pour les anciens qui tenaient culte dans les bosquets d'arbres? Voyaient-ils les dieux comme des chênes? La déesse comme un arbre vert étendant Ses feuilles au-dessus de ses dévots pour leur donner une ombre dans un pays chaud?
Les Hébreux n'étaient pas les seuls à vénérer des dieux dans la forêt, bien entendu. Les Celtes, les Grecs et les peuples germaniques avaient leur culte aussi dans les bosquets. Leurs dieux étaient des dieux de la nature. Les Israélites étaient-ils si différents?
Dans la Bible, Elohim créa un homme et une femme. Maintenant que nous avons que le vernis monothéiste de notre Bible ne représente pas tout à fait la religion hébraïque sur le terrain (ce que William Dever appelle «religion folklorique», à l'opposé de «religion du livre»), voyons de plus près notre créateur :
«Puis Elohim dit : Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Elohim créa l'homme à son image, il le créa à l'image d'Elohim, il créa l'homme et la femme...»
Est-ce que cela ne prend pas une signification différente lorsque vous devenez conscients que la Déesse Mère était vénérée aux côtés de Dieu dans chaque demeure et sous chaque arbre vert dans les bosquets d'arbres? Qui est ce «NOUS» dans la création? Bien, évidemment le(s) créateur(s) est/sont masculin et féminin, comme les créatures qu'il/elle/ils créèrent.
Maintenant, passons à un passage ultérieur, 1 Rois 18:19, qui établit clairement qu'Asherah était servie par 400 prophètes : «Fais maintenant rassembler tout Israël auprès de moi, à la montagne du Carmel, et aussi les quatre cent cinquante prophètes de Baal et les quatre cents prophètes d'Astarté* qui mangent à la table de Jézabel.» Ce ne peut pas être une religion mineure. Peut-être que lorsque les prophètes se sont plains qu'Elle était adorée sous chaque arbre, c'est littéralement ce qu'ils voulaient dire. Chaque arbre, chaque maison, et aussi, parfois, dans le temple.
Dans l'Exode, on nous dit que Dieu prévint le peuple de se débarrasser des emblèmes d'Asherah lorsqu'ils conquirent la terre de Canaan; au temps des livres des Juges et des Rois, on nous dit que les «bons» prophètes, rois et réformeurs avaient continuellement à brûler et détruire les idoles d'Asherah; finalement, dans Jérémie, on nous dit que le culte d'Asherah avait résulté en la décision du Dieu fanatique et monothéistique de régler le compte d'IsraËl et de Judée (la portion sud d'un royaume autrefois uni), via l'invasion de peuples étrangers. Le fait est que, ces éléments nous sont rapportés par un seul auteur, possiblement un groupe d'auteurs: le Deutéronome. C'est un personnage ( ou possiblement un groupe de personnages) écrivant et réécrivant les portions de la Bible autour du 7e siècle avant Christ, soit juste avant ou pendant l'exil des Juifs à Babylone. Selon le Deutéronome, le prêtre Hilkija affirme dans 2 Rois, chapitre 22, avoir «découvert» les anciennes lois de Moïse pendant les rénovations du Temple. Ces écrits, «Le Livre de la Loi», auraient mystérieusement égaré Israël vers sa fausse religion, apparemment.
Les écrits du Deutéronome transmettent une histoire selon laquelle les Israélites aviaent une entente avec Yahvé, qu'ils ne devaient vénérer que lui et seulement lui. Il a affirmé que les Israélites avaient pris Canaan par la force, dans une guerre sainte lors de laquelle ils ont massacré les habitants, mis à mort (par le commandement de Dieu) hommes, femmes et enfants à Jéricho. Cette affirmation n'est pas étayée par les archéologues. Et il a affirmé que Dieu était un dieu jaloux, qui exigeait d'être vénéré seul et qui punirait les infidèles en leur apportant des nations qui tenteraient de les vaincre, s'ils adoraient d'autres dieux que lui.
Était-ce vraiment la religion d'Israël? Apparemment non. Le peuple continua de mettre en place ses idoles dans les bois et le temple, et les petites effigies d'Asherah dans les sanctuaires de leurs demeures. Seulement après qu'Israël fut conquise et que le peuple de Judée revint de son exil à Babylone que les fanatiques fondamentalistes gagnèrent avec leur dieu violent, patriarcal et monothéiste. Le travail du Deutéronome, ainsi que les travaux de deux autres auteurs primaires, le yahviste et l'élohiste, ont été compilés par une quatrième source, appelée la source sacerdotale, pour devenir la Bible telle que nous la connaissons aujourd'hui.
Asherah, la déesse-arbre, mère de la vie, était perdue. Véritablement, nous avons été jetés du Jardin d'Éden par Yahvé, ou à tout le moins, par ses partisans. Séparés de l'Arbre de Vie, notre Mère, nous nous sommes retrouvés comme des orphelins. La religiosité de l'Amérique est davantage comparable à celle de l'Iran qu'à celle de l'Europe occidentale, où la religion de Yahvé est au déclin. Est-ce une coïncidence si nous, vénérateurs du dieu guerrier, dépensons notre argent dans la guerre alors que des enfants vivent dans la pauvreté sans soins de santé? Adorateurs du dieu-ciel, nous sommes si éloignés de notre mère terrestre que nous mettons en danger l'ensemble de la vie humaine par nos activités. Et le côté dur du fondamentaliste qui prétend avoir tourvé la vraie loi et qui croit que ceux qui pensent autrement sont dignes de la mort (ou la damnation éternelle) est encore avec nous aujourd'hui.
Pourtant, je pense qu'il n'y a jamais eu un aussi faible pourcentage de personnes fanatiques monothéistes. Nous sommes entourés par Mère Nature et elle s'infiltre dans nos traditions. La Shekinah, Marie, la Mère de Dieu, l'Arbre de Noël, l'Oeuf de Pâques, l'autocollant de voiture qui nous implore d'honorer notre Mère avec l'image de la Terre vue de l'espace, les fées et les elfes, les épouses perdues des contes de notre enfance, grâce auxquels la Déesse Mère s'infiltre dans notre psyché déséquilibrée. La Déesse est perdue, officiellement, mais elle est remémorée au plus profond de nous. Le don de l'archéologie, en restaurant Asherah à notre conscience, nous rappelle ce que nous savons déjà : Dieu a effectivement une épouse. Il le doit. Car si nous sommes ses enfants, nous devons avoir une mère.
* Ndt : Il semble qu'en français, Asherah se traduise par Astarté.