Hymne à Inanna : La Descente d'Inanna
Traduit et adapté de l’anglais par Ishara Labyris
D’après le texte The Descent of Inanna
Inanna Queen of Heaven and Earth – Diane Wolkstein & Samuel Norah Kramer
Du Grand-Dessus au Grand-Dessous
Depuis le Grand-Dessus, elle ouvrit son oreille au Grand-Dessous.
Depuis le Grand-Dessus, la déesse ouvrit son oreille au Grand-Dessous.
Depuis le Grand-Dessus, Inanna ouvrit son oreille au Grand-Dessous.
Ma Dame abandonna cieux et terre pour descendre au monde d’en bas.
Inanna abandonna cieux et terre pour descendre au monde d’en bas.
Elle abandonna son statut de sainte prêtresse pour descendre au monde d’en bas.
À Uruk, elle abandonna son temple pour descendre au monde d’en bas.
À Badtibira, elle abandonna son temple pour descendre au monde d’en bas.
À Zabalam, elle abandonna son temple pour descendre au monde d’en bas.
À Adab, elle abandonna son temple pour descendre au monde d’en bas.
À Nippur, elle abandonna son temple pour descendre au monde d’en bas.
À Kish, elle abandonna son temple pour descendre au monde d’en bas.
À Akkad, elle abandonna son temple pour descendre au monde d’en bas.
Elle assembla les sept me.
Elle les prit dans ses mains.
Avec les me en sa possession, elle se prépara :
Elle disposa la shugurra, la couronne de la steppe, sur sa tête.
Elle arrangea les cheveux sombres sur son front.
Elle attacha les petites billes de lapis à son cou,
Laissa la double rangée de billes tomber sur sa poitrine,
Et para son corps de la robe royale.
Elle barbouilla ses yeux avec une pommade appelée « Qu’il vienne, qu’il vienne »,
Attacha le pectoral appelé « Viens, homme, viens! » sur sa poitrine,
Glissa l’anneau d’or à son poignet,
Et prit la mesure de lapis et la ligne dans sa main.
Inanna s’en alla pour le monde d’en bas.
Ninshubur, sa fidèle servante, vint à elle.
Inanna lui parla, lui disant :
« Ninshubur, mon soutient constant,
Ma sukkal qui me donne de sages conseils,
Ma guerrière qui combat à mes côtés,
Je descends au kur, au monde d’en bas.
Si je ne revenais pas,
Entame une lamentation pour moi près des ruines.
Bats le tambour pour moi dans les assemblées.
Encercle les demeures des dieux.
Griffe tes yeux, ta bouche, tes cuisses.
Vêts-toi d’un vêtement simple comme une mendiante.
Vas à Nippur, au temple d’Enlil.
Lorsque tu entreras en son sanctuaire sacré, pleure :
« Ô Père Enlil, ne laisse pas ta fille être mise à mort au monde d’en bas.
Ne laisse pas ton argent brillant être couvert de la poussière du monde d’en bas.
Ne laisse pas ton précieux lapis être brisé par la pierre du maçon.
Ne laisse pas ton buis odorant être coupé en bois par le bûcheron.
Ne laisse pas la sainte prêtresse des cieux être mise à mort au monde d’en bas »
Si Enlil ne t’aide pas,
Vas à Ur, au temple de Nanna.
Pleure devant Père Nanna.
Si Nanna ne t’aide pas,
Vas à Eridu, au temple d’Enki.
Pleure devant Père Enki.
Père Enki, dieu de la sagesse, connaît la nourriture de vie,
Il connaît l’eau de vie;
Il connaît les secrets.
Certainement, il ne me laissera pas mourir. »
Inanna continua son chemin vers le monde d’en bas.
Puis, elle s’arrêta et dit :
« Vas maintenant, Ninshubur. N’oublie pas les paroles que je t’ai commandées ».
Lorsqu’Inanna arriva aux portes extérieures du monde d’en bas, elle frappa lourdement. Elle s’écria d’une voix féroce :
« Ouvre la porte, gardien!
Ouvre la porte, Neti!
Moi seule désire entrer! »
Neti, le gardien en chef du kur, demanda :
« Qui es-tu? »
Elle répondit :
« Je suis Inanna, Reine des Cieux,
En chemin vers l’Est. »
Neti dit :
« Si tu es vraiment Inanna, Reine des Cieux,
En chemin vers l’Est,
Pourquoi ton cœur t’a-t-il guidé sur le chemin
Duquel aucun voyageur ne revient? »
Elle répondit :
« Parce que… ma sœur aînée, Ereshkigal,
Son époux, Gugalanna, le Taureau des Cieux, est mort.
Je suis venue assister aux rites funéraires.
Que la bière de ses rites funèbres soit versée dans la coupe.
Que cela soit fait. »
Neti dit :
« Reste là, Inanna, je parlerai à ma reine.
Je lui donnerai ton message. »
Neti, le gardien en chef du kur,
Entra au palais d’Ereshkigal, la Reine du Monde d’en bas, et dit :
« Ma reine, une jeune femme
Aussi grande que les cieux
Aussi large que la terre,
Aussi forte que les fondations des murs d’une cité,
Attend derrière les portes du palais.
Elle a assemblé les sept me.
Elle les a prises dans ses mains.
Avec les sept me dans ses mains, elle s’est préparée :
Elle a disposé la shugurra, la couronne de la steppe, sur sa tête.
Elle a arrangé les cheveux sombres sur son front.
Elle a attaché les petites billes de lapis à son cou,
A laissé la double rangée de billes tomber sur sa poitrine,
Et a paré son corps de la robe royale.
Elle a barbouillé ses yeux avec une pommade appelée « Qu’il vienne, qu’il vienne »,
A attaché le pectoral appelé « Viens, homme, viens! » sur sa poitrine,
A Glissé l’anneau d’or à son poignet,
Et a pris la mesure de lapis et la ligne dans sa main. »
Lorsqu’Ereshkigal entendit cela,
Elle frappa sa cuisse et mordit sa lèvre.
Elle prit l’affaire en son cœur et réfléchit à ce sujet.
Puis, elle dit :
« Viens, Neti, mon gardien en chef du kur,
Attention à mes mots :
Verrouille les sept portes du monde d’en bas.
Puis, pour chacune, laisse une fissure dans la porte.
Laisse Inanna entrer.
Si elle entre, retire-lui une de ses parures royales.
Que la sainte prêtresse des cieux entre inclinée bas ».
Neti tint compte des paroles de sa reine.
Il verrouilla les sept portes du monde d’en bas.
Puis il ouvrit la porte extérieure.
Il dit à la jeune femme :
« Viens, Inanna, entre ».
Lorsqu’elle passa la première porte,
De sa tête, la shugurra, la couronne de la steppe, fut retirée.
Inanna demanda :
« Qu’est-ce que ceci? »
On lui répondit :
« Silence, Inanna, les voies du monde d’en bas sont parfaites. Elles ne peuvent être questionnées. »
Lorsqu’elle passa la deuxième porte,
De son cou, les petites billes de lapis furent retirées.
Inanna demanda :
« Qu’est-ce que ceci? »
On lui répondit :
« Silence, Inanna, les voies d’en bas sont parfaites. Elles ne peuvent être questionnées ».
Lorsqu’elle passa la troisième porte,
De sa poitrine la double ligne de billes de lapis fut retirée.
Inanna demanda :
« Qu’est-ce que ceci? »
On lui répondit :
« Silence, Inanna, les voies d’en bas sont parfaites. Elles ne peuvent être questionnées ».
Lorsqu’elle passa la quatrième porte,
De sa poitrine, le pectoral appelé « Viens, homme, viens! » fut retiré.
Inanna demanda :
« Qu’est-ce que ceci? »
On lui répondit :
« Silence, Inanna, les voies d’en bas sont parfaites. Elles ne peuvent être questionnées ».
Lorsqu’elle passa la cinquième porte,
De son poignet l’anneau d’or fut retiré.
Inanna demanda :
« Qu’est-ce que ceci? »
On lui répondit :
« Silence, Inanna, les voies d’en bas sont parfaites. Elles ne peuvent être questionnées ».
Lorsqu’elle passa la sixième porte,
De sa main la mesure de lapis et la ligne furent retirées.
Inanna demanda :
« Qu’est-ce que ceci? »
On lui répondit :
« Silence, Inanna, les voies d’en bas sont parfaites. Elles ne peuvent être questionnées ».
Lorsqu’elle passa la septième porte,
De son corps la robe royale fut retirée.
Inanna demanda :
« Qu’est-ce que ceci? »
On lui répondit :
« Silence, Inanna, les voies d’en bas sont parfaites. Elles ne peuvent être questionnées ».
Nue et inclinée bas, Inanna entra dans la chambre du trône.
Ereshkigal se leva de son trône.
Inanna s’avança vers le trône.
Les Annuna, les juges du monde d’en bas, l’entourèrent.
Ils donnèrent jugement contre elle.
Puis, Ereshkigal jeta sur Inanna l’œil de la mort.
Elle prononça contre elle le mot de colère.
Elle poussa contre elle le pleur de culpabilité.
Elle la frappa.
Inanna devint un cadavre.
Une pièce de viande pourrie,
Et fut pendue à un crochet sur le mur.
Quand, après trois jours et trois nuits, Inanna ne fut pas de retour,
Ninshubur entama une lamentation pour elle près des ruines.
Elle battit le tambour pour elle près des assemblées.
Elle encercla les demeures des dieux.
Elle griffa ses yeux, griffa sa bouche, griffa ses cuisses.
Elle se vêtit d’un simple vêtement comme une mendiante.
Seule, elle s’en alla à Nippur, au temple d’Enlil.
Lorsqu’elle entra dans le sanctuaire sacré, elle pleura :
« Ô Père Enlil, ne laisse pas ta fille être mise à mort au monde d’en bas.
Ne laisse pas ton argent brillant être couvert de la poussière du monde d’en bas.
Ne laisse pas ton précieux lapis être brisé par la pierre du maçon.
Ne laisse pas ton buis odorant être coupé en bois par le bûcheron.
Ne laisse pas la sainte prêtresse des cieux être mise à mort au monde d’en bas ».
Père Enlil répondit furieusement :
« Ma fille désirait le Grand-Dessus.
Inanna désirait le Grand-Dessous.
Celle qui reçut les me du monde d’en bas ne revient pas.
Celle qui va dans la Cité Sombre y demeure ».
Père Enlil ne l’aida pas.
Ninshubur alla à Ur, au temple de Nanna.
Lorsqu’elle entra dans le sanctuaire sacré, elle pleura :
« Ô Père Nanna, ne laisse pas ta fille être mise à mort au monde d’en bas.
Ne laisse pas ton argent brillant être couvert de la poussière du monde d’en bas.
Ne laisse pas ton précieux lapis être brisé par la pierre du maçon.
Ne laisse pas ton buis odorant être coupé en bois par le bûcheron.
Ne laisse pas la sainte prêtresse des cieux être mise à mort au monde d’en bas »
Père Nanna répondit furieusement :
« Ma fille désirait le Grand-Dessus.
Inanna désirait le Grand-Dessous.
Celle qui reçut les me du monde d’en bas ne revient pas.
Celle qui va dans la Cité Sombre y demeure ».
Père Nanna ne l’aida pas.
Ninshubur alla à Eridu, au temple d’Enki.
Elle entra dans le sanctuaire sacré et pleura :
« Ô Père Enki, ne laisse pas ta fille être mise à mort au monde d’en bas.
Ne laisse pas ton argent brillant être couvert de la poussière du monde d’en bas.
Ne laisse pas ton précieux lapis être brisé par la pierre du maçon.
Ne laisse pas ton buis odorant être coupé en bois par le bûcheron.
Ne laisse pas la sainte prêtresse des cieux être mise à mort au monde d’en bas ».
Père Enki dit :
« Que s’est-il passé?
Qu’est-ce que ma fille a fait?
Inanna! Reine de toutes les terres! Sainte Prêtresse des Cieux!
Que s’est-il passé?
Je suis troublé. Je suis affligé ».
De sous son ongle, Père Enki retira de la poussière.
Il façonna la poussière en une kurgarra, une créature ni mâle ni femelle.
De sous l’ongle de son autre main, il retire de la poussière.
Il façonna la poussière en une galatur, une créature ni mâle ni femelle.
Il donna la nourriture de vie à la kurgarra.
Il donna l’eau de vie à la galatur.
Enki parla à la kurgarra et à la galatur, disant :
« Allez au monde d’en bas,
Entrez par la porte comme des mouches.
Ereshkigal, la Reine du Monde d’en bas, gémit
Lorsque les pleurs d’une femme en couche retentissent.
Aucun vêtement ne recouvre son corps.
Ses seins sont nus.
Ses cheveux tourbillonnent au-dessus de ta tête comme des poireaux.
Lorsqu’elle crie « Oh!, Oh! Mon intérieur! »
Criez aussi « Oh! Oh! Ton intérieur! »
Lorsqu’elle crie « Oh! Oh! Mon extérieur! »
Criez aussi « Oh! Oh! Ton extérieur! »
Cela plaira à la reine.
Elle vous offrira un cadeau.
Demandez-lui seulement le cadavre pendu au crochet sur le mur.
L’une de vous répandra la nourriture de vie sur lui.
L’autre répandra l’eau de vie.
Inanna se lèvera ».
La kurgarra et la galatur tinrent compte des paroles d’Enki.
Elles partirent pour le monde d’en bas.
Comme des mouches, elles passèrent à travers les fissures des portes.
Elles entrèrent la chambre du trône de la Reine du Monde d’en bas.
Aucun vêtement ne recourait son corps.
Ses seins étaient nus.
Ses cheveux tourbillonnaient au-dessus de sa tête comme des poireaux.
Ereshkigal gémissait :
« Oh! Oh! Mon intérieur! »
Elles gémirent :
« Oh! Oh! Ton intérieur! »
Ereshkigal gémit :
« Ohhhh! Oh! Mon extérieur! »
Elles gémirent :
« Ohhhh! Oh! Ton extérieur! »
Ereshkigal pleura :
« Oh! Oh! Mon ventre! »
Elles pleurèrent :
« Oh! Oh! Ton ventre! »
Ereshkigal pleura :
« Oh! Ohhhh! Mon dos! »
Elles pleurèrent :
« Oh! Ohhhh! Ton dos! »
Elle soupira :
« Ah! Ah! Mon cœur! »
Elles soupirèrent :
« Ah! Ah! Ton cœur! »
Elle soupira :
« Ah! Ahhhh! Mon foie! »
Elles soupirèrent :
« Ah! Ahhhh! Ton foie! »
Ereshkigal arrêta.
Elle les regarda.
Elle demanda :
« Qui êtes-vous,
Gémissant, pleurant et soupirant avec moi?
Si vous êtes des dieux, je vous bénirai.
Si vous êtes des mortels, je vous ferai un cadeau.
Je vous ferai cadeau de l’eau-don, la rivière dans sa plénitude ».
La kurgarra et la galatur répondirent :
« Nous n’en voulons pas ».
Ereshkigal dit :
« Je vous ferai cadeau du grain, les champs en récolte ».
La kurgarra et la galatur répondirent :
« Nous n’en voulons pas. »
Ereshkigal dit :
« Parlez alors! Que désirez-vous? »
Elles répondirent :
« Nous désirons le cadavre suspendu au crochet sur le mur ».
Ereshkigal dit :
« Ce cadavre appartient à Inanna ».
Elles répondirent :
« Qu’il appartienne à notre reine,
Qu’il appartienne à notre roi,
C’est lui que nous désirons ».
Le cadavre leur fut donné.
La kurgarra répandit la nourriture de vie sur le cadavre.
La galatur répandit l’eau de vie sur le cadavre.
Inanna s’éleva…
*.*.*.*.*.*.*.*.*.*.*.*.*.*
Inanna était sur le point d’entamer sa remontée du monde d’en bas
Lorsque les Annuna, les juges du monde d’en bas, se saisirent d’elle.
Ils lui dirent :
« Personne ne revient du monde d’en bas inchangé.
Si Inanna désire revenir du monde d’en bas,
Elle doit trouver quelqu’un pour prendre sa place. »
Alors qu’Inanna revenait du monde d’en bas,
Les galla, les démons du monde d’en bas, se tenaient à ses côtés.
Les galla étaient des démons qui n’avaient ni besoin de nourriture ni d’eau,
Qui ne mangeaient aucune offrande, ne buvaient aucune libation,
Qui n’acceptaient aucun cadeau.
Ils n’aiment pas faire l’amour.
Ils n’avaient pas de doux enfants à embrasser.
Ils arrachent l’épouse des bras de son mari,
Ils arrachent l’enfant des genoux de son père,
Ils volent l’épousée de sa nouvelle demeure.
Les démons se tenaient aux côtés d’Inanna.
Les petits galla qui accompagnaient Inanna
Étaient comme des roseaux de la taille de la taille de basses clôtures
Les larges galla qui accompagnaient Inanna
Étaient comme des roseaux de la taille de hautes clôtures.
Celui qui marchait devant Inanna n’était pas un ministre
Bien qu’il transportait un sceptre.
Celui qui marchait derrière Inanna n’était pas un guerrier
Bien qu’il transportait un macis.
Ninshubur, vêtue d’une toile à sac souillée,
Attendait dehors des portes du palais.
Lorsqu’elle vit Inanna entourée par les galla
Elle se jeta dans la poussière aux pieds d’Inanna.
Les galla dirent :
« Vas, Inanna, nous prendrons Ninshubur à ta place ».
Inanna pleura :
« Non! Ninshubur est mon constant support.
Elle est ma sukkal qui me donne de sages conseils.
Elle ma guerrière qui combat à mes côtés.
Elle n’a pas oublié mes paroles.
Elle a entamé une lamentation pour moi près des ruines.
Elle a battu le tambour pour moi aux assemblées.
Elle a encerclé les demeures des dieux.
Elle s’est griffé les yeux, la bouche et les genoux.
Elle s’est vêtue d’un simple vêtement comme une mendiante.
Seule, elle est allée à Nippur au temple d’Enlil.
Elle est allée à Ur au temple de Nanna.
Elle est allée à Eridu au temple d’Enki.
Grâce à elle, ma vie fut sauvée.
Je ne vous livrai jamais Ninshubur. »
Les galla dirent :
« Marche, Inanna.
Nous t’accompagnerons jusqu’à Umma. »
À Umma, au sanctuaire sacré,
Shara, le fils d’Inanna, était vêtu d’une toile de sal souillée.
Lorsqu’il vit Inanna,
Entouré par les galla,
Il se jeta dans la poussière à ses pieds.
Les galla dirent :
« Retourne à ta cité, Inanna.
Nous prendrons Shara à ta place ».
Inanna pleura :
« Non! Pas Shara!
Il est mon fils, il chante des hymnes pour moi.
Il est mon fils, il coupe mes ongles et peigne mes cheveux.
Je ne vous livrai jamais Shara ».
Les galla dirent :
« Marche, Inanna.
Nous t’accompagnerons jusqu’à Badtibira ».
À Badtibira, au sanctuaire sacré,
Lulal, le fils d’Inanna, était vêtu d’une toile de sac souillée.
Lorsqu’il vit Inanna,
Entourée par les galla,
Il se jeta dans la poussière à ses pieds.
Les galla dirent :
« Retourne à ta cité, Inanna.
Nous prendrons Lulal à ta place ».
Inanna pleura :
« Pas Lulal! Il est mon fils.
Il est un leader parmi les hommes.
Il est mon bras droit. Il est mon bras gauche.
Je ne vous livrai jamais Lulal ».
Les galla dirent :
« Marche vers ta cité, Inanna.
Nous irons avec toi jusqu’au grand pommier, à Uruk ».
À Uruk, près du grand pommier,
Dumuzi, l’époux d’Inanna, était vêtu de ses me-parures brillantes.
Il était assis sur un magnifique trône (duquel il ne bougea point).
Les galla le saisirent par les cuisses.
Ils renversèrent le lait de ses sept barattes.
Ils rompirent le pipeau avec lequel le berger jouait.
Inanna jeta sur Dumuzi l’œil de la mort.
Elle prononça contre lui le mot de colère.
Elle poussa contre lui le cri de culpabilité :
« Prenez-le! Emmenez Dumuzi! »
Les galla, qui n’avaient ni besoin de nourriture ni d’eau,
Qui ne mangeaient aucune offrande, ne buvaient aucune libation,
Qui n’acceptaient aucun cadeau, saisirent Dumuzi.
Ils le firent se tenir debout; ils le firent s’asseoir.
Ils battirent l’époux d’Inanna.
Ils l’entaillèrent de leurs haches.
Dumuzi laissa échapper un gémissement.
Il leva ses mains vers le ciel, vers Utu, le Dieu de la Justice,
Et il le supplia : »
Ô Utu, tu es mon beau-frère,
Je suis l’époux de ta sœur.
J’apporte de la crème à la maison de ta mère,
J’apporte le lait à la maison de Ningal.
Je suis celui qui transporta la nourriture vers le sanctuaire sacré.
Je suis celui qui apporta les cadeaux nuptiaux à Uruk.
Je suis celui qui dansa sur les genoux sacrés, les genoux d’Inanna.
Utu, toi qui es un dieu juste, un dieu miséricordieux,
Change mes mains en celles des serpents.
Change mes pieds en ceux des serpents.
Laisse-moi échapper aux démons,
Ne les laisse pas me tenir. »
Le miséricordieux Utu accepta les larmes de Dumuzi.
Il changea ses mains en celles des serpents.
Il changea ses pieds en ceux des serpents.
Dumuzi s’échappa des démons.
Ils ne purent pas le tenir…
Le rêve de Dumuzi
Son cœur était empli de larmes.
Le cœur du berger était empli de larmes.
Le cœur de Dumuzi était empli de larmes.
Dumuzi trébuchait à travers la steppe, pleurant :
« Ô steppe, émets un gémissement pour moi!
Ô crabes dans la rivière, pleurez pour moi !
Ô grenouilles dans la rivière, chantez pour moi !
Ô ma mère, Sirtur, pleure pour moi!
Si elle ne trouve pas les cinq pains,
Si elle ne trouve pas les dix pains,
Si elle ne sait pas le jour où je suis mort,
Toi, Ô steppe, dis-lui, dis-le à ma mère.
Sur la steppe, ma mère versera des larmes pour moi.
Sur la steppe, ma petite sœur pleurera pour moi ».
Il se coucha pour se reposer.
Le berger se coucha pour se reposer.
Dumuzi se coucher pour se reposer.
Pendant qu’il était couché sur les bourgeons et les joncs,
Il fit un rêve.
Il s’éveilla de son rêve.
Il trembla de sa vision.
Il se frotta les yeux, terrifié.
Dumuzi appela :
« Emmenez… emmenez-la… emmenez ma sœur.
Emmenez-moi ma Geshtinanna, ma petite sœur,
Ma scribe qui connaît les tablettes,
Ma chanteuse qui connaît plusieurs chansons,
Ma sœur qui connaît la signification des mots,
Ma femme sage qui connaît la signification des rêves.
Je dois lui parler.
Je dois lui raconter mon rêve ».
Dumuzi parla à Geshtinanna, disant :
« Un rêve! Ma sœur, écoute mon rêve :
Des joncs s’élèvent tout autour de moi; des joncs croissent épais tout autour de moi.
Un seul roseau grandissant tremble pour moi.
Un roseau double, le premier, puis l’autre, est retiré.
Dans un bosquet boisé, la terreur des hauts arbres s’élève près de moi.
L’eau est versée sur mon foyer sacré.
Le bas de mes barattes s’égoutte.
Ma coupe à boire tombe de sa cheville.
Ma houlette de berger a disparu.
Un aigle emporte une brebis de la bergerie.
Un faucon attrape un moineau sur la clôture de roseau.
Ma sœur, tes chèvres traînent leurs barbes de lapis dans la poussière.
Tes moutons grattent la terre les pattes pliées.
La baratte repose silencieuse; aucun lait n’est versé.
La coupe repose brisée; Dumuzi n’est plus.
La bergerie est donnée aux vents ».
Geshtinanna dit :
« Mon frère, ne me raconte pas ton rêve.
Dumuzi, ne me raconte pas un tel rêve.
Les joncs s’élèveront autour de toi.
Les joncs qui croîtront épais autour de toi,
Sont tes démons, qui te poursuivent et t’attaquent.
Le seul roseau croissant qui tremble pour toi,
Est notre mère, qui pleurera pour toi.
Le roseau double, le premier, puis le deuxième est retiré,
C’est toi et moi, le premier, puis le second, qui sommes emportés.
Dans le bosquet boisé, la terreur des hauts arbres qui s’élèvent près de toi,
Sont les galla, ils viendront pour toi dans la bergerie.
Quand le feu sera éteint dans son foyer sacré,
La bergerie deviendra une demeure de désolation.
Quand le bas de tes barattes s’égoutte,
C’est que tu es détenu par les galla.
Quand ta coupe à boire tombe de sa cheville,
Tu tomberas sur la terre, sur les genoux de ta mère.
Quand ta houlette de berger disparaît,
Les galla flétriront tout.
L’aigle qui saisit la brebis dans la bergerie
Est le galla qui griffera tes joues.
Le faucon qui attrape un moineau sur la clôture de roseau
Est le galla qui grimpera sur la clôture pour t’emporter.
Dumuzi, mes chèvres traînent leurs barbes de lapis dans la poussière.
Mes cheveux tourbillonneront vers le ciel pour toi.
Mes moutons grattent la terre les pattes pliées
Ô Dumuzi, je me grifferai les joues dans ma douleur pour toi.
La baratte repose silencieuse, aucun lait n’est versé.
La coupe repose brisée; Dumuzi n’est plus.
La bergerie est donnée aux vents ».
À peine avait-elle prononcé ces paroles
Lorsque Dumuzi pleura :
« Ma sœur! Vite, vas sur la colline!
Ne vas pas avec des pas nobles et lents.
Sœur, cours!
Les galla, haïs et craints de mes hommes,
S’en viennent en bateaux.
Ils apportent le bois pour lier les mains.
Ils apportent le bois pour lier le cou.
Sœur, cours! »
Geshtinanna alla sur la colline.
L’ami de Dumuzi alla avec elle.
Dumuzi pleura :
« Les voyez-vous? »
L’ami cria :
« Ils s’en viennent;
Les larges galla qui apportent le bois pour lier le cou,
Ils s’en viennent pour toi ».
Geshtinanna pleura :
« Vite, frère!
Cache ta tête dans l’herbe.
Les démons s’en viennent pour toi ».
Dumuzi dit :
« Ma sœur, ne dis à personne où je me cache.
Mon ami, ne dit à personne où je me cache.
Je me cacherai dans l’herbe.
Je me cacherai parmi les petites plantes.
Je me cacherai parmi les grandes plantes.
Je me cacherai dans les fossés d’Arali ».
Geshtinanna et l’ami de Dumuzi répondirent :
« Dumuzi, si nous révélons l’endroit où tu es caché,
Que les chiens nous dévorent,
Les chiens noirs de ta bergerie,
Les chiens royaux du roi,
Que tes chiens nous dévorent! »
Un petit galla dit à un grand galla :
« Toi galla, qui n’a ni mère, ni père,
Ni sœur, ni frère, ni épouse, ni enfant
Toi qui voles au-dessus des cieux et de la terre comme des gardiens,
Qui s’accroche au flanc d’un homme,
Qui ne montre aucune grâce,
Qui ne reconnaît pas le bien du mal,
Dis-nous,
Qui a jamais vu l’âme d’un homme effrayé vivre en paix?
Ne cherchons pas Dumuzi dans la maison de son ami.
Ne cherchons pas Dumuzi dans la maison de son beau-frère.
Cherchons Dumuzi dans la maison de sa sœur, Geshtinanna ».
Les galla tapèrent dans leurs mains joyeusement.
Ils allèrent chercher Dumuzi.
Ils vinrent à la maison de Geshtinanna. Ils crièrent :
« Montre-nous où se trouve ton frère! »
Geshtinanna ne parla pas.
Ils lui offrirent le cadeau de l’eau.
Elle le refusa.
Ils lui offrirent le cadeau du grain.
Elle le refusa.
Le Ciel se rapprocha.
La Terre se rapprocha.
Geshtinanna ne parla pas.
Ils déchirèrent ses vêtements.
Ils versèrent de la poix dans sa vulve.
Geshtinanna ne parla pas.
Le petit galla dit au grand galla :
Qui, depuis le début des temps,
A déjà vu une sœur révéler où se trouvait la cachette de son frère?
Viens, cherchons Dumuzi dans la maison de son ami ».
Les galla allèrent vers l’ami de Dumuzi.
Ils lui offrirent le cadeau de l’eau.
Il l’accepta.
Ils lui offrirent le cadeau du grain.
Il l’accepta.
Il dit :
« Dumuzi se cache dans l’herbe,
Mais je ne sais pas à quel endroit ».
Les galla cherchèrent Dumuzi dans l’herbe.
Mais ils ne trouvèrent pas.
L’ami dit :
« Dumuzi se cache parmi les petites plantes.
Mais je ne sais pas à quel endroit ».
Les galla cherchèrent Dumuzi parmi les petites plantes.
Ils ne le trouvèrent pas.
L’ami dit :
« Dumuzi se cache parmi les grandes plantes.
Mais je ne sais pas à quel endroit ».
Les galla cherchèrent Dumuzi parmi les grandes plantes.
Ils ne le trouvèrent pas.
L’ami dit :
« Dumuzi se cache dans les fossés d’Arali.
Dumuzi est tombé dans les fossés d’Arali. »
Dans les fossés d’Arali, les galla attrapèrent Dumuzi.
Dumuzi devint pâle et pleura.
Il dit :
« Ma sœur sauva ma vie.
Mon ami causa ma mort.
Si les enfants de ma sœur errent dans la rue,
Qu’ils soient protégés, qu’ils soient bénis.
Si les enfants de mon ami errent dans la rue,
Qu’ils soient perdus, qu’ils soient maudits ».
Les galla entourèrent Dumuzi.
Ils attachèrent ses mains, ils lièrent son cou.
Ils battirent l’époux d’Inanna.
Dumuzi éleva ses mains vers les cieux, vers Utu, le Dieu de la Justice, et pleura :
« Ô Utu, tu es mon beau-frère,
Je suis l’époux de ta sœur.
Je suis celui qui transporta la nourriture vers le sanctuaire sacré.
Je suis celui qui apporta les cadeaux nuptiaux à Uruk.
J’ai embrassé les saintes lèvres,
J’ai dansé sur les genoux sacrés, les genoux d’Inanna.
Change mes mains en celles d’une gazelle.
Change mes pieds en ceux d’une gazelle.
Laisse-moi échapper aux démons,
Laisse-moi fuir à Kubiresh! »
Le miséricordieux Utu accepta les larmes de Dumuzi.
Il changea ses mains en celles d’une gazelle.
Il changea ses pieds en celles d’une gazelle.
Dumuzi échappa à ses démons.
Il prit la fuite à Kubiresh.
Les galla dirent :
« Allons à Kubiresh! »
Les galla arrivèrent à Kubiresh.
Dumuzi échappa à ses démons.
Il prit la fuite vers la Vieille Belili.
Les galla dirent :
« Allons chez la Vieille Belili! »
Dumuzi entra dans la maison de la Vieille Belili. Il lui dit :
« Vieille femme. Je ne suis pas un simple mortel.
Je suis l’époux de la déesse Inanna.
Verse de moi de l’eau à boire.
Saupoudre de la farine pour que je puisse manger ».
Après que la vieille femme lui ait versé de l’eau
Et lui ai saupoudré de la farine pour que Dumuzi puisse manger,
Elle quitta la maison.
Les galla la virent s’en aller, ils entrèrent dans la maison.
Dumuzi s’échappa de ses démons.
Il prit la fuite vers la bergerie de sa sœur, Geshtinanna.
Quand Geshtinanna trouva Dumuzi dans sa bergerie, elle pleura.
Elle porta sa bouche vers le ciel.
Elle porta sa bouche vers la terre.
Son pleur couvrit l’horizon comme un habit.
Elle griffa ses yeux.
Elle griffa sa bouche.
Elle griffa ses cuisses.
Les galla escaladèrent la clôture de roseau.
Le premier galla frappa Dumuzi à la joue avec son ongle perçant,
Le deuxième galla frappa Dumuzi à son autre joue avec la houlette du berger,
Le troisième galla brisa le fond de la baratte,
Le quatrième galla fit tomber la coupe à boire de sa cheville,
Le cinquième galla brisa la baratte,
Le sixième galla brisa la coupe,
Le septième galla cria :
« Debout, Dumuzi!
Époux d’Inanna, fils de Sirtur, frère de Geshtinanna!
Relève-toi de ton faux sommeil!
Tes brebis sont saisies! Tes agneaux sont saisis!
Tes chèvres sont saisies! Tes enfants sont saisis!
Retire la couronne sacrée de ta tête!
Retire tes me-parures de ton corps!
Laisse ton sceptre royal tomber sur le sol!
Retire tes saintes sandales de tes pieds!
Nu, tu viens avec nous! »
Les galla saisirent Dumuzi.
Ils l’entourèrent.
Ils lièrent ses mains. Ils lièrent son cou.
La baratte était silencieuse. Aucun lait n’était versé.
La coupe était brisée. Dumuzi n’était plus.
La bergerie fut donnée aux vents.
*.*.*.*.*.*.*.*.*.*.*.*.*.*.*.*
Le retour
Une lamentation s’éleva dans la cité :
« Ma Dame pleure amèrement pour son jeune époux.
Inanna pleure amèrement pour son jeune époux.
Malheur pour son époux! Malheur pour son jeune amour!
Malheur pour sa maison! Malheur pour sa cité!
Dumuzi fut tenu captif à Uruk.
Il ne se baignera plus à Eridu.
Il ne se savonnera plus lui-même dans le sanctuaire sacré.
Il ne traitera plus la mère d’Inanna comme la sienne.
Il ne s’affairera plus à sa douce tâche
Parmi les jeunes filles de la cité.
Il ne fera plus compétition contre les jeunes hommes de la cité.
Il ne lèvera plus son épée plus haute que les prêtres de la kurgarra.
Grandes est la peine de ceux qui pleurent pour Dumuzi. »
Inanna pleura pour Dumuzi :
« Mon époux s’en est allé, mon doux époux.
Mon amour s’en est allé, mon doux amour.
Mon bien-aimé a été amené loin de la cité.
Ô, vous, mouches de la steppe,
Mon bien-aimé époux m’a été enlevé
Avant que je ne puisse l’envelopper d’un linceul approprié.
Le taureau sauvage ne vit plus.
Le berger, le taureau sauvage ne vit plus.
Dumuzi, le taureau sauvage, ne vit plus.
Je demande aux collines et aux vallées :
Où est mon époux?
Je leur dis :
Je ne peux plus lui apporter de nourriture.
Je ne peux plus lui servir à boire.
Le chacal repose dans son lit.
Le corbeau demeure dans sa bergerie.
Et son pipeau?
Le vent doit en jouer pour lui.
Et ses douces chansons?
Le vent doit les chanter pour lui ».
Sirtur, la mère de Dumuzi, pleura pour son fils :
« Mon cœur joue du pipeau de la tristesse.
Autrefois mon garçon allait si librement à travers la steppe,
Maintenant, il est captif.
Autrefois Dumuzi allait si librement à travers la steppe,
Maintenant, il est lié.
La brebis abandonne son agneau.
La chèvre abandonne son enfant.
Mon cœur joue du pipeau de la tristesse.
Ô steppe perfide!
À l’endroit où il a autrefois dit
« Ma mère me demandera »,
Maintenant il ne peut plus bouger ses mains.
Il ne peut plus bouger ses pieds.
Mon cœur joue du pipeau de la tristesse.
J’irai à lui,
J’irai voir mon enfant ».
La mère marcha vers l’endroit désolé.
Sirtur marcha vers l’endroit où Dumuzi reposait.
Elle regarda le taureau sauvage massacré.
Elle regarda son visage. Elle dit :
« Mon enfant, ce visage est tien.
L’esprit a fui ».
Il y a de la tristesse dans la maison.
Il y a de la peine dans les chambres intérieures.
La sœur erra à travers la cité, pleurant pour son frère.
Geshtinanna erra à travers la cité, pleurant pour Dumuzi.
« Ô mon frère! Qui est ta sœur?
Je suis ta sœur.
Ô Dumuzi! Qui est ta mère?
Je suis ta mère.
Le jour qui se lève pour toi se lèvera également pour moi.
Le jour que tu verras, je le verrai aussi.
Je trouverai mon frère! Je le réconforterai!
Je partagerai son destin! »
Lorsqu’elle vit le chagrin de la sœur,
Lorsqu’Inanna vit le chagrin de Geshtinanna,
Elle lui dit gentiment :
« La maison de ton frère n’est plus.
Dumuzi a été emporté par les galla.
Je t’emmènerais à lui,
Mais je ne connais pas l’endroit ».
Puis une mouche apparut.
La mouche sacrée fit des cercles dans l’air au-dessus de la tête d’Inanna et dit :
« Si je vous dis où se trouve Dumuzi,
Que me donneras-tu? »
Inanna dit :
« Si tu me dis,
Je te laisserai fréquenter les maisons de bière et les tavernes.
Je te laisserai passer dans les conversations des sages.
Je te laisserai passer dans les chansons des ménestrels ».
La mouche parla :
« Levez les yeux vers les bords de la steppe,
Levez les yeux vers Arali.
Là vous trouverez le frère de Geshtinanna,
Là vous trouverez le berger Dumuzi ».
Inanna et Geshtinanna allèrent aux bords de la steppe.
Elles trouvèrent Dumuzi qui pleurait.
Inanna prit Dumuzi par la main et dit :
« Tu iras au monde d’en bas
Une demi-année.
Ta sœur, puisqu’elle l’a demandé,
Ira l’autre moitié.
Le jour où tu seras appelé,
Ce jour tu seras amené.
Le jour où Geshtinanna sera appelée,
Ce jour tu seras libéré ».
Inanna plaça Dumuzi dans les mains de l’éternel.
Sainte Ereshkigal! Grande est ta renommée!
Sainte Ereshkigal! Je chante tes louanges!
D’après le texte The Descent of Inanna
Inanna Queen of Heaven and Earth – Diane Wolkstein & Samuel Norah Kramer
Du Grand-Dessus au Grand-Dessous
Depuis le Grand-Dessus, elle ouvrit son oreille au Grand-Dessous.
Depuis le Grand-Dessus, la déesse ouvrit son oreille au Grand-Dessous.
Depuis le Grand-Dessus, Inanna ouvrit son oreille au Grand-Dessous.
Ma Dame abandonna cieux et terre pour descendre au monde d’en bas.
Inanna abandonna cieux et terre pour descendre au monde d’en bas.
Elle abandonna son statut de sainte prêtresse pour descendre au monde d’en bas.
À Uruk, elle abandonna son temple pour descendre au monde d’en bas.
À Badtibira, elle abandonna son temple pour descendre au monde d’en bas.
À Zabalam, elle abandonna son temple pour descendre au monde d’en bas.
À Adab, elle abandonna son temple pour descendre au monde d’en bas.
À Nippur, elle abandonna son temple pour descendre au monde d’en bas.
À Kish, elle abandonna son temple pour descendre au monde d’en bas.
À Akkad, elle abandonna son temple pour descendre au monde d’en bas.
Elle assembla les sept me.
Elle les prit dans ses mains.
Avec les me en sa possession, elle se prépara :
Elle disposa la shugurra, la couronne de la steppe, sur sa tête.
Elle arrangea les cheveux sombres sur son front.
Elle attacha les petites billes de lapis à son cou,
Laissa la double rangée de billes tomber sur sa poitrine,
Et para son corps de la robe royale.
Elle barbouilla ses yeux avec une pommade appelée « Qu’il vienne, qu’il vienne »,
Attacha le pectoral appelé « Viens, homme, viens! » sur sa poitrine,
Glissa l’anneau d’or à son poignet,
Et prit la mesure de lapis et la ligne dans sa main.
Inanna s’en alla pour le monde d’en bas.
Ninshubur, sa fidèle servante, vint à elle.
Inanna lui parla, lui disant :
« Ninshubur, mon soutient constant,
Ma sukkal qui me donne de sages conseils,
Ma guerrière qui combat à mes côtés,
Je descends au kur, au monde d’en bas.
Si je ne revenais pas,
Entame une lamentation pour moi près des ruines.
Bats le tambour pour moi dans les assemblées.
Encercle les demeures des dieux.
Griffe tes yeux, ta bouche, tes cuisses.
Vêts-toi d’un vêtement simple comme une mendiante.
Vas à Nippur, au temple d’Enlil.
Lorsque tu entreras en son sanctuaire sacré, pleure :
« Ô Père Enlil, ne laisse pas ta fille être mise à mort au monde d’en bas.
Ne laisse pas ton argent brillant être couvert de la poussière du monde d’en bas.
Ne laisse pas ton précieux lapis être brisé par la pierre du maçon.
Ne laisse pas ton buis odorant être coupé en bois par le bûcheron.
Ne laisse pas la sainte prêtresse des cieux être mise à mort au monde d’en bas »
Si Enlil ne t’aide pas,
Vas à Ur, au temple de Nanna.
Pleure devant Père Nanna.
Si Nanna ne t’aide pas,
Vas à Eridu, au temple d’Enki.
Pleure devant Père Enki.
Père Enki, dieu de la sagesse, connaît la nourriture de vie,
Il connaît l’eau de vie;
Il connaît les secrets.
Certainement, il ne me laissera pas mourir. »
Inanna continua son chemin vers le monde d’en bas.
Puis, elle s’arrêta et dit :
« Vas maintenant, Ninshubur. N’oublie pas les paroles que je t’ai commandées ».
Lorsqu’Inanna arriva aux portes extérieures du monde d’en bas, elle frappa lourdement. Elle s’écria d’une voix féroce :
« Ouvre la porte, gardien!
Ouvre la porte, Neti!
Moi seule désire entrer! »
Neti, le gardien en chef du kur, demanda :
« Qui es-tu? »
Elle répondit :
« Je suis Inanna, Reine des Cieux,
En chemin vers l’Est. »
Neti dit :
« Si tu es vraiment Inanna, Reine des Cieux,
En chemin vers l’Est,
Pourquoi ton cœur t’a-t-il guidé sur le chemin
Duquel aucun voyageur ne revient? »
Elle répondit :
« Parce que… ma sœur aînée, Ereshkigal,
Son époux, Gugalanna, le Taureau des Cieux, est mort.
Je suis venue assister aux rites funéraires.
Que la bière de ses rites funèbres soit versée dans la coupe.
Que cela soit fait. »
Neti dit :
« Reste là, Inanna, je parlerai à ma reine.
Je lui donnerai ton message. »
Neti, le gardien en chef du kur,
Entra au palais d’Ereshkigal, la Reine du Monde d’en bas, et dit :
« Ma reine, une jeune femme
Aussi grande que les cieux
Aussi large que la terre,
Aussi forte que les fondations des murs d’une cité,
Attend derrière les portes du palais.
Elle a assemblé les sept me.
Elle les a prises dans ses mains.
Avec les sept me dans ses mains, elle s’est préparée :
Elle a disposé la shugurra, la couronne de la steppe, sur sa tête.
Elle a arrangé les cheveux sombres sur son front.
Elle a attaché les petites billes de lapis à son cou,
A laissé la double rangée de billes tomber sur sa poitrine,
Et a paré son corps de la robe royale.
Elle a barbouillé ses yeux avec une pommade appelée « Qu’il vienne, qu’il vienne »,
A attaché le pectoral appelé « Viens, homme, viens! » sur sa poitrine,
A Glissé l’anneau d’or à son poignet,
Et a pris la mesure de lapis et la ligne dans sa main. »
Lorsqu’Ereshkigal entendit cela,
Elle frappa sa cuisse et mordit sa lèvre.
Elle prit l’affaire en son cœur et réfléchit à ce sujet.
Puis, elle dit :
« Viens, Neti, mon gardien en chef du kur,
Attention à mes mots :
Verrouille les sept portes du monde d’en bas.
Puis, pour chacune, laisse une fissure dans la porte.
Laisse Inanna entrer.
Si elle entre, retire-lui une de ses parures royales.
Que la sainte prêtresse des cieux entre inclinée bas ».
Neti tint compte des paroles de sa reine.
Il verrouilla les sept portes du monde d’en bas.
Puis il ouvrit la porte extérieure.
Il dit à la jeune femme :
« Viens, Inanna, entre ».
Lorsqu’elle passa la première porte,
De sa tête, la shugurra, la couronne de la steppe, fut retirée.
Inanna demanda :
« Qu’est-ce que ceci? »
On lui répondit :
« Silence, Inanna, les voies du monde d’en bas sont parfaites. Elles ne peuvent être questionnées. »
Lorsqu’elle passa la deuxième porte,
De son cou, les petites billes de lapis furent retirées.
Inanna demanda :
« Qu’est-ce que ceci? »
On lui répondit :
« Silence, Inanna, les voies d’en bas sont parfaites. Elles ne peuvent être questionnées ».
Lorsqu’elle passa la troisième porte,
De sa poitrine la double ligne de billes de lapis fut retirée.
Inanna demanda :
« Qu’est-ce que ceci? »
On lui répondit :
« Silence, Inanna, les voies d’en bas sont parfaites. Elles ne peuvent être questionnées ».
Lorsqu’elle passa la quatrième porte,
De sa poitrine, le pectoral appelé « Viens, homme, viens! » fut retiré.
Inanna demanda :
« Qu’est-ce que ceci? »
On lui répondit :
« Silence, Inanna, les voies d’en bas sont parfaites. Elles ne peuvent être questionnées ».
Lorsqu’elle passa la cinquième porte,
De son poignet l’anneau d’or fut retiré.
Inanna demanda :
« Qu’est-ce que ceci? »
On lui répondit :
« Silence, Inanna, les voies d’en bas sont parfaites. Elles ne peuvent être questionnées ».
Lorsqu’elle passa la sixième porte,
De sa main la mesure de lapis et la ligne furent retirées.
Inanna demanda :
« Qu’est-ce que ceci? »
On lui répondit :
« Silence, Inanna, les voies d’en bas sont parfaites. Elles ne peuvent être questionnées ».
Lorsqu’elle passa la septième porte,
De son corps la robe royale fut retirée.
Inanna demanda :
« Qu’est-ce que ceci? »
On lui répondit :
« Silence, Inanna, les voies d’en bas sont parfaites. Elles ne peuvent être questionnées ».
Nue et inclinée bas, Inanna entra dans la chambre du trône.
Ereshkigal se leva de son trône.
Inanna s’avança vers le trône.
Les Annuna, les juges du monde d’en bas, l’entourèrent.
Ils donnèrent jugement contre elle.
Puis, Ereshkigal jeta sur Inanna l’œil de la mort.
Elle prononça contre elle le mot de colère.
Elle poussa contre elle le pleur de culpabilité.
Elle la frappa.
Inanna devint un cadavre.
Une pièce de viande pourrie,
Et fut pendue à un crochet sur le mur.
Quand, après trois jours et trois nuits, Inanna ne fut pas de retour,
Ninshubur entama une lamentation pour elle près des ruines.
Elle battit le tambour pour elle près des assemblées.
Elle encercla les demeures des dieux.
Elle griffa ses yeux, griffa sa bouche, griffa ses cuisses.
Elle se vêtit d’un simple vêtement comme une mendiante.
Seule, elle s’en alla à Nippur, au temple d’Enlil.
Lorsqu’elle entra dans le sanctuaire sacré, elle pleura :
« Ô Père Enlil, ne laisse pas ta fille être mise à mort au monde d’en bas.
Ne laisse pas ton argent brillant être couvert de la poussière du monde d’en bas.
Ne laisse pas ton précieux lapis être brisé par la pierre du maçon.
Ne laisse pas ton buis odorant être coupé en bois par le bûcheron.
Ne laisse pas la sainte prêtresse des cieux être mise à mort au monde d’en bas ».
Père Enlil répondit furieusement :
« Ma fille désirait le Grand-Dessus.
Inanna désirait le Grand-Dessous.
Celle qui reçut les me du monde d’en bas ne revient pas.
Celle qui va dans la Cité Sombre y demeure ».
Père Enlil ne l’aida pas.
Ninshubur alla à Ur, au temple de Nanna.
Lorsqu’elle entra dans le sanctuaire sacré, elle pleura :
« Ô Père Nanna, ne laisse pas ta fille être mise à mort au monde d’en bas.
Ne laisse pas ton argent brillant être couvert de la poussière du monde d’en bas.
Ne laisse pas ton précieux lapis être brisé par la pierre du maçon.
Ne laisse pas ton buis odorant être coupé en bois par le bûcheron.
Ne laisse pas la sainte prêtresse des cieux être mise à mort au monde d’en bas »
Père Nanna répondit furieusement :
« Ma fille désirait le Grand-Dessus.
Inanna désirait le Grand-Dessous.
Celle qui reçut les me du monde d’en bas ne revient pas.
Celle qui va dans la Cité Sombre y demeure ».
Père Nanna ne l’aida pas.
Ninshubur alla à Eridu, au temple d’Enki.
Elle entra dans le sanctuaire sacré et pleura :
« Ô Père Enki, ne laisse pas ta fille être mise à mort au monde d’en bas.
Ne laisse pas ton argent brillant être couvert de la poussière du monde d’en bas.
Ne laisse pas ton précieux lapis être brisé par la pierre du maçon.
Ne laisse pas ton buis odorant être coupé en bois par le bûcheron.
Ne laisse pas la sainte prêtresse des cieux être mise à mort au monde d’en bas ».
Père Enki dit :
« Que s’est-il passé?
Qu’est-ce que ma fille a fait?
Inanna! Reine de toutes les terres! Sainte Prêtresse des Cieux!
Que s’est-il passé?
Je suis troublé. Je suis affligé ».
De sous son ongle, Père Enki retira de la poussière.
Il façonna la poussière en une kurgarra, une créature ni mâle ni femelle.
De sous l’ongle de son autre main, il retire de la poussière.
Il façonna la poussière en une galatur, une créature ni mâle ni femelle.
Il donna la nourriture de vie à la kurgarra.
Il donna l’eau de vie à la galatur.
Enki parla à la kurgarra et à la galatur, disant :
« Allez au monde d’en bas,
Entrez par la porte comme des mouches.
Ereshkigal, la Reine du Monde d’en bas, gémit
Lorsque les pleurs d’une femme en couche retentissent.
Aucun vêtement ne recouvre son corps.
Ses seins sont nus.
Ses cheveux tourbillonnent au-dessus de ta tête comme des poireaux.
Lorsqu’elle crie « Oh!, Oh! Mon intérieur! »
Criez aussi « Oh! Oh! Ton intérieur! »
Lorsqu’elle crie « Oh! Oh! Mon extérieur! »
Criez aussi « Oh! Oh! Ton extérieur! »
Cela plaira à la reine.
Elle vous offrira un cadeau.
Demandez-lui seulement le cadavre pendu au crochet sur le mur.
L’une de vous répandra la nourriture de vie sur lui.
L’autre répandra l’eau de vie.
Inanna se lèvera ».
La kurgarra et la galatur tinrent compte des paroles d’Enki.
Elles partirent pour le monde d’en bas.
Comme des mouches, elles passèrent à travers les fissures des portes.
Elles entrèrent la chambre du trône de la Reine du Monde d’en bas.
Aucun vêtement ne recourait son corps.
Ses seins étaient nus.
Ses cheveux tourbillonnaient au-dessus de sa tête comme des poireaux.
Ereshkigal gémissait :
« Oh! Oh! Mon intérieur! »
Elles gémirent :
« Oh! Oh! Ton intérieur! »
Ereshkigal gémit :
« Ohhhh! Oh! Mon extérieur! »
Elles gémirent :
« Ohhhh! Oh! Ton extérieur! »
Ereshkigal pleura :
« Oh! Oh! Mon ventre! »
Elles pleurèrent :
« Oh! Oh! Ton ventre! »
Ereshkigal pleura :
« Oh! Ohhhh! Mon dos! »
Elles pleurèrent :
« Oh! Ohhhh! Ton dos! »
Elle soupira :
« Ah! Ah! Mon cœur! »
Elles soupirèrent :
« Ah! Ah! Ton cœur! »
Elle soupira :
« Ah! Ahhhh! Mon foie! »
Elles soupirèrent :
« Ah! Ahhhh! Ton foie! »
Ereshkigal arrêta.
Elle les regarda.
Elle demanda :
« Qui êtes-vous,
Gémissant, pleurant et soupirant avec moi?
Si vous êtes des dieux, je vous bénirai.
Si vous êtes des mortels, je vous ferai un cadeau.
Je vous ferai cadeau de l’eau-don, la rivière dans sa plénitude ».
La kurgarra et la galatur répondirent :
« Nous n’en voulons pas ».
Ereshkigal dit :
« Je vous ferai cadeau du grain, les champs en récolte ».
La kurgarra et la galatur répondirent :
« Nous n’en voulons pas. »
Ereshkigal dit :
« Parlez alors! Que désirez-vous? »
Elles répondirent :
« Nous désirons le cadavre suspendu au crochet sur le mur ».
Ereshkigal dit :
« Ce cadavre appartient à Inanna ».
Elles répondirent :
« Qu’il appartienne à notre reine,
Qu’il appartienne à notre roi,
C’est lui que nous désirons ».
Le cadavre leur fut donné.
La kurgarra répandit la nourriture de vie sur le cadavre.
La galatur répandit l’eau de vie sur le cadavre.
Inanna s’éleva…
*.*.*.*.*.*.*.*.*.*.*.*.*.*
Inanna était sur le point d’entamer sa remontée du monde d’en bas
Lorsque les Annuna, les juges du monde d’en bas, se saisirent d’elle.
Ils lui dirent :
« Personne ne revient du monde d’en bas inchangé.
Si Inanna désire revenir du monde d’en bas,
Elle doit trouver quelqu’un pour prendre sa place. »
Alors qu’Inanna revenait du monde d’en bas,
Les galla, les démons du monde d’en bas, se tenaient à ses côtés.
Les galla étaient des démons qui n’avaient ni besoin de nourriture ni d’eau,
Qui ne mangeaient aucune offrande, ne buvaient aucune libation,
Qui n’acceptaient aucun cadeau.
Ils n’aiment pas faire l’amour.
Ils n’avaient pas de doux enfants à embrasser.
Ils arrachent l’épouse des bras de son mari,
Ils arrachent l’enfant des genoux de son père,
Ils volent l’épousée de sa nouvelle demeure.
Les démons se tenaient aux côtés d’Inanna.
Les petits galla qui accompagnaient Inanna
Étaient comme des roseaux de la taille de la taille de basses clôtures
Les larges galla qui accompagnaient Inanna
Étaient comme des roseaux de la taille de hautes clôtures.
Celui qui marchait devant Inanna n’était pas un ministre
Bien qu’il transportait un sceptre.
Celui qui marchait derrière Inanna n’était pas un guerrier
Bien qu’il transportait un macis.
Ninshubur, vêtue d’une toile à sac souillée,
Attendait dehors des portes du palais.
Lorsqu’elle vit Inanna entourée par les galla
Elle se jeta dans la poussière aux pieds d’Inanna.
Les galla dirent :
« Vas, Inanna, nous prendrons Ninshubur à ta place ».
Inanna pleura :
« Non! Ninshubur est mon constant support.
Elle est ma sukkal qui me donne de sages conseils.
Elle ma guerrière qui combat à mes côtés.
Elle n’a pas oublié mes paroles.
Elle a entamé une lamentation pour moi près des ruines.
Elle a battu le tambour pour moi aux assemblées.
Elle a encerclé les demeures des dieux.
Elle s’est griffé les yeux, la bouche et les genoux.
Elle s’est vêtue d’un simple vêtement comme une mendiante.
Seule, elle est allée à Nippur au temple d’Enlil.
Elle est allée à Ur au temple de Nanna.
Elle est allée à Eridu au temple d’Enki.
Grâce à elle, ma vie fut sauvée.
Je ne vous livrai jamais Ninshubur. »
Les galla dirent :
« Marche, Inanna.
Nous t’accompagnerons jusqu’à Umma. »
À Umma, au sanctuaire sacré,
Shara, le fils d’Inanna, était vêtu d’une toile de sal souillée.
Lorsqu’il vit Inanna,
Entouré par les galla,
Il se jeta dans la poussière à ses pieds.
Les galla dirent :
« Retourne à ta cité, Inanna.
Nous prendrons Shara à ta place ».
Inanna pleura :
« Non! Pas Shara!
Il est mon fils, il chante des hymnes pour moi.
Il est mon fils, il coupe mes ongles et peigne mes cheveux.
Je ne vous livrai jamais Shara ».
Les galla dirent :
« Marche, Inanna.
Nous t’accompagnerons jusqu’à Badtibira ».
À Badtibira, au sanctuaire sacré,
Lulal, le fils d’Inanna, était vêtu d’une toile de sac souillée.
Lorsqu’il vit Inanna,
Entourée par les galla,
Il se jeta dans la poussière à ses pieds.
Les galla dirent :
« Retourne à ta cité, Inanna.
Nous prendrons Lulal à ta place ».
Inanna pleura :
« Pas Lulal! Il est mon fils.
Il est un leader parmi les hommes.
Il est mon bras droit. Il est mon bras gauche.
Je ne vous livrai jamais Lulal ».
Les galla dirent :
« Marche vers ta cité, Inanna.
Nous irons avec toi jusqu’au grand pommier, à Uruk ».
À Uruk, près du grand pommier,
Dumuzi, l’époux d’Inanna, était vêtu de ses me-parures brillantes.
Il était assis sur un magnifique trône (duquel il ne bougea point).
Les galla le saisirent par les cuisses.
Ils renversèrent le lait de ses sept barattes.
Ils rompirent le pipeau avec lequel le berger jouait.
Inanna jeta sur Dumuzi l’œil de la mort.
Elle prononça contre lui le mot de colère.
Elle poussa contre lui le cri de culpabilité :
« Prenez-le! Emmenez Dumuzi! »
Les galla, qui n’avaient ni besoin de nourriture ni d’eau,
Qui ne mangeaient aucune offrande, ne buvaient aucune libation,
Qui n’acceptaient aucun cadeau, saisirent Dumuzi.
Ils le firent se tenir debout; ils le firent s’asseoir.
Ils battirent l’époux d’Inanna.
Ils l’entaillèrent de leurs haches.
Dumuzi laissa échapper un gémissement.
Il leva ses mains vers le ciel, vers Utu, le Dieu de la Justice,
Et il le supplia : »
Ô Utu, tu es mon beau-frère,
Je suis l’époux de ta sœur.
J’apporte de la crème à la maison de ta mère,
J’apporte le lait à la maison de Ningal.
Je suis celui qui transporta la nourriture vers le sanctuaire sacré.
Je suis celui qui apporta les cadeaux nuptiaux à Uruk.
Je suis celui qui dansa sur les genoux sacrés, les genoux d’Inanna.
Utu, toi qui es un dieu juste, un dieu miséricordieux,
Change mes mains en celles des serpents.
Change mes pieds en ceux des serpents.
Laisse-moi échapper aux démons,
Ne les laisse pas me tenir. »
Le miséricordieux Utu accepta les larmes de Dumuzi.
Il changea ses mains en celles des serpents.
Il changea ses pieds en ceux des serpents.
Dumuzi s’échappa des démons.
Ils ne purent pas le tenir…
Le rêve de Dumuzi
Son cœur était empli de larmes.
Le cœur du berger était empli de larmes.
Le cœur de Dumuzi était empli de larmes.
Dumuzi trébuchait à travers la steppe, pleurant :
« Ô steppe, émets un gémissement pour moi!
Ô crabes dans la rivière, pleurez pour moi !
Ô grenouilles dans la rivière, chantez pour moi !
Ô ma mère, Sirtur, pleure pour moi!
Si elle ne trouve pas les cinq pains,
Si elle ne trouve pas les dix pains,
Si elle ne sait pas le jour où je suis mort,
Toi, Ô steppe, dis-lui, dis-le à ma mère.
Sur la steppe, ma mère versera des larmes pour moi.
Sur la steppe, ma petite sœur pleurera pour moi ».
Il se coucha pour se reposer.
Le berger se coucha pour se reposer.
Dumuzi se coucher pour se reposer.
Pendant qu’il était couché sur les bourgeons et les joncs,
Il fit un rêve.
Il s’éveilla de son rêve.
Il trembla de sa vision.
Il se frotta les yeux, terrifié.
Dumuzi appela :
« Emmenez… emmenez-la… emmenez ma sœur.
Emmenez-moi ma Geshtinanna, ma petite sœur,
Ma scribe qui connaît les tablettes,
Ma chanteuse qui connaît plusieurs chansons,
Ma sœur qui connaît la signification des mots,
Ma femme sage qui connaît la signification des rêves.
Je dois lui parler.
Je dois lui raconter mon rêve ».
Dumuzi parla à Geshtinanna, disant :
« Un rêve! Ma sœur, écoute mon rêve :
Des joncs s’élèvent tout autour de moi; des joncs croissent épais tout autour de moi.
Un seul roseau grandissant tremble pour moi.
Un roseau double, le premier, puis l’autre, est retiré.
Dans un bosquet boisé, la terreur des hauts arbres s’élève près de moi.
L’eau est versée sur mon foyer sacré.
Le bas de mes barattes s’égoutte.
Ma coupe à boire tombe de sa cheville.
Ma houlette de berger a disparu.
Un aigle emporte une brebis de la bergerie.
Un faucon attrape un moineau sur la clôture de roseau.
Ma sœur, tes chèvres traînent leurs barbes de lapis dans la poussière.
Tes moutons grattent la terre les pattes pliées.
La baratte repose silencieuse; aucun lait n’est versé.
La coupe repose brisée; Dumuzi n’est plus.
La bergerie est donnée aux vents ».
Geshtinanna dit :
« Mon frère, ne me raconte pas ton rêve.
Dumuzi, ne me raconte pas un tel rêve.
Les joncs s’élèveront autour de toi.
Les joncs qui croîtront épais autour de toi,
Sont tes démons, qui te poursuivent et t’attaquent.
Le seul roseau croissant qui tremble pour toi,
Est notre mère, qui pleurera pour toi.
Le roseau double, le premier, puis le deuxième est retiré,
C’est toi et moi, le premier, puis le second, qui sommes emportés.
Dans le bosquet boisé, la terreur des hauts arbres qui s’élèvent près de toi,
Sont les galla, ils viendront pour toi dans la bergerie.
Quand le feu sera éteint dans son foyer sacré,
La bergerie deviendra une demeure de désolation.
Quand le bas de tes barattes s’égoutte,
C’est que tu es détenu par les galla.
Quand ta coupe à boire tombe de sa cheville,
Tu tomberas sur la terre, sur les genoux de ta mère.
Quand ta houlette de berger disparaît,
Les galla flétriront tout.
L’aigle qui saisit la brebis dans la bergerie
Est le galla qui griffera tes joues.
Le faucon qui attrape un moineau sur la clôture de roseau
Est le galla qui grimpera sur la clôture pour t’emporter.
Dumuzi, mes chèvres traînent leurs barbes de lapis dans la poussière.
Mes cheveux tourbillonneront vers le ciel pour toi.
Mes moutons grattent la terre les pattes pliées
Ô Dumuzi, je me grifferai les joues dans ma douleur pour toi.
La baratte repose silencieuse, aucun lait n’est versé.
La coupe repose brisée; Dumuzi n’est plus.
La bergerie est donnée aux vents ».
À peine avait-elle prononcé ces paroles
Lorsque Dumuzi pleura :
« Ma sœur! Vite, vas sur la colline!
Ne vas pas avec des pas nobles et lents.
Sœur, cours!
Les galla, haïs et craints de mes hommes,
S’en viennent en bateaux.
Ils apportent le bois pour lier les mains.
Ils apportent le bois pour lier le cou.
Sœur, cours! »
Geshtinanna alla sur la colline.
L’ami de Dumuzi alla avec elle.
Dumuzi pleura :
« Les voyez-vous? »
L’ami cria :
« Ils s’en viennent;
Les larges galla qui apportent le bois pour lier le cou,
Ils s’en viennent pour toi ».
Geshtinanna pleura :
« Vite, frère!
Cache ta tête dans l’herbe.
Les démons s’en viennent pour toi ».
Dumuzi dit :
« Ma sœur, ne dis à personne où je me cache.
Mon ami, ne dit à personne où je me cache.
Je me cacherai dans l’herbe.
Je me cacherai parmi les petites plantes.
Je me cacherai parmi les grandes plantes.
Je me cacherai dans les fossés d’Arali ».
Geshtinanna et l’ami de Dumuzi répondirent :
« Dumuzi, si nous révélons l’endroit où tu es caché,
Que les chiens nous dévorent,
Les chiens noirs de ta bergerie,
Les chiens royaux du roi,
Que tes chiens nous dévorent! »
Un petit galla dit à un grand galla :
« Toi galla, qui n’a ni mère, ni père,
Ni sœur, ni frère, ni épouse, ni enfant
Toi qui voles au-dessus des cieux et de la terre comme des gardiens,
Qui s’accroche au flanc d’un homme,
Qui ne montre aucune grâce,
Qui ne reconnaît pas le bien du mal,
Dis-nous,
Qui a jamais vu l’âme d’un homme effrayé vivre en paix?
Ne cherchons pas Dumuzi dans la maison de son ami.
Ne cherchons pas Dumuzi dans la maison de son beau-frère.
Cherchons Dumuzi dans la maison de sa sœur, Geshtinanna ».
Les galla tapèrent dans leurs mains joyeusement.
Ils allèrent chercher Dumuzi.
Ils vinrent à la maison de Geshtinanna. Ils crièrent :
« Montre-nous où se trouve ton frère! »
Geshtinanna ne parla pas.
Ils lui offrirent le cadeau de l’eau.
Elle le refusa.
Ils lui offrirent le cadeau du grain.
Elle le refusa.
Le Ciel se rapprocha.
La Terre se rapprocha.
Geshtinanna ne parla pas.
Ils déchirèrent ses vêtements.
Ils versèrent de la poix dans sa vulve.
Geshtinanna ne parla pas.
Le petit galla dit au grand galla :
Qui, depuis le début des temps,
A déjà vu une sœur révéler où se trouvait la cachette de son frère?
Viens, cherchons Dumuzi dans la maison de son ami ».
Les galla allèrent vers l’ami de Dumuzi.
Ils lui offrirent le cadeau de l’eau.
Il l’accepta.
Ils lui offrirent le cadeau du grain.
Il l’accepta.
Il dit :
« Dumuzi se cache dans l’herbe,
Mais je ne sais pas à quel endroit ».
Les galla cherchèrent Dumuzi dans l’herbe.
Mais ils ne trouvèrent pas.
L’ami dit :
« Dumuzi se cache parmi les petites plantes.
Mais je ne sais pas à quel endroit ».
Les galla cherchèrent Dumuzi parmi les petites plantes.
Ils ne le trouvèrent pas.
L’ami dit :
« Dumuzi se cache parmi les grandes plantes.
Mais je ne sais pas à quel endroit ».
Les galla cherchèrent Dumuzi parmi les grandes plantes.
Ils ne le trouvèrent pas.
L’ami dit :
« Dumuzi se cache dans les fossés d’Arali.
Dumuzi est tombé dans les fossés d’Arali. »
Dans les fossés d’Arali, les galla attrapèrent Dumuzi.
Dumuzi devint pâle et pleura.
Il dit :
« Ma sœur sauva ma vie.
Mon ami causa ma mort.
Si les enfants de ma sœur errent dans la rue,
Qu’ils soient protégés, qu’ils soient bénis.
Si les enfants de mon ami errent dans la rue,
Qu’ils soient perdus, qu’ils soient maudits ».
Les galla entourèrent Dumuzi.
Ils attachèrent ses mains, ils lièrent son cou.
Ils battirent l’époux d’Inanna.
Dumuzi éleva ses mains vers les cieux, vers Utu, le Dieu de la Justice, et pleura :
« Ô Utu, tu es mon beau-frère,
Je suis l’époux de ta sœur.
Je suis celui qui transporta la nourriture vers le sanctuaire sacré.
Je suis celui qui apporta les cadeaux nuptiaux à Uruk.
J’ai embrassé les saintes lèvres,
J’ai dansé sur les genoux sacrés, les genoux d’Inanna.
Change mes mains en celles d’une gazelle.
Change mes pieds en ceux d’une gazelle.
Laisse-moi échapper aux démons,
Laisse-moi fuir à Kubiresh! »
Le miséricordieux Utu accepta les larmes de Dumuzi.
Il changea ses mains en celles d’une gazelle.
Il changea ses pieds en celles d’une gazelle.
Dumuzi échappa à ses démons.
Il prit la fuite à Kubiresh.
Les galla dirent :
« Allons à Kubiresh! »
Les galla arrivèrent à Kubiresh.
Dumuzi échappa à ses démons.
Il prit la fuite vers la Vieille Belili.
Les galla dirent :
« Allons chez la Vieille Belili! »
Dumuzi entra dans la maison de la Vieille Belili. Il lui dit :
« Vieille femme. Je ne suis pas un simple mortel.
Je suis l’époux de la déesse Inanna.
Verse de moi de l’eau à boire.
Saupoudre de la farine pour que je puisse manger ».
Après que la vieille femme lui ait versé de l’eau
Et lui ai saupoudré de la farine pour que Dumuzi puisse manger,
Elle quitta la maison.
Les galla la virent s’en aller, ils entrèrent dans la maison.
Dumuzi s’échappa de ses démons.
Il prit la fuite vers la bergerie de sa sœur, Geshtinanna.
Quand Geshtinanna trouva Dumuzi dans sa bergerie, elle pleura.
Elle porta sa bouche vers le ciel.
Elle porta sa bouche vers la terre.
Son pleur couvrit l’horizon comme un habit.
Elle griffa ses yeux.
Elle griffa sa bouche.
Elle griffa ses cuisses.
Les galla escaladèrent la clôture de roseau.
Le premier galla frappa Dumuzi à la joue avec son ongle perçant,
Le deuxième galla frappa Dumuzi à son autre joue avec la houlette du berger,
Le troisième galla brisa le fond de la baratte,
Le quatrième galla fit tomber la coupe à boire de sa cheville,
Le cinquième galla brisa la baratte,
Le sixième galla brisa la coupe,
Le septième galla cria :
« Debout, Dumuzi!
Époux d’Inanna, fils de Sirtur, frère de Geshtinanna!
Relève-toi de ton faux sommeil!
Tes brebis sont saisies! Tes agneaux sont saisis!
Tes chèvres sont saisies! Tes enfants sont saisis!
Retire la couronne sacrée de ta tête!
Retire tes me-parures de ton corps!
Laisse ton sceptre royal tomber sur le sol!
Retire tes saintes sandales de tes pieds!
Nu, tu viens avec nous! »
Les galla saisirent Dumuzi.
Ils l’entourèrent.
Ils lièrent ses mains. Ils lièrent son cou.
La baratte était silencieuse. Aucun lait n’était versé.
La coupe était brisée. Dumuzi n’était plus.
La bergerie fut donnée aux vents.
*.*.*.*.*.*.*.*.*.*.*.*.*.*.*.*
Le retour
Une lamentation s’éleva dans la cité :
« Ma Dame pleure amèrement pour son jeune époux.
Inanna pleure amèrement pour son jeune époux.
Malheur pour son époux! Malheur pour son jeune amour!
Malheur pour sa maison! Malheur pour sa cité!
Dumuzi fut tenu captif à Uruk.
Il ne se baignera plus à Eridu.
Il ne se savonnera plus lui-même dans le sanctuaire sacré.
Il ne traitera plus la mère d’Inanna comme la sienne.
Il ne s’affairera plus à sa douce tâche
Parmi les jeunes filles de la cité.
Il ne fera plus compétition contre les jeunes hommes de la cité.
Il ne lèvera plus son épée plus haute que les prêtres de la kurgarra.
Grandes est la peine de ceux qui pleurent pour Dumuzi. »
Inanna pleura pour Dumuzi :
« Mon époux s’en est allé, mon doux époux.
Mon amour s’en est allé, mon doux amour.
Mon bien-aimé a été amené loin de la cité.
Ô, vous, mouches de la steppe,
Mon bien-aimé époux m’a été enlevé
Avant que je ne puisse l’envelopper d’un linceul approprié.
Le taureau sauvage ne vit plus.
Le berger, le taureau sauvage ne vit plus.
Dumuzi, le taureau sauvage, ne vit plus.
Je demande aux collines et aux vallées :
Où est mon époux?
Je leur dis :
Je ne peux plus lui apporter de nourriture.
Je ne peux plus lui servir à boire.
Le chacal repose dans son lit.
Le corbeau demeure dans sa bergerie.
Et son pipeau?
Le vent doit en jouer pour lui.
Et ses douces chansons?
Le vent doit les chanter pour lui ».
Sirtur, la mère de Dumuzi, pleura pour son fils :
« Mon cœur joue du pipeau de la tristesse.
Autrefois mon garçon allait si librement à travers la steppe,
Maintenant, il est captif.
Autrefois Dumuzi allait si librement à travers la steppe,
Maintenant, il est lié.
La brebis abandonne son agneau.
La chèvre abandonne son enfant.
Mon cœur joue du pipeau de la tristesse.
Ô steppe perfide!
À l’endroit où il a autrefois dit
« Ma mère me demandera »,
Maintenant il ne peut plus bouger ses mains.
Il ne peut plus bouger ses pieds.
Mon cœur joue du pipeau de la tristesse.
J’irai à lui,
J’irai voir mon enfant ».
La mère marcha vers l’endroit désolé.
Sirtur marcha vers l’endroit où Dumuzi reposait.
Elle regarda le taureau sauvage massacré.
Elle regarda son visage. Elle dit :
« Mon enfant, ce visage est tien.
L’esprit a fui ».
Il y a de la tristesse dans la maison.
Il y a de la peine dans les chambres intérieures.
La sœur erra à travers la cité, pleurant pour son frère.
Geshtinanna erra à travers la cité, pleurant pour Dumuzi.
« Ô mon frère! Qui est ta sœur?
Je suis ta sœur.
Ô Dumuzi! Qui est ta mère?
Je suis ta mère.
Le jour qui se lève pour toi se lèvera également pour moi.
Le jour que tu verras, je le verrai aussi.
Je trouverai mon frère! Je le réconforterai!
Je partagerai son destin! »
Lorsqu’elle vit le chagrin de la sœur,
Lorsqu’Inanna vit le chagrin de Geshtinanna,
Elle lui dit gentiment :
« La maison de ton frère n’est plus.
Dumuzi a été emporté par les galla.
Je t’emmènerais à lui,
Mais je ne connais pas l’endroit ».
Puis une mouche apparut.
La mouche sacrée fit des cercles dans l’air au-dessus de la tête d’Inanna et dit :
« Si je vous dis où se trouve Dumuzi,
Que me donneras-tu? »
Inanna dit :
« Si tu me dis,
Je te laisserai fréquenter les maisons de bière et les tavernes.
Je te laisserai passer dans les conversations des sages.
Je te laisserai passer dans les chansons des ménestrels ».
La mouche parla :
« Levez les yeux vers les bords de la steppe,
Levez les yeux vers Arali.
Là vous trouverez le frère de Geshtinanna,
Là vous trouverez le berger Dumuzi ».
Inanna et Geshtinanna allèrent aux bords de la steppe.
Elles trouvèrent Dumuzi qui pleurait.
Inanna prit Dumuzi par la main et dit :
« Tu iras au monde d’en bas
Une demi-année.
Ta sœur, puisqu’elle l’a demandé,
Ira l’autre moitié.
Le jour où tu seras appelé,
Ce jour tu seras amené.
Le jour où Geshtinanna sera appelée,
Ce jour tu seras libéré ».
Inanna plaça Dumuzi dans les mains de l’éternel.
Sainte Ereshkigal! Grande est ta renommée!
Sainte Ereshkigal! Je chante tes louanges!